Ecofascisme : comment l’oligarchie néo-libérale occidentale a engendré un monstre

lundi 26 août 2019

Chronique stratégique du 26 août 2019 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Les élites dominantes de la mondialisation financière apparaissent de plus en plus divisées par rapport à la dérive du système néolibéral, conscientes qu’elles ont créé un monstre risquant de se retourner contre elles. Ainsi, d’un côté, on permet à Dennis Meadows de prôner ouvertement une dictature verte dans les colonnes d’un journal « progressiste » comme Libération, et de l’autre, on est bien obligé de constater que les tueurs d’El Paso et de Christchurch ont agi au nom de préoccupations « environnementales ».

Verdissement des cerveaux

La manipulation des émotions est désormais pratiquée sans vergogne. Au point de transformer le G7 – qui aurait dû définir les principes d’un nouveau système financier mondial au service d’un avenir et d’une prospérité partagée – en une séance de psychose collective sur les incendies en Amazonie. Comme le dirait Greta Thunberg, plus besoin de chercher les causes scientifiques ; l’Homme est le responsable tout désigné, et il suffit de brandir partout les photos de la forêt en flammes pour culpabiliser ces millions de consommateurs qui ne veulent pas changer leurs modes de vie. Et peu importe que ces photos datent de plusieurs années, comme celle utilisée par Emmanuel Macron sur le compte Twitter officiel de l’Élysée, dont l’auteur est mort depuis 16 ans !

Les incendies en Amazonie ne datent pas d’hier (le JDD fait remarquer qu’ils étaient d’ailleurs plus nombreux en 2016 à la même période), et ils ont plus à voir avec une réforme agraire inachevée et des pratiques de déforestations qu’avec un prétendu « dérèglement climatique ». De plus, contrairement au mantra répété partout – y compris par Macron et le Pape —, la forêt amazonienne n’est pas le « poumon de notre planète », puisqu’elle consomme autant d’oxygène qu’elle n’en produit, à en croire une étude vraiment scientifique de 2015.

Quand l’opportunisme se mêle à l’idéologie, la science et la conscience passent à la trappe. Ainsi, après s’être écharpés durant la campagne des Européennes, les Verts d’EELV et la France Insoumise se font du pied à Toulouse ; Emmanuel Macron se met lui aussi au vert, il ose affirmer qu’il a « changé » en voyant les manifestations de jeunes contre le changement climatique, et tout le monde fait comme si son rejet soudain de l’accord de libre-échange avec le Mercosur n’avait rien à voir avec les dizaines de permanences de députés saccagées suite à la signature de l’accord sur le CETA ; enfin, Greta, en marionnette de l’oligarchie financière, joue un remake de Pinocchio en tombant en rade de vent au milieu de l’Atlantique – dans une traversée dont « l’empreinte carbone » s’avère plus importante qu’un simple vol, en raison du soutien logistique nécessaire à cette vaste opération de communication…

Docteur Frankenstein

Il y aurait de quoi en rire si le climat de culpabilisation et de peurs apocalyptiques, entretenu massivement par les médias depuis des années, n’avait pas créé une démoralisation de la jeunesse telle que le pire est à craindre. Le Parisien du 26 août s’inquiète de l’état de dépression qui s’installe partout : « La banquise qui fond, des barrières de corail qui meurent, les forêts de votre enfance qui se dépeuplent… On y pense, on y pense. Et l’on n’oublie pas tout à fait. À la fin, s’installe une sorte de blues vert. Et si l’on souffrait tous d’un trouble d’un nouveau genre, l’éco-anxiété ? »

Parmi certaines élites, notamment aux États-Unis et en Grande-Bretagne, on commence à prendre conscience du cocktail potentiellement dévastateur que représente cette psychose écolo au sein d’une jeunesse privée de tout espoir pour l’avenir.

Suite à la tuerie du 3 août dernier à El Paso, Le Guardian et le Washington Post ont publié les 16 et 18 août des articles montrant le point commun entre le tueur Patrick Crusius et Brenton Torrent, le terroriste de Christchurch qui a tué 51 personnes en mars en Nouvelle-Zélande : leur militantisme « écofasciste », motivé par une obsession pour la surpopulation et la dégradation de l’environnement.

Dans son « manifeste », publié quelques instants avant de passer à l’acte, Crusius écrit : « Toute ma vie je me suis préparé pour un futur qui n’existe pas vraiment ». Les deux quotidiens citent Betsy Hartmann, professeur émérite au Hampshire College traquant l’éco-fascisme depuis deux décennies, pour qui des personnes comme Crusius et Torrent « n’ont pas émergé avec leurs idéologies de haine à partir de rien ».

« L’écofascisme a de profondes racines, explique Hartmann. On en trouve des bases solides dans les théories nazies ‘du sang et du sol’, de la mère patrie et de la nécessité de purifier ‘l’espace vital’ des éléments étrangers et indésirables ». En effet, le national-socialisme allemand comportait une aile verte qui combinait un mysticisme de la nature avec un nationalisme xénophobe, et qui considérait l’homme comme une créature insignifiante soumise aux lois de la nature, c’est-à-dire à la loi du plus fort. Après tout, Hitler et Himmler étaient tous les deux de stricts végétariens et des amis des animaux…

Le Guardian rappelle ainsi que les environnementalistes du XIXe siècle étaient des eugénistes radicaux, évoquant notamment John Muir, le fondateur du Sierra Club et proche du président Theodore Roosevelt, et Madison Grant, qui « étaient aussi attachés à la pensée raciale qu’à la protection des grands séquoias de Californie », comme le dit Heidi Beirich, directeur de recherche au Southern Poverty Law Center.

Le journal londonien rappelle également que cette « eco-xénophobie » était réapparue dans les années 1970, lorsque le Club de Rome remis au goût du jour la thèse de Malthus et que la surpopulation et l’épuisement des ressources – associés à l’avènement de l’Anthropocène (l’ère de l’Homme) – furent désignés comme les principales menaces pour la planète. Plus tard, comme l’explique le quotidien, les écologistes de droite ont été rejoints dans les années 1980 et 1990 par les écologistes de gauche dans l’idée que les êtres humains n’étaient qu’une espèce parmi d’autres, et que cette espèce est envahissante et destructrice.

Et si dans les années 2000 de nombreux environnementalistes se sont démarqués des éco-fascistes, adoptant une approche plus globale et attachée à une « justice sociale et environnementaliste », ils ont gardé avec eux en commun le postulat réduisant la Terre à un système clos et l’être humain à un simple consommateur de ressources. Dès lors que l’on a accepté ce postulat, qui nie implicitement le fait que l’homme est capable de découvrir et même de créer de nouvelles ressources, le chemin est à parcourir vers le pire n’est pas long à parcourir…

De tout temps, le pessimisme concernant la nature humaine a engendré des monstres. À nous de le combattre en commençant par arrêter son promoteur en chef : le système financier criminel de Wall Street et de la City de Londres.

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