L’urgence de conclure la paix au Yémen

mercredi 7 avril 2021, par Tribune Libre

Intervention de l’ingénieur Hiisham Sharaf, ministre des Affaires étrangères du Yémen, lors de la visioconférence de l’Institut Schiller des 20 et 21 mars 2020 sur le thème : « Deux mois après l’investiture de Biden, le monde à la croisée du chemin. »

Pour voir le programme complet et accéder aux liens vers les différents discours, cliquez ICI.

L’urgence de conclure une paix au Yémen

Hisham Sharaf, ministre des Affaires étrangères, Yémen.

Je saisis l’occasion qui m’est offerte pour transmettre mes meilleures salutations à ma bonne amie Madame Helga Zepp-LaRouche, présidente de l’Institut Schiller international.

En même temps, j’ai le plaisir de saluer depuis Sanaa tous les participants du monde à cette conférence qui se déroule dans un monde à la croisée des chemins. Votre conférence a lieu, en l’occurrence, peu avant le sixième anniversaire de l’agression contre notre pays, le 26 mars 2015.

Je tiens à vous préciser que ce jour-là, nous étions convaincus que l’agression serait terminée dès le moment qu’ils (c’est-à-dire les Saoudiens, les Emiratis et tous ceux qui se sont alliés à eux) se rendraient compte que le peuple de mon pays ne s’inclinerait pas devant un tel agresseur et ne céderait pas.

Aujourd’hui, on entend beaucoup parler de Marib : qu’est-ce qui se passe là-bas ? C’est une terre yéménite, c’est chez nous, c’est de là que viennent notre gaz et notre pétrole. Il n’est que légitime d’y exercer nos droits et de contrôler notre territoire. Nous n’empiétons sur aucun autre pays, et nous sommes libres de nous déplacer à l’intérieur de nos frontières. Ceci nous amène aussi aux difficultés que nous traversons : le coronavirus, la COVID-19. Nous avons fait de notre mieux pour faire face à ce problème, en dépit du fait que le monde ne nous a pas soutenus. Peut-être certains pays essaient-ils de nous aider, mais en raison du blocus, nous ne pouvons recevoir aucune aide. Nous faisons cependant tout ce que nous pouvons, avec un peu d’assistance de l’ONU, pour secourir notre population.

En ce qui concerne la conférence des donateurs du Yémen, comme on le sait, l’ONU avait organisé cette rencontre avec pour objectif de lever 3,7 milliards de dollars américains pour contribuer à soulager les souffrances de notre peuple, infligées par les Saoudiens et leurs alliés.

Mais en réalité, la politique domine tout. Pour des raisons politiques, nous n’avons obtenu qu’un peu plus de 1,65 milliard, ce qui n’est pas suffisant pour faire le nécessaire, mais c’est toujours ça. On fera ce qu’on pourra avec ce qu’on a en mains.

Nous nous efforçons de mettre fin à cette agression dès que possible, en appelant à la paix. Les Yéménites et le gouvernement de salut national appellent à la paix. Nous avons besoin de paix pour notre peuple ! Nous n’en avons pas besoin pour les parties ayant instigué le conflit, et nous ne sommes pas prêts à jouer les mandataires de quiconque, comme on nous le reproche parfois. Les Yéménites aiment la paix. Ils veulent vivre au sein de la communauté internationale, bâtir leur pays, développer leur peuple et gérer leurs propres problèmes. Espérons donc que nous pourrons sortir de cette agression, que le blocus sera levé, que l’aéroport de Sanaa sera rouvert et que nous pourrons accueillir chez nous un maximum de nos amis à travers le monde.

Pour ce qui est de la paix, ces jours-ci, il y a eu beaucoup d’entretiens à ce sujet. La nouvelle administration américaine vient de désigner un envoyé spécial sur le Yémen, du nom de Timothy Lenderking. Au Yémen, nous accueillons volontiers quiconque essaie de nous aider à aboutir à la paix. Cependant, il faut que le monde sache que nous voulons une paix réelle, durable et juste. Nous n’accepterons pas de paix dans les conditions dictées par les pays agresseurs, comme l’Arabie saoudite ou les Émirats, ou toute autre puissance. Par contre, nous soutenons l’envoyé de l’ONU et ferons de notre mieux pour travailler avec lui. Et, disons-le encore une fois, une paix légitime, juste et durable, pas une paix qui se conforme aux souhaits des agresseurs. Cela, nous ne l’accepterons en aucun cas, et nous sommes convaincus qu’en fin de compte, nous y arriverons.

Quant au Yémen, une fois l’agression finie, il sera reconstruit. Ceux qui ont détruit nos villes et tué notre peuple en paieront le prix, ils devront fournir les fonds nécessaires pour cela. Dans le cadre de l’Initiative une ceinture, une route, nous tenterons d’obtenir l’aide et la coopération des pays participant à cette Initiative et aux projets de la Route de la soie.

A l’intention des jeunes du monde entier, dans ce projet de Route de la soie, j’encourage tout le monde, de tout cœur, à faire de son mieux pour assurer le succès de la mise en œuvre de ce projet. Et lorsque les armes se seront tues, nous, au Yémen, apporterons un facteur et une contribution positive à ce projet.

Mes meilleures salutations, mes meilleurs vœux à tous nos amis, partout dans le monde, et paix pour le Yémen, paix pour le monde !

Merci.