Construire une centrale nucléaire de poche, flottante et capable d’être installée partout où l’on a besoin d’électricité... Le pari paraît fou ! Il est pourtant en train de se réaliser.
En France, pays où l’on se plaît à répéter que l’énergie nucléaire est un atout stratégique majeur, l’information est presque passée inaperçue. Pourtant, depuis cet été, la Russie a relevé le défi de produire en série de petites centrales nucléaires sur barges flottantes.
Comme l’a fait savoir Vladimir Poutine à son homologue François Fillon, en visite à Sotchi en septembre, les compétences de la France en matière de gestion des déchets nucléaires intéressent les Russes, qui ont eux-mêmes un précieux savoir-faire sur les petits réacteurs, délaissés par Areva. Rosatom, l’établissement public russe du nucléaire, est demandeur depuis des mois d’un partenariat stratégique avec Areva qui se laisse désirer.
Au lieu d’innover et d’œuvrer pour un nucléaire « citoyen » et du futur (miniaturisation, fusion, réacteurs de génération IV, etc.), la France se cantonne une fois de plus à la position des Romains du Bas-Empire : frileux, on s’efforce d’être « les meilleurs » dans ce qui existe déjà.
Ainsi, en concentrant sa stratégie industrielle presque exclusivement sur la vente de gros réacteurs « haut de gamme » du type EPR, la France risque de rater le grand rendez-vous, non seulement avec la renaissance mondiale du nucléaire en cours, mais avec le développement de l’humanité tout court.