Larcher et Fabius ont empêché Macron de reporter les Municipales

samedi 14 mars 2020, par Karel Vereycken

Le 11 mars, dans une déclaration publiée sur son site, suivie par une intervention vidéo précédant celle d’Emmanuel Macron, Jacques Cheminade a appelé au report des élections municipales :

« La santé publique doit passer avant toute autre considération. C’est pourquoi j’estime qu’il est aujourd’hui nécessaire et justifié de reporter les élections municipales à une date où elles pourront se tenir dans des conditions satisfaisantes. De toute évidence, leur maintien les 15 et 22 mars, alors que sévit l’épidémie de coronavirus, ne garantirait pas ces conditions. En raison d’une part des risques de contamination, comme dans toute autre manifestation publique, et d’autre part, parce que leur déroulement en serait nécessairement faussé à la fois à l’échelle régionale, la participation électorale variant suivant les centres de propagation de l’épidémie, et selon l’âge des électeurs, les plus âgés hésitant davantage à se rendre dans des lieux publics, compte-tenu du danger que constitue pour eux le coronavirus. Le principe d’égalité serait ainsi nécessairement violé. »

Comme le relate l’article de Cécile Cornudet publié sur le site du quotidien économique Les Echos, ce sage conseil a failli être suivi, si ce n’est à cause d’un refus farouche de plusieurs caciques de la classe politique.

Municipales : Larcher et Fabius en travers de Macron

Source : Cécile Cornudet, Les Echos, 12 mars 2020.

Par souci de cohérence avec ses mesures de confinement, Emmanuel Macron a souhaité reporter les élections municipales… Avant d’être contraint d’y renoncer.

C’est l’histoire folle des élections municipales 2020. Perturbées par l’arrivée du coronavirus , menacées d’une abstention record, reportées virtuellement le temps d’une journée, et finalement maintenues par le jeu des acteurs institutionnels. Emmanuel Macron s’est trouvé empêché par Gérard Larcher, président du Sénat, et Laurent Fabius, président du Conseil constitutionnel, de décaler le scrutin pour cause de mobilisation générale contre l’épidémie.

En milieu de journée, ce jeudi, l’exécutif, qui a écouté les scientifiques, change de doctrine. La France n’a pas dix jours de retard sur l’Italie ; elle n’en a que quatre ou cinq. Il faut donc frapper fort pour « protéger les personnes vulnérables et l’hôpital » et suivre l’Italie sur des mesures de confinement.

Mais peut-on dire aux enfants de rester chez eux et aux salariés d’opter pour le télétravail tout en accueillant les électeurs deux dimanches de suite dans des bureaux de vote ? Impossible, juge Emmanuel Macron, question de cohérence et d’efficacité. Il décide de reporter le scrutin pour circonstances exceptionnelles, avertit ses ministres, commence à consulter experts juridiques et politiques, et annonce sa décision aux scientifiques. Fin du premier acte. Il ne durera pas longtemps.

Trop tard ?

Très vite, la droite s’insurge, Gérard Larcher en tête, qui s’oppose au report des élections ; Christian Jacob et François Baroin en appui. Le Premier ministre, qui recevait les chefs de parti le matin pour parler municipales, n’a pas abordé le sujet avec eux, s’indignent-ils.

Ce serait un « déni de démocratie », une façon pour En Marche d’éviter une élection difficile, voire un « coup d’Etat » si l’article 16 de la Constitution, qui donne quasi les pleins pouvoirs au président de la République, était déclenché. Le monde politique est en ébullition, la pression monte.

En fin de journée, elle l’emporte. L’exécutif consulte le Conseil constitutionnel pour tester sa réaction en cas de recours contre sa décision… La réponse met fin à l’opération : la juridiction ne le suivra pas forcément, elle ne donne aucune garantie.

Emmanuel Macron revient au point de départ. Sans doute était-il trop tard pour tout chambouler au dernier moment, ou le président n’était-il pas suffisamment fort pour l’imposer. Fût-ce au nom de l’intérêt général. Le scrutin est maintenu. « Il est important dans ce moment d’assurer la continuité de la vie démocratique », affirme-t-il le soir à la télévision. Ce sont les scientifiques qui l’ont dit, assure-t-il.

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