71e anniversaire de la République Populaire de Chine : un bilan exceptionnel !

vendredi 2 octobre 2020, par Christine Bierre

En ce 71e anniversaire de la fondation de la RPC, le contraste entre ce que la Chine est devenue et la condition actuelle des pays occidentaux est saisissant ! Deux résultats à la mesure de deux modèles économiques que tout sépare, si l’on se base sur les 40 dernières années. D’un côté, une Chine dont la politique économique est pilotée par un État stratège qui, bien qu’imparfait, se soucie du bien commun et qui a connu une modernisation spectaculaire. De l’autre, une politique occidentale où les États, bien que se targuant de progressisme, n’interviennent plus dans l’économie, laissant aux seuls marchés le soin de la déterminer, ce qui se traduit par un appauvrissement généralisé de tous, sauf les plus riches. L’occasion pour nous de tirer les leçons, de revenir à nos traditions d’économie dirigée et d’établir une coopération gagnant-gagnant avec la Chine.

Le 22 septembre dernier, Covid-19 oblige, l’Ambassade de la République de Chine en France n’a pas organisé les festivités d’usage mais s’est contentée d’une conférence de presse de son ambassadeur, M. Lu Shaye, qui présenta les principaux accomplissements de son pays depuis cette date historique.

D’abord dans la lutte contre pauvreté extrême, qui mobilise actuellement toute la Chine. Depuis 2012, rapporta-t-il, « le nombre d’habitants vivant sous le seuil de la pauvreté est passé de 98,99 millions à 5,51 millions à la fin de l’année dernière ». Cette politique a permis « à plus de 16 millions d’habitants démunis d’avoir un accès assuré à l’eau potable, de rénover les maisons délabrées de plus de 7 millions de foyers ruraux et de reloger près de 10 millions d’habitants démunis pour les aider à sortir de la pauvreté ». « L’éradication de la pauvreté absolue en Chine et l’édification intégrale d’une société de moyenne aisance » restent le principal objectif du pays pour cette année.

M. Shaye revint également sur la victoire de son pays contre la Covid-19 et sur l’importante opération d’aide internationale menée par la Chine dans ce cadre, avec « l’attribution de 50 millions de dollars d’aide à l’OMS, l’envoi de 34 équipes d’experts médicaux dans 32 pays et la fourniture de 283 lots de fournitures anti-épidémiques à 150 pays et 4 organisations internationales. Nous avons également surmonté nos propres difficultés afin de pouvoir exporter 151,5 milliards de masques, 1,4 milliard de combinaisons de protection, 230 millions de lunettes de protection et 470 millions de kits de test vers les pays et régions qui en ont besoin, apportant ainsi un soutien de taille à la lutte mondiale contre la COVID-19. »

Si l’épidémie est loin d’être jugulée dans le monde, 9 vaccins sont en phase d’essais cliniques en Chine et 4 sont passés en phase III à l’étranger.

Dans ce contexte difficile, M. Shaye s’est félicité que la Chine soit le premier grand pays à avoir renoué avec la croissance depuis la fin du confinement. Au deuxième trimestre, elle a vu son économie progresser de 3,2 %, alors que l’économie française dévissait de 13,8 %, et l’américaine de 31,4 %. Les exportations chinoises en août ont augmenté de 11,6 % en glissement annuel.

Par ailleurs, la Chine poursuit inlassablement ses efforts dans l’innovation. Outre qu’elle se place dans le peloton de tête pour les dépôts de brevets et le nombre de chercheurs affectés à la R&D, elle a fait des percées spectaculaires dans le domaine spatial, le numérique et le transport ferroviaire.

Dans le spatial, elle a effectué « le plus grand nombre de lancements spatiaux au monde pendant deux années d’affilée. Avec le lancement réussi de sa première mission d’exploration martienne, la sonde Tianwen-1, la Chine a entamé son voyage de découverte de Mars. Le dernier satellite du système de navigation Beidou a été lancé avec succès.

La Chine est désormais l’un des quatre principaux fournisseurs du système mondial de navigation par satellite. Elle a construit le plus grand réseau haut débit mobile au monde et devrait déployer environ 500 000 stations de base 5G d’ici la fin de cette année.

La ville de Shenzhen, qui en abrite déjà plus de 46 000, est devenue la première ville 5G du monde. La longueur opérationnelle des chemins de fer chinois atteindra 146 000 kilomètres d’ici la fin de cette année, dont 39 000 kilomètres de lignes à grande vitesse, ce qui maintiendra la Chine en tête du peloton dans ce domaine. »

Une certaine « grande puissance »

M. Shaye profita de l’occasion pour décocher quelques flèches contre « une certaine grande puissance » (sans jamais en prononcer le nom), qui « va de plus en plus loin sur la voie de l’unilatéralisme, se retirant délibérément de traités et d’organisations internationales, portant des coups durs à l’ordre international centré sur les Nations unies. Certaines forces politiques extrêmes s’enferrent dans la mentalité de la guerre froide,ressuscitent le maccarthysme, sèment la discorde et tentent d’entraîner le monde dans l’abîme de la division et de l’affrontement. Certains pays cherchent à soulever un vent contre la mondialisation, érigeant des barrières protectionnistes et un rideau de fer numérique, et prônant le découplage forcé, ce qui affecte gravement la stabilité des chaînes industrielles et d’approvisionnement mondiales. »

Face à ces défis, insista M. Shaye, « le multilatéralisme est la seule option. »

En dépit de cette propagande, il n’en reste pas moins que la Chine demeure l’une des destinations préférées des investisseurs internationaux, confirma M. Shaye. « Au cours des huit premiers mois de cette année, 27 000 entreprises à capitaux étrangers ont été créées en Chine et les capitaux étrangers effectivement utilisés chez nous ont augmenté de 6,9 %. Selon certains sondages, 99,1 % des entreprises étrangères interrogées ont déclaré qu’elles continueraient à investir en Chine et à s’y développer, et 89 % des entreprises de l’Union européenne n’envisageraient pas de relocaliser leurs chaînes industrielles ailleurs. Schneider Electric a implanté ses deux centres de conception mondiaux à la ville de Xi’an et investi nouvellement dans la construction d’un parc pilote de fabrication intelligente Chine-France à Beijing. »

Droits de l’homme

Face aux questions harcelantes de certains journalistes sur les droits de l’homme, Lu Shaye répondit sans s’offusquer : « Nous disons souvent qu’en termes de droits de l’homme, la perfection n’existe pas ; on peut faire de mieux en mieux. C’est un processus de développement pour tous les pays. (…) Chaque pays a ses propres situations nationales. (…) Est-ce qu’on trouve ce genre de choses chez vous ? D’après moi, c’est sûr, ce genre de choses existe certainement chez vous, et souvent dix fois, cent fois plus fortes. »

« Si la Chine était telle que vous le décrivez, ajouta-t-il, comment expliquez-vous que chaque année, 200 millions de touristes chinois sortent du pays pour aller visiter des pays étrangers et reviennent en Chine ? S’il n’y avait pas de droits de l’homme en Chine, ils se sauveraient et trouveraient refuge dans les pays occidentaux. On parle toujours de la capacité de consommation des touristes chinois. Cela veut dire que les Chinois ont de l’argent. S’ils n’ont pas de droits de l’homme, comment ont-ils pu s’enrichir ? »

Relations d’amitié avec la France

La Chine apprécie la France. M. Shaye décrivit la relation sino-française comme « la plus stable parmi les relations entre la Chine et les pays occidentaux, ou parmi les relations entre deux grands pays. »

La coopération concerne « souvent des investissements gigantesques dans le nucléaire civil, l’aérospatial, l’aéronautique ». La construction de deux centrales nucléaires EPR en Chine donne « un exemple au monde », car cette nouvelle technologie nucléaire n’a pas encore été mise en service ailleurs. « Le fait qu’on ait réussi donnera confiance à d’autres pays », dit-il, ajoutant que cette coopération se poursuivrait dans le traitement des déchets des combustibles nucléaires et dans de nouveaux domaines tels que la ville intelligente, les véhicules électriques ou à hydrogène, ainsi que l’agro-alimentaire.

« Tous les pays ont le droit d’assurer la souveraineté économique et l’autonomie stratégique. Nous sommes d’accord avec la France sur la nécessité de réfléchir à la souveraineté économique dans l’après-covid-19. Parce qu’on a déjà connu des problèmes pendant l’épidémie », a dit M. l’Ambassadeur, à condition que cela ne se traduise pas par une fermeture entre les économies.

Enfin, l’ambassadeur chinois revint sur l’impact « des pressions » qu’une certaine grande puissance exerce sur ses alliés en Europe contre la Chine. En France, elles se font sentir sur une opinion publique où l’impact des médias est fort, mais pas sur le gouvernement ou le peuple français. M. Shaye apprécie la province française : « Chaque fois que je vais dans les régions de France, je me sens très à l’aise parce que les populations sont très amicales, très simples. Peut-être ne connaissent-elles pas très bien la Chine, mais elles nourrissent un sentiment très sincère à son égard. Elles savent que la Chine est déjà la deuxième économie mondiale, que le peuple chinois est sympathique et amical, et que les touristes chinois leur apportent beaucoup d’opportunités économiques. »

Depuis quelques temps, l’Ambassadeur de Chine parcourt les provinces de notre pays pour faire connaissance avec la France de l’intérieur - la vraie France - et ses richesses culturelles, et promouvoir le tourisme avec la Chine.

Le 28 septembre, un colloque diffusé par visioconférence a eu lieu au Château du Rivau, un château de conte de fées dans le Val de Loire, sur le thème de la coopération Chine-Europe dans le domaine de la protection à l’environnement. Y ont participé outre M. Shaye, MM Hubert Védrine, ancien ministre, Pascal Boniface, Directeur de l’IRIS, Hervé Juvin, eurodéputé, Yann Wehrling du ministère des Affaires étrangères et de l’Europe, et Li Zhengqiang, de l’Académie chinoise des sciences (CAS)

Le 2 septembre il s’était rendu en Dordogne pour visiter le site de Lascaux 4, à Montignac.

La coopération sino-française, une coopération à défendre, au nom du multilatéralisme, mais aussi de la paix et du développement dans le monde.