Alarmisme climatique : Réponse de François Gervais aux critiques

mercredi 10 avril 2019

François Gervais répond aux questions et aux critiques qui lui ont été adressées suite à sa conférence du 13 décembre 2018 « L’urgence climatique est un leurre » dans les locaux de Solidarité et Progrès.

Un document écrit, plus complet, est à retrouver ci-dessous.

François Gervais répond notamment aux deux youtubeurs qui ont réalisé des vidéos critiques de sa conférence :

Le Réveilleur : Partie 1 Partie 2

et Curieux 2 Savoir

FAITES UN DON A S&P POUR SOUTENIR LE DÉBAT PUBLIC SUR CETTE QUESTION SCIENTIFIQUE.. BRULANTE !

Par François Gervais, professeur émérite à l’Université de Tours

La conférence donnée à l’invitation de S&P et qui a été mise sur Youtube par les organisateurs a déjà été vue plus de 360 000 fois moins de quatre mois plus tard, montrant s’il en était besoin l’intérêt du sujet. Elle semble avoir agacé un gardien du temple, membre du dernier carré des rédacteurs – avec les représentants des états – du Résumé pour (par ?) les décideurs du rapport AR5 du GIEC. « La lutte contre le réchauffement climatique » ayant été évaluée par la Banque Mondiale à 89 000 milliards de dollars [1], on peut comprendre sa motivation pour préserver la formidable poule aux œufs d’or. Ce gardien du temple GIEC, qui fait carrière au CEA, le Commissariat à l’énergie atomique, est aussi Gardien du temple nucléaire comme en témoigne sa signature d’une lettre ouverte adressée au Président Macron lui demandant de ne pas fermer les centrales nucléaires françaises. Il est aussi auteur d’une tribune prétendant rien moins que de restreindre la liberté et la démocratie [2]. Le nucléaire ne représentant que 4 % de l’énergie totale produite dans le monde, c’est un autre débat. Toutefois Greenpeace et d’autres ONG qui ont organisé la pétition dite « l’affaire du siècle » visant à attaquer l’Etat français en justice pour « inaction », et qui ne sont pas franchement fans du nucléaire, devraient apprécier ce militantisme pro-nuke… Plus généralement, les gardiens des deux temples ont-ils autant besoin de diaboliser le CO2 pour promouvoir le nucléaire, ressassant un argument mis en avant par Margaret Thatcher il y a quelque 30 ans lors de la création de la Convention Cadre des Nations-Unis sur le climat, tutelle du GIEC ? Mais c’est un autre débat.

Impact de la réduction des émissions de CO2

Le gardien des deux temples a coaché un youtubeur. Un point essentiel qu’ils n’ont pas critiqué, sans doute dans la mesure où le calcul reprend la sensibilité climatique transitoire (TCR) fournie par le GIEC lui-même, avec son incertitude invraisemblable de 1° à 2,5°C, est l’échauffement évité en diminuant de 20 % les émissions françaises de CO2. Sur une concentration actuelle de 0,04 % de CO2 dans l’air, la fraction anthropique représente tout au plus l’augmentation de 0,01 % observée depuis un siècle. La France n’étant responsable que de 0,9 % des émissions mondiales, réduire de 20 % les émissions éviterait un échauffement de l’ordre de :

20 % x 0,9 % x 0,01 %/0,04 % x [1–2,5°C]
soit tout au plus un millième de degré C

Si « l’affaire du siècle » obligeait à l’avenir l’Etat à réduire de 40 % les émissions françaises, le réchauffement évité serait de tout au plus 2 millièmes de degré. Diviser par 8 les émissions françaises éviterait un échauffement de tout au plus 5 millièmes de degré… Encore ces chiffres prennent-ils en compte la valeur haute de la fourchette du GIEC, discutable. De si faibles écarts ne sont de toute façon pas mesurables. Mais il est à craindre que cette politique, inutile en termes d’objectif climatique, n’entraîne un gâchis économique gigantesque et l’effondrement de fleurons industriels français. Pendant que la France a déjà réduit de 20 % ses émissions, la Chine et l’Inde ont augmenté les leurs dans une proportion totale 100 fois supérieure. C’est comme si l’on prétendait barrer le courant d’un fleuve de 100 mètres de large en construisant un barrage de seulement un mètre de large…

Une autre façon de le dire, en citant mon collègue Professeur émérite Rémy Prud’homme, est que le stock de CO2 dans l’atmosphère augmente chaque année de la moitié des émissions, l’autre moitié étant absorbée par la végétation et les océans. Le stock de CO2 de l’atmosphère est actuellement de 3 200 milliards de tonnes. Les rejets annuels de la France n’excèdent pas 0,31 milliard de tonnes, soit un dix-millième du stock. Leur impact sur le CO2 atmosphérique représente donc la moitié de ce dix-millième, autant dire rien. A quoi bon les réduire sur le prétexte climatique puisque l’impact en est parfaitement négligeable ? Ces chiffres montrent que les projets de réductions drastiques des émissions françaises ne changeront de toute façon rien de mesurable au climat de la Planète. En revanche, on n’en mesure pas encore tout l’impact dommageable sur l’économie et donc sur le chômage. Avec une dépense prévue supérieure à 100 milliards d’euros, ces politiques sont excessivement coûteuses. Elles sont injustes dans la mesure où elles frappent prioritairement ceux pour qui le poste « énergie » grève lourdement la fin du mois.

Le français émet en moyenne 4,7 tonnes de CO2 par an, l’américain trois fois plus à 15,5 tonnes. Selon un article de 2019 de Chen Kuan Li et coauteurs, suivent les émissions par habitant des pays d’Asie. Avec son développement économique et son programme de constructions, la Chine est partie pour émettre 10 tonnes par habitant et par an dès 2020, deux fois plus que la France, et a annoncé compter poursuivre jusqu’en 2030 pour tendre vers un seuil de type « États-Unis ». Les pays plus industrialisés comme le Japon ou Taïwan ont déjà atteint un seuil vers 10 tonnes/habitant et par an.

Ainsi, la France montre déjà le « bon exemple ». On peut toujours psalmodier qu’il faut faire davantage d’efforts mais l’impact infinitésimal des réductions françaises montre que notre pays et l’Europe apparaissent bien seuls face aux augmentations mondiales, à l’exception des États-Unis qui eux aussi réduisent mais en partant toutefois de plus haut. Il n’est pas non plus certain que le « bon exemple » évalué en millièmes de degré de réchauffement évité apparaisse tant que cela aux yeux des pays d’Asie et d’Afrique comme un exemple à suivre dans un contexte mondial économique et social particulièrement contraint.

CO2 et végétation

Les ressources fossiles sont le reliquat d’une végétation luxuriante qui se développait en profitant d’un taux de CO2 dans l’air bien plus élevé qu’aujourd’hui comme le rappelait Fleming dans Environmental Earth Science en 2018. Le Sahara et l’Arabie Saoudite, où l’on trouve des ressources fossiles, étaient alors fertiles.

On n’observe pas de corrélation entre CO2 et température de la Planète. Ceci implique une faible sensibilité climatique au CO2. Dans l’hypothèse d’une sensibilité climatique de 1°C, valeur sans rétroaction reprise par le GIEC, un doublement ou une division par deux du taux de CO2 entraine une variation de température de 1°C, petite devant les températures sur l’échelle de droite.

Les émissions mondiales ont augmenté la biomasse végétale d’environ 20 % et continuent à l’augmenter. L’accroissement de l’amplitude de l’oscillation saisonnière du CO2 mesurée à La Jolla en Californie est 71 % plus rapide que l’augmentation du CO2 elle-même. Elle témoigne du déficit actuel de CO2 dans l’air, en particulier au détriment des plantes nutritives.

Le Ministère canadien de l’agriculture par exemple recommandait l’enrichissement des serres en CO2. On doute qu’il le recommanderait si la valeur nutritive des plantes était dégradée dans ces conditions comme la question peut effectivement se poser, du moins pour certaines. Même si elle profite aussi à l’herbe et à la broussaille, l’augmentation de 20 % de biomasse ces 33 dernières années, utile à la biodiversité, est corroborée par un verdissement généralisé de la Planète observé par satellite.

Le caractère aussi complexe que multi-paramètres d’un tel sujet suscite logiquement questions et critiques. Leur importance apparait toutefois sans commune mesure avec les points essentiels rappelés ci-dessus.

Cycle de 60 ans

Le youtubeur qualifie le cycle de 60 ans de « modèle de Monsieur Gervais ». Il prétend avoir lu mon article de 2016 publié dans Earth Science Reviews. L’article commence justement par une liste de travaux sur ce cycle publiés antérieurement qu’il n’a apparemment pas vue ou volontairement ignorée. En Science, si l’on doit nommer un modèle, on reprend le nom de l’auteur ou des auteurs qui ont l’antériorité de la publication. Parmi les auteurs cités figure Nicola Scafetta [3] qui compare les fréquences de cycles climatiques issus d’une analyse de Fourier des températures de la Terre, à la vitesse du soleil par rapport au centre de gravité du système solaire. La comparaison est trop frappante pour être due au seul hasard. Le cycle de plus grande amplitude (l’échelle verticale est logarithmique) est celui de 60 ans.

Par la suite, Scafetta reliera ce cycle à un effet de « marée » des grosses planètes du système solaire sur le soleil. En ajoutant au cycle de 60 ans le cycle de 20 ans qui le suit par ordre d’amplitude décroissante, il aboutit à une simulation de l’évolution récente de la température dans la basse troposphère (en jaune), plus proche des observations que les projections du GIEC, ici en vert.

Antero Ollila [4] a aussi publié que les résonances astronomiques du cycle de 60 ans s’ajoutant à une contribution anthropique simulent les observations depuis 1880 mieux que les modèles du GIEC. Les données sont tellement incertaines et tellement bruitées avant 1880 qu’il pas non plus jugé utile de les utiliser. Ollila prévoit d’ici la fin du siècle une température similaire à la température actuelle, voire inférieure ! Le maître du jeu reste le soleil…

On continuera ainsi à privilégier pour la période récente les mesures de température par satellites (UAH et RSS), couvrant la superficie de la Terre de façon plus homogène que les capteurs inégalement répartis à sa surface (HadCRUT4). En particulier, nombre de capteurs qui se trouvaient il y a 140 ans en pleine campagne se retrouvent maintenant en zone périurbaine, soumis qui plus est à l’effet d’îlot de chaleur urbain dans les grandes villes, quand ce n’est pas à côté d’un aérodrome.

S’ajoute au cycle de 60 ans une droite de pente 0,6°C par siècle. Cette droite ne reflète pas l’évolution des émissions qui présente une rupture de pente entre les faibles émissions avant 1945 et l’accélération des émissions après 1945. Les émissions anthropiques contribuent mais Ollila montre que le soleil et les nuages contribuent également (contribution TSI [total solar irradiance] + clouds [nuages] dans sa figure). Par ailleurs, tous les climatologues savent pertinemment que le pic de température de 2016 est dû à un phénomène El Niño intense. Al Gore avait su profiter dans son film de la même aubaine avec le pic El Niño de 1998. Quand on voit un lissage sur une ou plusieurs années des données mensuelles qui aboutit à un maximum qui comme par hasard s’arrête en 2016, alors que la température mensuelle est dégringolée de 0,65°C après 2016, et qu’en plus a été gommé le refroidissement de 1945 à 1975, cela sent un tantinet la… manipulation.

Remarquons aussi que le « hiatus », autrement dit la platitude hors fluctuations des données de températures mensuelles depuis 20 ans se retrouve dans la « platitude » récente (pointillé bleu) du volume de banquise Arctique estivale, infirmant toutes les annonces plus catastrophistes les unes que les autres (pointillés noirs).

Bien sûr, la superficie de banquise mesurée par satellite depuis 1979 a auparavant diminué durant la dernière phase montante du cycle de 60 ans. Mais les mesures des dernières années n’annoncent pas qu’elle va continuer à diminuer.

Certes on peut ergoter sur l’écart résiduel de 0,2°C entre mesures et cycle de 60 ans après le dernier pic El Niño dans la comparaison mensuelle, écart que l’on a vu gommé par Scafetta avec le cycle additionnel de 20 ans. Toutefois, l’ECS, sensibilité climatique à l’équilibre donnée par le GIEC, présente une incertitude de 4,5°C – 1,5°C = 3°C ! 0,2°C comparé à 3°C… C’est voir la paille dans l’œil du voisin et ne pas voir la poutre dans le sien…

Sensibilité climatique

L’incertitude sur la sensibilité climatique de 1,5°C à 4,5°C est comparable à l’incertitude qui se retrouve dans le facteur 3 de la fourchette de forçage radiatif selon le GIEC : entre 1,1 et 3,3 watts/m2. Rappelons à ce propos ce que disait Pierre Morel, ancien Directeur-fondateur du Laboratoire de Météorologie Dynamique, noyau de condensation de l’Institut Pierre Simon Laplace qui fournit le gros du bataillon français du GIEC, en particulier les deux co-présidents successifs du Groupe I, tous deux rémunérés entre parenthèses par le Commissariat à l’énergie atomique.

« Le problème, disait Pierre Morel dans cette émission de Canal Académie, c’est que les modèles de climat ne représentent pas la réalité. Ils font des moyennes sur des surfaces de l’ordre de 10 000 km2 minimum ou de 100 000 km2. Et par conséquent bien entendu dans un bloc de fluide de cette ampleur, on ne peut pas représenter les détails. Donc au lieu de représenter les détails, ils utilisent des formules empiriques pour représenter plus ou moins l’effet sur les différents flux. Mais alors ces formules empiriques, elles ont des coefficients, arbitraires, qu’il faut ajuster. Effectivement, on les ajuste. Mais comment est-ce qu’ils les ajustent ? Ils les ajustent plus ou moins en essayant de reproduire le cycle saisonnier et comme on fait ça depuis tout le temps, depuis toujours, on a toujours le même résultat. En effet, il y a trente ans, les premiers modèles, les plus simples, vraiment primitifs, extrêmement simplistes donnaient exactement les mêmes résultats que maintenant. La fourchette, la fameuse fourchette de 1,5 à 4,5°C qui est publiée partout, existait, il y a trente ans. C’était la même fourchette parce que c’est le même cycle saisonnier. »

On est passé de 30 ans à 40 ans et effectivement « on a toujours le même résultat ». Toutes ces fourchettes de 1,5° à 4,5° qui se copient les unes les autres, reprises semble-t-il de carbonbrief, ne présentent donc pas un intérêt autre que de cristalliser la vision mainstream. Mieux vaut au contraire s’intéresser aux valeurs différentes car obtenues par des méthodes justement différentes qui, ces dernières années, ont tendance à se regrouper en-dessous de 1°C et en particulier autour de 0,6°C. 85 articles rapportant une sensibilité climatique inférieure ou égale à 1°C ont été répertoriés par Pierre Gosselin. Très peu de ces 85 articles sont repris par le récapitulatif de carbonbrief…

A ce propos, le youtubeur me lance en termes comminatoires une injonction à rien moins que rétracter ma publication de 2016 dans Earth Science Reviews… Mais sait-il lire une publication ? Il est vrai qu’en quelques heures, il est difficile d’acquérir la maîtrise assise sur 10 ans de travail sur le sujet. Son argument menaçant : je « calcule » une sensibilité climatique de 1,1°C alors que j’indique 0,6°C dans la figure reprenant les valeurs publiées par différents auteurs. Le youtubeur n’a pas dû écrire beaucoup de publications dans des revues internationales à comité de lecture. Sinon il saurait que la rédaction commence généralement par une introduction dans laquelle l’auteur rappelle ce que les autres ont publié pour situer la nouveauté de ce qui suivra. Je reprends donc dans l’introduction de l’article le calcul usuel de la sensibilité climatique selon Myrhe et coauteurs en 1998, sans rétroaction, mais pour dès la formule suivante, apparemment invisible aux yeux d’un youtubeur, rappeler qu’il convient de corriger cette valeur par d’éventuelles rétroactions. La valeur basse de la TCR du GIEC est ainsi de 1°C, donc sans rétroactions. En revanche, si les rétroactions sont positives, la sensibilité climatique sera plus élevée. Les rétroactions positives supposées dues à la vapeur d’eau [5] ne sont pas rendues crédibles par les mesures d’humidité qui baissent à 9 kilomètres d’altitude, couche atmosphérique à partir de laquelle le CO2 devient justement capable d’émettre du rayonnement vers l’espace.

Si au contraire les rétroactions sont négatives comme l’a publié Richard Lindzen, Professeur émérite de climatologie au MIT, invoquant l’effet « iris » des nuages, la sensibilité climatique sera plus faible que 1°C. Mieux vaut prendre le temps de lire un article jusqu’au bout avant de proférer des menaces… La conclusion de mon article, une sensibilité climatique de 0,6°C, est similaire à celle publiée par Richard Lindzen ou à celle publiée par Hermann Harde basée sur une analyse du spectre infrarouge de l’atmosphère, ou encore à celle d’Antero Ollila.

Spectre infrarouge

Comment s’y retrouver face à la dispersion considérable des valeurs publiées de sensibilité climatique ? En revenant aux fondamentaux : le spectre infrarouge de l’atmosphère. Les vibrations atomiques de toute molécule présentant au moins deux atomes différents absorbent en effet le rayonnement thermique de la Terre. La chaleur absorbée est dissipée par collision avec les molécules voisines à basse altitude. Elle est en revanche susceptible d’être émise vers l’espace à une altitude plus élevée lorsque la pression atmosphérique plus faible limitera les collisions pour favoriser l’émission.

La molécule de CO2 émet à haute altitude le rayonnement précisément aux fréquences de vibration auxquelles, non pas elle-même mais ses homologues l’ont absorbé à faible altitude. On les observe dans la partie infrarouge du spectre. La figure suivante montre le spectre d’émission de l’atmosphère vers l’espace à une altitude de 20 km. A cette altitude, la température est proche de 220 K, soit –57°C ; la vapeur d’eau s’est raréfiée et trône au milieu du spectre la vibration du CO2 à 667 cm-1 (15 micromètres de longueur d’onde). Elle est importante car proche du maximum d’émission de l’atmosphère.

Lorsque double la concentration de CO2 dans l’atmosphère, passant ici de 300 ppm à 600 ppm, le spectre évolue très peu (de vert à bleu). C’est le point important. La figure est calculée car on ne dispose pas encore du recul nécessaire pour mesurer un si petit écart par satellite. Avec seulement 410 ppm de CO2 aujourd’hui et une augmentation annuelle de l’ordre de 2 ppm (sauf pendant un pic El Niño), on reste encore loin de doubler.

En cas de doublement, ce très petit écart correspond à seulement 1 % du rayonnement terrestre vers l’espace. Il correspond aussi à une sensibilité climatique de 1°C, sans rétroaction. On remarque en particulier la « saturation » de la bande du CO2 au voisinage immédiat de 667 cm-1 puisque courbe verte et courbe bleue se confondent.

Cette évolution infime est confirmée par l’absence d’évolution de température significative des mesures satellitaires depuis qu’elles existent, ici à une altitude de 10 km. La période correspond tout de même à 60 % des émissions depuis le début de l’ère industrielle ! Sans effet significatif sur la température.

On n’observe pas davantage d’évolution significative de la température mesurée toujours à 10 kilomètres d’altitude et spécifiquement sous les tropiques, là où les modèles avec des sensibilités climatiques élevées, repris par le GIEC, attendent en vain la signature de « points chauds » pour être validés.

Tout ceci devient de plus en plus gênant pour les modèles repris par le GIEC. Il ne faut donc pas s’étonner que selon une figure reprise du rapport AR5 du GIEC lui-même, les modèles donnent des résultats supérieurs aux observations quel que soit le scénario d’émissions envisagé. Si l’on prolonge les observations de la figure avec les données mensuelles vues plus haut (surtout pas avec les données lissées dont nous avons vu les biais), et sur une échelle dilatée pour faire ressortir les différences, l’écart se creuse entre tendance du modèle RCP8.5 (sans limitation des émissions) et observations depuis 20 ans.

Aérosols

Autre point critiqué à tort : connaissant le rôle des aérosols, je ne les évoque pas à propos de la baisse de températures de 1945 à 1975. Certes, simplement parce que cette prétendue « explication » n’est nullement convaincante et voici pourquoi. Dans la basse troposphère, les aérosols ont un effet refroidissant comme attesté par les baisses momentanées de température lors des éruptions volcaniques envoyant des aérosols à haute altitude. Dans la basse stratosphère, c’est le contraire. Ils ont un effet réchauffant comme en témoigne l’insert de la figure suivante lors des éruptions volcaniques.

À condition de réduire la sensibilité climatique à seulement 0,8°C, l’effet refroidissant a été utilisé par Schneider, fondateur de la revue Climatic change, et auteur principal de rapports du GIEC, pour tenter d’expliquer la baisse de température de 1945 à 1975. Schneider écrivait :

Ce texte publié dans la prestigieuse revue Science n’a jamais été rétracté. Il confirme une sensibilité climatique de 0,8°C, la saturation de la bande du CO2 à 15 micromètres de longueur d’onde vue plus haut (667 cm-1), et récuse toute perspective d’emballement de l’effet de serre. Malheureusement pour « l’explication » en termes d’aérosols, la température n’a pas continué à baisser comme le prévoyait Schneider.

L’évolution des températures mensuelles, non lissées, montre deux hausses de 0,6°C chacune sur une période similaire de 30 ans : l’une de 1915 à 1945, l’autre de 1975 à 2005. Comment attribuer ces deux hausses parallèles exclusivement au CO2 alors que sa concentration était 6 à 10 fois inférieure de 1915 à 1945 à ce qu’elle est aujourd’hui. L’argument des aérosols n’est pas plus convaincant. Ils servent de simple variable d’ajustement aux modèles. Comment croire que les émissions d’aérosols suivraient à peu près un cycle de 60 ans…

Il serait intéressant de savoir quelle dose ad hoc d’aérosols ont été mis dans les boites noires des modèles CMIP5 pour qu’ils arrivent à retrouver la platitude inattendue de la courbe de température dans la basse stratosphère (17 km) depuis un quart de siècle. Un autre commentateur souligne en effet que la température a baissé avant 1993. C’était l’effet attendu mais pourquoi ne s’est-il pas prolongé après 1993 ? Compenser une sensibilité climatique exagérée par une dose ajustée d’aérosols n’est guère probant.

Un débat serein

Beaucoup d’autres commentaires d’internautes sont intéressants et suscitent un débat légitime comme : conséquences d’une croissance plus rapide des plantes, possible évolution de l’albédo de la Terre, climat local par rapport à une moyenne globale, plus généralement extrême complexité du climat. Toutefois, le Big Bear Solar Observatory étudie l’évolution de l’albédo depuis 16 ans. Les résultats sont concordants avec ceux de CERES, Clouds and the Earth’s Radiant Energy System, de la NASA pour conclure à une tendance plate, sans variation significative même si des fluctuations momentanées de l’ordre du pour cent sont identifiées. Ce débat sera d’autant plus serein lorsque les questions sur l’environnement seront « plus globales au lieu de se concentrer sur le seul CO2 » comme le souligne un internaute.

Tant mieux si les énergies intermittentes progressent en termes de retour énergétique. Toutefois, il est à craindre que l’on n’ait pas encore le recul nécessaire pour en évaluer les coûts de maintenance, de démantèlement, et les dégâts occasionnés en terme environnemental et sur les personnes. Par ailleurs, les énergies conventionnelles continuent à présenter les meilleurs retours énergétiques sur investissement énergétique.

Compte-tenu des sommes considérables annoncées par la Banque Mondiale, il importe de dénoncer des points présentés comme universellement admis alors qu’ils restent scientifiquement controversés dans un contexte qui n’est pas dénué de ce que l’on peut qualifier d’un certain terrorisme intellectuel, « agrémenté » de qualificatifs comme « mensonge » ou « escroquerie » [6]. Dans une Science qui, par définition, est en perpétuelle construction, surtout lorsque cette construction s’opère sans budget et sans moyens, de tels qualificatifs sont vides de sens. En revanche, nous nous honorons du qualificatif de « sceptique », qualité primordiale de tout scientifique.

Un exemple tout récent de cette chape de plomb est fourni par un article publié début 2019 dans Earth & Space Science. Son titre souligne le rôle clé de l’Oscillation Atlantique multidécennale (cycle de 70 ans publié en 1994 par Schlesinger et Ramankutty dans Nature mais non pris en compte par le GIEC) sur le climat de l’Amérique du Nord depuis une vingtaine d’années. Autrement dit, c’est une illustration locale mais toutefois à relativement grande échelle, d’un phénomène plus global, le « hiatus ». Les auteurs ont préféré titrer sur le « ralentissement du réchauffement global » plutôt que sur le refroidissement observé dans la partie bleue de la courbe, craignant sans doute de ne pas être publiés en ces termes.

Le fil rouge a ainsi été de souligner quelques-uns des quelque 3000 travaux publiés dans des revues internationales à comité de lecture, non pris en compte par les gardiens du temple. Ces travaux insistent sur différents aspects de la variabilité naturelle du climat et/ou minimisent l’effet de serre du CO2. Ces travaux souvent effectués sans budget et sans moyens ne doivent donc qu’à leur mérite d’avoir réussi à être publiés, alors que le copinage peut jouer en faveur des travaux mainstream qui se copient.

Pour la pratiquer au niveau professionnel depuis 1967, je peux témoigner que la Science est de plus en plus politisée, la science du climat tout particulièrement. En découle une relation incestueuse : que des ténors français s’inquiètent dans Le Monde de l’affaiblissement du « pacte » (sic !) entre climatologues et décideurs politiques témoigne d’un contexte devenu franchement préoccupant pour la Science. S’afficher bien en cours est le plus sûr moyen de mettre en sourdine son indépendance d’esprit et de perdre ainsi la caution primordiale de la rigueur scientifique.

Il importe de revenir à des arguments scientifiques, factuels, et non pas seulement de se fier à un évangile. La Nature semble prendre un malin plaisir à détromper les modèles repris par le GIEC qui sont de plus en plus obligés de recourir à des artifices comme les ajustements avec des aérosols ad hoc, les autres interprétations étant écartées sans appel, sans recours possible. J’ai pu le constater lors des deux sessions d’expert reviewer (First Order Draft puis Second Order Draft) auxquelles j’ai contribué début et fin 2012.

« Le GIEC accepterait soit disant tout le monde comme expert reviewer » est-il rétorqué. Argument fallacieux. D’abord peu flatteur pour le GIEC lui-même. Mais surtout, est-ce que tout candidat potentiel justifie comme moi de plus de 200 publications dans des revues internationales à comité de lecture dont 30 dans Physical Review qui pourra difficilement être qualifiée de « revue de seconde zone ». Les trois quarts des articles exploitent la spectrométrie infrarouge, incontournable dans la question de l’absorption et de l’émission de rayonnement thermique par le CO2. Bizarrement, le dernier rapport du GIEC ne montre pas de spectre infrarouge…


[3Théorie de Nicola Scafetta (publication scientifique en anglais) :
http://www.iieta.org/sites/default/files/Journals/IJHT/35.Sp01_03.pdf

[4Théorie d’Antero Ollila (publication scientifique en anglais) :
http://www.journalrepository.org/media/journals/PSIJ_33/2017/Jul/Ollila1522017PSIJ34187_.pdf

[5Vapeur d’eau dans l’atmosphère (en anglais) :
https://www.climate4you.com/GreenhouseGasses.htm

[6www.francesoir.fr/societe-science-tech/le-rechauffement-climatique-un-leurre-escroquerie-climatosceptique-de-francois-gervais – J’ai envoyé une réponse à France-soir qui n’a pas daigné me répondre, encore moins la publier.