11 septembre 2001 : la note déclassifiée du FBI accuse l’Arabie saoudite

jeudi 16 septembre 2021

Chronique stratégique du 16 septembre 2021 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Samedi 11 septembre, le gouvernement américain a déclassifié une note du FBI de 16 pages, issue des enquêtes sur les attentats de 2001, qui renforce les soupçons de l’implication de l’Arabie saoudite. En dépit des tentatives des médias d’en minimiser l’impact, ces révélations font l’effet d’une bombe, car elles indiquent que désormais Riyad ne pourra plus bénéficier de la couverture de son parrain américain, et que l’omerta qui a entouré les attentats depuis vingt ans est en train de tomber.

Samedi à minuit, le FBI a rendu public un rapport lié à son enquête sur la complicité du gouvernement saoudien avec les terroristes du 11 septembre 2001. Cette déclassification fait suite au décret du 3 septembre du président Joe Biden, ordonnant la publication des éléments du dossier classés jusqu’ici « secret défense », comme nous l’avons rapporté dans notre chronique du 7 septembre.

L’Arabie saoudite, ou le nez au milieu de la figure

Le rapport du FBI en question, daté du 4 avril 2016, fait référence à l’opération « Encore », une enquête sur les personnalités saoudiennes entretenant des liens étroits avec plusieurs des auteurs des attaques. Il mentionne l’existence d’Omar Al-Bayoumi, un employé « fantôme » d’une entreprise d’aviation saoudienne basée à Jeddah, que l’agence fédérale américaine identifiait comme un agent du gouvernement saoudien. Il est notamment évoqué une rencontre, en février 2000 à San Diego, entre Al-Bayoumi et Khalid Al-Mihdhar et Nawaf Al-Hazmi, deux des futurs pirates de l’air.

Selon le FBI, Al-Bayoumi occupait « un rang très élevé » au consulat saoudien. Il se trouvait d’ailleurs au consulat de Los Angeles juste avant sa rencontre avec les deux terroristes. « L’aide d’Al-Bayoumi à Al-Hamzi et Al-Mihdhar comprenait des traductions, des voyages, du logement et du financement », peut-on lire dans le rapport. De plus, ces aides coïncident avec des transactions « inhabituelles » sur les comptes en banque de l’agent saoudien. Le répertoire de son téléphone, qui a été inspecté lors de sa détention au Royaume-Uni suite au 11 septembre 2001, contenait le numéro de Shaykh Al-Khudayr, connu comme le conseiller spirituel de l’un des principaux lieutenants de Ben Laden.

Le président George W. Bush et l’ambassadeur saoudien Bandar bin Sultan, en 2002.

Par ailleurs, il apparaît qu’Al-Bayoumi était en « contact quasi quotidien » avec Osama Bassnan, un autre agent saoudien présumé. En 1992, ce dernier avait organisé à son domicile de Washington une fête en l’honneur du cerveau de l’attentat de 1993 contre le World Trade Center, le « cheik aveugle » Omar Abdel-Rahman. Au cours des mois ayant précédé les attentats du 11 septembre, Bassnan et sa femme ont reçu plusieurs virements de la part de l’ambassadeur saoudien en poste à Washington, le sulfureux Prince Bandar bin Sultan, un ami intime du président Bush (voir photo ci-contre). Il est notable d’ailleurs que les médias, dans leur couverture des documents déclassifiés du FBI, aient pris soin d’éclipser ce nom.

Lever l’omerta

La plupart de ces éléments étaient déjà connus. Cependant, leur publication aujourd’hui, dans le contexte de la débâcle occidentale en Afghanistan et du 20e anniversaire des attentats terroristes, en fait potentiellement de la dynamite. En témoigne la tentative des médias mainstream de les minimiser, en affirmant que « le document ne fournit aucune preuve que le gouvernement saoudien était lié au projet du 11 septembre », comme le dit la BBC, ou encore la radio française RFI qui croit pouvoir affirmer que l’on n’y trouve pas « les preuves qu’espéraient les familles des victimes poursuivant l’Arabie saoudite en justice ».

C’est parler un peu trop vite. Car le communiqué de 9/11 Families United, l’association des familles des victimes des attentats du 11 septembre 2001, affirme justement :

Le rapport contient une foule de nouvelles révélations qui font l’effet d’une bombe. (…) L’éventail des contacts entre ces responsables du gouvernement saoudien, Al-Qaïda et les pirates de l’air est stupéfiant.

« Cette première publication de documents met fin à 20 ans d’efforts du gouvernement américain pour dissimuler le rôle de l’Arabie saoudite dans le 11 septembre », a déclaré quant à lui l’avocat new-yorkais James Kreindler, qui représente les familles. « Les conclusions de cette enquête du FBI valident les arguments que nous avons avancés dans le litige concernant la responsabilité du gouvernement saoudien dans les attaques. Ce document, ainsi que les preuves publiques recueillies à ce jour, fournit une vision claire sur la façon dont Al-Qaïda a opéré aux États-Unis avec le soutien actif et conscient du gouvernement saoudien ».

Pour Brett Eagleson, qui a perdu son père dans l’une des tours du World Trade Center, cette publication

marque le moment où les Saoudiens ne peuvent plus compter sur le gouvernement américain pour cacher la vérité sur le 11 septembre.

L’implication saoudienne étant devenue indéniable, la question se pose désormais : qui, au sein des institutions américaines, a permis qu’une telle omerta persiste pendant vingt ans ? Et surtout, pourquoi ? Et la question, posée dès le jour des attentats par l’homme politique américain Lyndon LaRouche [1], demeure toujours : y-a-t-il eu des complicités au sein de l’appareil d’état ?

11 septembre 2001 : Les chiens de garde de la pensée conformiste veillent

France info a diffusé le 9 septembre une émission intitulée « Complorama », accusant Lyndon LaRouche d’avoir inspiré les thèses conspirationnistes sur les attentats du 11 septembre, et Jacques Cheminade de les avoir introduit en France.

Lire la déclaration de Jacques Cheminade : « France info accuse Lyndon LaRouche de complotisme : pourquoi c’est déterminant aujourd’hui »


[1Au moment même où se produisaient les attentats du 11 septembre 2001, LaRouche était interviewé sur un programme radiodiffusé de Jack Stockwell depuis Salt Lake City. Lien YouTube : https://www.youtube.com/watch?v=sxpHZ_6ROTA&feature=emb_logo