Révolution de couleur et putsch militaire au menu des élections US ?

jeudi 24 septembre 2020

Chronique stratégique du 24 septembre 2020 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

La mise en garde du colonel Richard Black sur le danger de coup d’État militaire, à l’issue des élections du 3 novembre, a provoqué une onde de choc dans le monde entier. Retour sur le scénario envisagé par les réseaux Obama-Clinton, qui craignent de plus en plus une réélection de Trump, et veulent importer la « révolution de couleur » à Washington, amener plusieurs gouverneurs d’État à brandir la menace de sécession, et provoquer un putsch militaire.

La Constitution américaine en péril

Le cri d’alarme lancé le 5 septembre par le colonel Richard Black (cr), et que nous avons relayé dans notre chronique du 16 septembre, à propos du risque de coup d’État militaire contre Trump, trouve un écho grandissant dans le monde, de façon directe ou indirecte.

La vidéo de son intervention à la visioconférence de l’Institut Schiller a reçu près de 110 000 vues, et a été publiée sur de nombreux blogs, en version originale ou dans sa traduction espagnole, allemande et française. Richard Black a notamment accordé une interview à l’émission « Insight Vox », le 15 septembre, sur le média britannique en ligne UK Column, qui a été suivie par plus de 8000 personnes et a suscité des centaines de commentaires.

Le 10 septembre, Paul Craig Roberts, l’ancien sous-secrétaire au Trésor de Ronald Reagan, a publié une tribune intitulée « Il reste deux mois à la Constitution américaine », où il évoque la conversation en juin 2019 entre le général James Mattis, l’ancien chef du Pentagone de l’administration Trump, et le chef du Renseignement américain Dan Coats, qui envisageaient « une action collective » contre un président jugé « dangereux et inapte ».

Les généraux et la CIA disaient la même chose du président John F. Kennedy, écrit Roberts. (…) Kennedy et Trump ont tous deux voulu normaliser les relations avec la Russie et ramener à la maison les troupes américaines impliquées dans des opérations de guerre à l’étranger qui augmentent les profits des entreprises de l’armement. Pour stopper Kennedy, ils l’ont assassiné. Pour stopper Trump, ils ont concocté le « Russiagate », l’impeachment, et toute une série d’accusations brutales et sans fondement. Les médias répètent ces accusations comme si elles étaient la vérité absolue, alors qu’ils n’ont jamais enquêté sur une seule des fausses accusations.

Scénario « révolution de couleur »

Les différentes tentatives de déboulonner Trump de la Maison-Blanche, qui se sont pour l’instant toutes soldées par des échecs, ont pour but de créer un environnement social propice à une « révolution de couleur » – ces renversements de pouvoir orchestrés par la CIA, le National Endowment for Democracy (NED) et les réseaux de l’Open Society de George Soros, dans plusieurs pays d’Europe de l’Est. L’exemple le plus caractéristique étant celui de la révolution orange en Ukraine, la « révolution de Maïdan », où ils n’ont pas hésité à s’appuyer sur les milices paramilitaires néo-nazies pour faire tomber le gouvernement de Ianoukovytch. Aujourd’hui, ces faiseurs de démocratie envisagent d’appliquer leurs méthodes à domicile...

L’ancienne plume de Trump, Beatie Darren, interviewé le 16 septembre dans l’émission de Tucker Carlson sur Fox News, a justement affirmé que les mêmes réseaux promouvant les révolutions de couleur tournent désormais leur regard vers le président Trump : « Ce qui se déroule sous nos yeux est un genre très spécifique de coup d’État nommé ‘révolution de couleur’ ». Comme le site Internet Revolver l’explique, un groupe de Démocrates, proches du clan Obama-Clinton, et de Républicains anti-Trump, nostalgiques de l’époque Bush-Cheney, réunis dans le Transition Integrity Project (TIP), espèrent déclencher un scénario de révolution de couleur dans le cas d’une « élection contestée ». Parmi les fondateurs du TIP, l’on trouve John Podesta, l’ancien chef de campagne d’Hillary Clinton, ainsi que le professeur Rosa Brooks, une associée de longue date de l’Open Society de Soros.

Menace de sécession

Le scénario en question serait déclenché à partir d’une victoire de Joe Biden au vote populaire, contestée par Trump sur la base d’un plus grand nombre de « grands électeurs ». Plusieurs semaines de recompte des votes s’en suivraient, débouchant sur une étroite défaite de Biden. Comme le rapportait le 2 août le journaliste du New York Times Ben Smith, John Podesta, qui jouait le rôle de Biden dans la simulation, estime que le Parti démocrate ne devrait alors rien concéder, et convaincre les gouverneurs du Wisconsin et du Michigan d’envoyer des électeurs pro-Biden au Collège électoral, en contradiction avec le vote du 3 novembre. Puis, la Californie, l’Oregon et l’État de Washington menaceraient de faire sécession si Trump restait au pouvoir. La Chambre nommerait alors Biden président, tandis que le Sénat et la Maison-Blanche resteraient du côté de l’actuel président, créant les conditions propices pour l’intervention des militaires.

Voilà donc les Démocrates, que nos chers bien-pensants chérissent tant, qui envisagent ouvertement de provoquer une guerre civile et un putsch militaire aux États-Unis ! On comprend mieux ce qui a pu les pousser à soutenir les violentes émeutes urbaines cet été, y voyant des manifestations « pacifiques » pour les droits des minorités…

 Qu’ils en soient conscients ou pas, Podesta et les autres agissent dans une version moderne de 1860, sauf qu’ils jouent le rôle du Sud sécessionniste, écrit John Daniel Davidson dans The Federalist. En effet, bien avant qu’Abraham Lincoln ne remporte l’élection, même les leaders modérés ‘unionistes’ du Sud menaçaient de faire sécession si le vote n’allait pas dans leur sens.

Alors qu’à l’époque les États esclavagistes brandissaient le droit d’une minorité de casser le gouvernement, aujourd’hui « les Démocrates et les extrémistes menacent de mettre le pays sans dessus-dessous si Trump gagne en novembre, écrit Davidson. Pour les États esclavagistes, l’Union était conditionnelle, et aujourd’hui une réélection de Trump violerait leurs conditions ».

La situation est donc très grave, d’autant plus dans le contexte actuel de propagande virulente contre la Chine et la Russie. Soulignons toutefois que l’enjeu n’est pas d’être pour ou contre Trump. Car si Joe Biden est un désastre — outre le fait qu’il semble de plus en plus frappé de sénilité, il a surtout apporté son soutien à toutes les guerres menées par les États-Unis depuis celles des Balkans —, Donald Trump, qui vient d’avouer avoir planifié l’assassinat du président syrien Bachar al-Assad, est indéfendable.

Il s’agit plutôt de défendre la présidence américaine en tant qu’institution, en se battant pour qu’une éventuelle seconde administration Trump se débarrasse des éléments représentant le complexe militaro-financier de Wall Street et de la City de Londres, tel que Mike Pompeo, et pour que les chefs d’État américain, russe et chinois se rencontrent au sommet et amorcent une sortie de cette nouvelle guerre froide.

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