Vite un sommet du P5 de l’ONU pour stopper l’escalade !

mercredi 22 juillet 2020

Chronique stratégique du 22 juillet 2020 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Une véritable course contre la montre est en cours, avec d’un côté la dynamique belliqueuse entretenue par les milieux anglo-américains à l’encontre de la Russie et de la Chine, et de l’autre la dynamique de coopération internationale, représentée par la proposition de Vladimir Poutine de réunir les cinq membres permanents (P5) du Conseil de sécurité de l’ONU.

La situation stratégique internationale devient chaque jour plus périlleuse. Hystérisé par l’état de banqueroute générale du système financier néolibéral, le complexe militaro-financier anglo-américain alimente une fuite en avant dans une confrontation géopolitique Ouest-Est. Ces derniers jours, alors que la tenue du sommet P5 proposé par Poutine se précise, les faucons de guerre anti-chinois ont amplifié leur rhétorique.

Guerre froide réchauffée entre la Chine et les USA

Le degré actuel de frénésie paranoïaque dépasse sans doute de loin celui qui avait régné à l’époque de la chasse aux sorcières anti-communiste menée par le sénateur McCarthy. Plusieurs responsables de premier plan du gouvernement américain – le secrétaire d’État Mike Pompeo, le secrétaire à la Défense Marc Esper, le ministre de la Justice William Barr, le conseiller à la sécurité nationale Robert O’Brien et le président Trump lui-même – ont multiplié les accusations à l’encontre de la Russie et de la Chine, reprenant à leur compte les mensonges concoctés par les services secrets britanniques sur l’origine et l’extension de la pandémie de Covid-19.

Dans un discours prononcé à Grand Rapids, dans le Michigan, William Barr a décrit les Nouvelles Routes de la soie chinoise comme un « Blitzkrieg économique », en référence à la tactique d’agression militaire employée par l’Allemagne nazie. Il a accusé le Parti communiste chinois de « chercher à utiliser l’immense pouvoir, la productivité et l’ingéniosité du peuple chinois pour renverser le système international basé sur des règles [« Rules-based international order », toujours le mantra des Atlantistes] et pour orienter le monde vers la dictature ».

De son côté, lors de son déplacement à Paris la semaine dernière, Robert O’Brien a mis la pression sur les Français, les Italiens, les Britanniques et les Allemands pour les inciter à bloquer le développement de la 5G par Huawei. Le 14 juillet, le Premier ministre britannique Boris Johnson a lui-même cédé, annonçant sa décision d’interdire Huawei en Grande-Bretagne.

Chose notable cependant, reflétant le refus de la France et d’autres milieux américains, de se laisser intimider, au moment-même où O’Brien menait ses intrigues contre la Chine à Paris, se tenait le « 20e Dialogue stratégique franco-chinois », coprésidé par le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi et Emmanuel Bonne, le conseiller diplomatique de Macron. Le communiqué officiel chinois publié à cette occasion souligne la détermination des deux pays, en tant que membres du Conseil de sécurité des Nations unies, à renforcer leurs liens de coopération et à œuvrer en faveur de la stabilité dans le monde. Emmanuel Bonne a quant à lui précisé que la France est prête à élargir la coopération franco-chinoise dans des secteurs tels que l’énergie nucléaire civile, les maladies infectieuses et l’aéronautique.

Exposer le facteur britannique

Dans un article de Sputnik News répondant aux récentes accusations contre la Russie, proférées conjointement par le Canada, la Grande-Bretagne et les États-Unis, sur le soi-disant piratage de la recherche occidentale sur le vaccin contre la Covid-19, Tiberio Graziani, qui dirige le Vision & Global Trend, affirme que l’objectif est de saboter la tenue du sommet P5 initié par Poutine. « Je sens que ces allégations font partie d’un plan concerté pré-établi contre la Fédération de Russie plutôt que des déclarations circonstancielles destinées à défendre les intérêts nationaux américains et britanniques ».

Comme nous l’avons démontré sur ce site, ce sont les services britanniques, repris ensuite par les faucons américains, qui sont à l’origine de la quasi intégralité des accusations proférées à l’encontre de la Russie et de la Chine dans le cadre de la pandémie de Covid-19 – l’histoire du laboratoire P4 de Wuhan, le transport du virus par avion vers les pays occidentaux, etc. Ce sont les mêmes services qui ont fabriqué le « Russiagate » – la prétendue collusion entre Trump et Poutine lors de l’élection de 2016 – et qui avaient concocté le « sexy dossier » sur les armes de destruction massive irakienne pour le cabinet de Tony Blair. Sir Richard Dearlove, par exemple, chef du MI-6 à l’époque de Blair, mentor de Christopher Steele (l’auteur du dossier sur Trump et la Russie), et cofondateur de la Henry Jackson Society, joue un rôle emblématique de cette machine de propagande. L’objectif étant de préserver à tout prix la « relation spéciale » anglo-américaine, et à travers cela la domination de la City de Londres sur la finance mondiale.

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Covid-19 : « faire payer la Chine », c’est préparer la guerre

Le sommet P5 voulu par le président russe semble bien emmanché, et il aura probablement lieu lors de l’Assemblée générale des Nations unies, fin septembre. Mais le parti de la guerre fera tout son possible soit pour l’empêcher, soit pour le faire accoucher d’une souris – ce qui serait pire encore. C’est pourquoi nous concentrons les efforts de notre mouvement international sur le flanc faible de l’ennemi : le rôle britannique. Jeudi 23 juillet, l’Institut Schiller tient une conférence de presse, en direct sur Internet, en compagnie du lanceur d’alerte William Binney, ancien directeur technique de la NSA, afin de mettre en lumière d’une part le mensonge sur le « hacking » russe du Parti démocrate de 2016, et d’autre part l’implication des services secrets britanniques.

Il s’agit de provoquer une onde de choc dans l’opinion publique américaine, de façon à déminer le terrain dans une élection dominée, aussi bien du côté du candidat démocrate Joe Biden que de Donald Trump, par l’hystérie anti-chinoise.

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