Nourriture et nucléaire du futur : deux armes essentielles pour vaincre la pandémie

jeudi 20 mai 2021

Chronique stratégique du 20 mai 2021 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

A la veille du Sommet mondial sur la santé, qui se tiendra le 21 mai à Rome, l’Institut Schiller et le Comité pour la coïncidence des opposés ont lancé un appel en faveur d’un effort international pour construire des infrastructures modernes de santé dans chaque pays, impliquant le doublement de la production alimentaire mondiale et un programme nucléaire ambitieux.

La pandémie qui frappe l’humanité depuis plus d’un an a brutalement mis en lumière l’échec du modèle néolibéral, après cinquante ans de dérégulation financière, de privatisations et d’abandon de la politique d’aménagement du territoire. Mais, malgré les beaux discours sur le « monde d’après », rien n’a été fait pour changer ce paradigme. Pire, ce sont avant tout les grands sorciers financiers de Davos, avec leur « grande réinitialisation » (Great Reset) qui veulent saisir l’occasion pour imposer leurs propres priorités.

Pourtant, le grand défi pour les nations industrialisées et en voie d’industrialisation est bien là : seule la construction dans chaque pays d’hôpitaux modernes et de systèmes de santé dotés d’un personnel qualifié permettra de répondre au besoin si urgent de préserver la vie humaine. Et seul un accord entre les nations les plus avancées technologiquement et les plus développées économiquement pourra lancer une telle mission mondiale, qui n’est pas moins ambitieuse qu’une mission Lune-Mars et impliquera nécessairement les mêmes effets bénéfiques des percées technologiques.

Le saut qualitatif du nucléaire

Pour donner quelques ordres de grandeur d’un tel défi, on estime de 10 MW de puissance électrique le besoin d’un complexe hospitalier de 1000 lits, en y incluant la production d’eau douce. Et, toujours au niveau des chiffres, satisfaire les besoins alimentaires du monde entier impliquerait le doublement de la production mondiale. « La nourriture est un médicament », aime à le répéter l’ancienne directrice générale américaine de la santé, le Dr Joycelyn Elders, responsable du Comité pour la coïncidence des opposés.

Comme les barrages à l’époque du New Deal de Franklin Roosevelt, c’est aujourd’hui l’énergie nucléaire qui représente le saut qualitatif capable de hisser l’ensemble de l’économie mondiale sur une « plate-forme infrastructurelle » plus productive. Pour cela, certains pensent aux avantages qu’apportent les petits réacteurs nucléaires modulaires.

Plusieurs pays y travaillent. Aux Etats-Unis, NuScale, la seule société dont le prototype a été approuvé par les autorités américaines de réglementation jusqu’à présent, se voit offrir la coopération en matière de production dont elle a besoin par la société canadienne Prodigy Clean Energy, tandis que d’autres sociétés et provinces canadiennes développent leurs propres projets de petits réacteurs modulaires (SMR).

Prodigy a l’intention de construire des centrales marines SMR dans des chantiers navals. De son côté, la société danoise Seaborg Technologies prévoit d’équiper des navires de petits réacteurs nucléaires, afin d’envoyer de l’électricité dans les pays en développement, et pense pouvoir commencer à fournir cette énergie d’ici 2025. Il s’agit d’un réacteur de 100 MW refroidi par des sels fondus. L’objectif de NuScale pour les modules de réacteur opérationnels de 60 MW est fixé à 2026.

De son côté, la Russie produit déjà des petits réacteurs nucléaires flottants. Et la Chine compte en construire une vingtaine. En France, après l’abandon du projet Flexblue, EDF peaufine Nuward, son propre projet de SMR.

Ce processus accélérera dès lors que les nations technologiquement avancées — la Chine, les États-Unis et la Russie en particulier — s’accorderont pour générer conjointement des crédits alloués à la construction des systèmes de santé modernes permettant de soigner les victimes de pandémies.

En finir avec l’utopie malthusienne

Le principal ennemi de cette perspective de développement mutuel de l’humanité est le nouveau malthusianisme, qui veut sacrifier la vie humaine à « la planète », et qui propage pour cela le mythe selon lequel la science et la technologie sont impuissantes et destructrices. La Harvard T.H. Chan School of Public Health a même affirmé, dans un article publié en 2019 par la revue The Lancet, qu’il ne fallait pas fournir de systèmes de santé modernes aux 5 milliards de personnes qui n’en ont pas aujourd’hui, parce que « si nous le faisons dans un modèle qui a été développé dans les pays riches, cela brisera le climat — et nous ne pouvons pas nous le permettre ».

Selon les défenseurs du « New Deal vert », nous n’avons pas le droit de doubler la production alimentaire mondiale pour faire face à l’insécurité alimentaire et à la famine généralisées — or la nourriture, c’est la santé.

Pourtant les évolutions du climat peuvent être bénéfiques ; le dégel du permafrost dans le grand nord, par exemple, va libérer de grands espaces aux cultures agricoles, aussi bien au Canada qu’en Russie. Pas de quoi perturber les logiciels malthusiens : comme l’affirme le groupe d’investisseurs FAIRR, « les évaluations du pétrole contenu dans le sol étaient erronées. C’est pourquoi nous allons nous retrouver à court. Il en va de même pour l’agriculture et l’élevage ».

Les mêmes pensent néanmoins que nous devrions fouiller la Terre pour trouver de vastes réserves, pour l’instant inconnues, de minéraux et de métaux rares et stratégiques, afin de construire des milliards de véhicules électriques totalement inutiles au cours des trois prochaines années — et ils appellent leurs stations de recharge des « infrastructures » !

Il est temps de remettre le New Deal vert à sa place – c’est-à-dire à la poubelle des utopies malthusiennes – et de construire une nouvelle plateforme d’infrastructure pour les populations du monde et les économies des nations.

Merci de signer notre appel en défense du nucléaire et d’EDF !

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