Droits carbone individuels et surveillance de masse

mardi 5 octobre 2021, par Karel Vereycken

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Nous le dénonçons depuis longtemps : le catastrophisme climatique alimente une véritable guerre psychologique. Une guerre contre les populations, qui vise à leur faire accepter la destruction de leur niveau de vie comme quelque chose de nécessaire pour « sauver la planète », et éviter ainsi qu’elles ne se lèvent contre la dictature des Banques centrales, du FMI, de Wall Street et de la City de Londres, et leur dogme ultra-libéral.

Ce qui est certain, c’est qu’il en faudra encore beaucoup, de l’hystérie climatique, pour faire accepter le système de « quotas carbones individuels », pondu par quelques génies de la finance verte et biberonnés au malthusianisme et à la loi des marchés.

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Une équipe de chercheurs, dans un article publié le 16 août 2021 dans Nature, « la » publication scientifique britannique de référence et à comité de lecture, vient de remettre sur la table le débat sur les « quotas de carbone individuels » (en anglais Personal Carbon Allowances ou PCA).

Puisque les accords de Paris sur le climat et toutes les mises en garde ont échoué à maintenir la température mondiale suffisamment bas, disent les auteurs, « l’introduction de quotas de carbone individuels, une proposition de politique d’atténuation élaborée dans les années 1990, nécessite d’être réexaminée ».

Pire encore, « les progrès récents de l’IA au service du développement durable », ainsi que la nécessité d’une reprise économique post-Covid à faible émission de carbone, « ouvrent une nouvelle fenêtre d’opportunité pour l’adoption d’une telle politique ».

Flicage et rationnement des individus

Concrètement, il s’agit de « lier l’action personnelle aux objectifs mondiaux de réduction du carbone. Dans le cadre d’un tel système, tous les adultes recevraient un quota de carbone égal et négociable qui diminuerait au fil du temps en fonction des objectifs nationaux. Dans sa conception initiale, le quota pourrait couvrir environ 40 % des émissions de carbone liées à l’énergie dans les pays à haut revenu, ce qui englobe les émissions de carbone des individus liées aux transports, au chauffage domestique, au chauffage de l’eau et à l’électricité. Il était prévu que les quotas soient déduits du budget personnel lors de chaque paiement de carburant pour les transports, de combustibles pour le chauffage domestique et de factures d’électricité ».

Cela fera monter la pression sur chaque individu, car « les personnes en situation de pénurie seraient en mesure d’acheter des unités supplémentaires sur le marché personnel du carbone auprès de ceux qui ont un excédent à vendre. De nouvelles propositions de PCA, plus ambitieuses, incluent les émissions à l’échelle de l’économie, englobant les émissions de carbone liées à l’alimentation, aux services et à la consommation, par exemple. »

Les PCA à l’étude dans plusieurs pays

Cela ressemble à de la science-fiction ? Pas vraiment : le Royaume-Uni, l’Irlande, les Pays-Bas, les États-Unis et la France envisagent diverses options de PCA obligatoires ou de systèmes personnels d’échange de carbone.

  • En Irlande, des certificats de plafonnement et de partage ont été proposés, « donnant à tous les adultes des certificats d’émission pour une part égale des émissions nationales ». Il a été proposé que ces certificats « soient vendus par les particuliers, via les banques et les bureaux de poste, aux fournisseurs de combustibles fossiles ».
  • En Californie, l’échange de droits d’émission de carbone par les ménages a été proposé « pour l’énergie domestique, et géré par les services publics ».
  • En France, des permis de carbone négociables pour les transports, gérés de manière centralisée, ont été évalués « en rapport avec les transports privés ».

L’article précise : « En outre, des quotas de consommation négociables ont été proposés pour couvrir toutes les émissions de consommation liées aux processus de fabrication. Les modèles obligatoires à l’échelle nationale décrits ci-dessus sont complétés par des systèmes volontaires, dont certains ont été testés dans plusieurs endroits. »

Bien sûr, l’horrible vérité, c’est qu’une telle politique implique la mise en place d’une dictature numérique et d’un État de surveillance mondiale. Ne laissons pas ces braves écolos s’occuper de notre avenir : rejoignez notre bataille pour libérer notre pays de l’oligarchie financière ! Contactez-nous au 01 76 69 14 50 ou à contact@solidariteetprogres.org .

Sauver le climat grâce à la surveillance de masse ?

Source : Socialter

Dans son entretien avec Socialter (N°35), Mathilde Szuba, membre de l’Institut Momentum et maître de conférence à Sciences Po Lille, affirme que la carte carbone est une alternative à la taxe carbone. Cette piste lui semble socialement plus juste et plus efficace, à même de respecter l’engagement de la France de réduire de 75% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050.

Extrait :


Qu’est-ce que la carte carbone ?

Au départ, c’était un projet britannique. Il n’a pas été mené à terme, mais reste une piste intéressante pour répartir équitablement les efforts en matière de climat. La carte carbone consisterait à attribuer des quotas de carbone individuels, c’est-à-dire le droit d’émettre une quantité définie de gaz à effet de serre pour l’année. Elle viserait la réduction de la consommation d’énergie liée au logement (le gaz, le fioul, l’électricité) et au transport (essence et billets d’avion).

Quelle forme prendrait-elle ?

La carte carbone pourrait prendre la forme d’une carte à puce avec un système de points représentant les unités de carbone auxquelles vous avez droit. Par exemple, si vous achetez de l’essence à une station service, vous allez à la fois payer le prix économique de l’essence (en euros) et son coût carbone (en points déduits de votre carte), qui correspond aux dégâts climatiques occasionnés par la consommation de cette énergie.

Quelle architecture institutionnelle serait mise en place ?

L’État devrait créer l’Autorité Carbone, une autorité administrative indépendante composée d’experts du climat. Sa mission principale serait de définir le budget carbone national, c’est-à-dire la quantité totale d’émissions autorisée annuellement pour toute la population du pays. Cette quantité serait définie en fonction des engagements signés par la France et des avis des climatologues. Puis, pour calculer la part de carbone annuelle allouée à chaque individu, ce budget carbone national serait divisé en autant de parts qu’il y a de résidents en France. Et cette part diminuerait au fil des années.

La carte carbone serait-elle une simple transposition à échelle individuelle des quotas de carbone européens issus des accords de Kyoto de 1995 ?

Il y a quelques points communs, mais surtout des différences. La carte carbone mettrait en place une bourse d’échange de quotas, comme dans le système européen. Les individus à qui il resterait des points carbone pourraient les vendre à ceux qui voudraient dépasser leur quota alloué. Néanmoins, il ne serait pas autorisé de mettre des quotas de carbone supplémentaires en circulation : le budget carbone national resterait fixe. C’est une différence essentielle avec le système européen qui est connu pour ses nombreuses échappatoires, et qui n’est donc pas très contraignant pour les industries.

La carte carbone est-elle plus vertueuse qu’une taxe carbone ?

Les taxes carbone cherchent à augmenter le prix de l’énergie pour « désinciter » les consommateurs. Mais cela se révèle généralement inefficace et socialement injuste, puisque les taxes ne sont pas proportionnelles aux revenus, et vont donc toucher plus durement les plus démunis, tout en restant indolores pour les plus riches. La carte carbone, au contraire, garantirait une limitation de la quantité d’émissions de carbone et permettrait de partager plus équitablement les efforts de sobriété : chaque individu aurait droit à la même quantité d’émissions de gaz à effet de serre.

Vous dites que les plus pauvres seront les principaux gagnants de ce système, pourquoi ?

La bourse d’échange de carbone ouvre une possibilité de redistribution des plus riches vers les plus pauvres. Une étude de l’Insee montre que les émissions de gaz à effet de serre augmentent en fonction du revenu – et c’est d’autant plus net quand on regarde les émissions liées à l’avion : en France comme ailleurs, ce sont les plus riches qui le prennent. Dans les premiers temps, l’allocation individuelle de carbone pour l’année serait très proche de la consommation moyenne actuelle dans notre société. Par conséquent, le quota alloué excéderait la consommation des personnes plus défavorisées. Si elles mettaient en vente leurs unités non-utilisées, comme le système le permettrait, on verrait s’opérer une redistribution économique des plus riches vers les plus pauvres. À plus long terme, au-delà de cette redistribution, la carte carbone devrait aussi se traduire par une réduction significative des écarts d’émissions existant actuellement entre les catégories sociales.

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