Expo des importations de Shanghai : La vie est à l’Est !

mercredi 7 novembre 2018

Vue aérienne du Centre national des congrès et expositions de Shanghai, où se déroule du 5 au 10 novembre l’Exposition internationale des importations de Chine.

Le contraste entre l’Est et l’Ouest est chaque jour de plus en plus saisissant, comme le montre l’Exposition internationale des importations qui se déroule en ce moment à Shanghai.

Chez nous, la désolation économique et la désintégration sociale semblent devenues des données intangibles. Nous venons de voir, avec l’effondrement des trois immeubles de la rue d’Aubagne à Marseille, combien le couple que forment l’austérité et la gentrification – le repli sur soi d’une élite hors sol – peut devenir destructeur de vies humaines. Et, tandis que le président Macron effectue son inénarrable « itinérance mémorielle », continuant dans son registre de condescendance indécente, la colère monte de partout au sein de la population ; le danger étant, en l’absence de solutions pour résoudre la crise à sa source, que cette colère n’éclate en une révolte impuissante et soit instrumentalisée par les forces au pouvoir.

En Asie au contraire, tout semble possible, comme dans l’Amérique du XIXe siècle. La Chine fait souffler un vent de progrès et d’optimisme à travers tout le continent, et bien au-delà. Les Nouvelles Routes de la soie apportent aux nations une vision et une plate-forme de coopération qui leur permettent de surmonter les antagonismes et les divisions, parfois de façon spectaculaire, comme nous l’avons vu dans les cas des relations entre l’Inde, le Japon et la Chine (lire la chronique du 31 octobre).

La Chine, poumon économique du monde

Du 5 au 10 novembre, Shanghai accueille la première China International Import Expo (CIIE). Il s’agit d’un immense salon, placé sous le thème « Nouvelle ère, futur partagé », avec pour objectif de favoriser les importations dans le pays du milieu. Dans son discours d’ouverture, le président chinois Xi Jinping a décrit cet événement « non pas comme un show en solo de la Chine, mais comme un chœur de nations du monde entier ». Car en effet, 172 pays, régions et organisations internationales y participent, ainsi que 3600 entreprises, pour un total d’environ 400 000 personnes.

Vue aérienne du Centre national des congrès et expositions de Shanghai, lieu principal de la CIIE

À l’heure de la guerre commerciale déclarée par l’Amérique de Trump, la Chine envoie à travers cette exposition un message fort d’ouverture au monde. Et si la Maison-Blanche a choisi, dans un acte symbolique, de ne pas envoyer de délégation officielle, 180 entreprises américaines se trouvent tout de même à Shanghai. Toutefois, comme l’écrit Simon Leplâtre, correspondant du Monde à Shanghai, « la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis ne doit pas faire illusion : l’Asie constitue le principal partenaire de la Chine. À elle seule, ‘l’Asie non japonaise’ exporte autant vers la Chine que le Japon, les États-Unis et l’Union européenne réunis. Une tendance qui semble s’être accentuée ces derniers mois ».

Contrairement aux idées reçues, la Chine ne se contente plus d’importer des matières premières. Les minerais et les matières premières énergétiques représentent 20 % de ses achats, tandis que l’agroalimentaire et les biens manufacturés représentent au total 75 %. De plus, comme l’écrit le quotidien chinois China Daily, « La Chine compte aujourd’hui une classe moyenne de plus de 300 millions de consommateurs, et ce nombre devrait doubler en une décennie, c’est-à-dire devenir deux fois plus élevé qu’aux États-Unis et trois fois plus qu’en Union européenne. L’année dernière, La Chine a contribué à 30 % de la croissance économique mondiale ».

Dans une tribune parue dans le People’s Daily, l’ancien premier ministre japonais Yasuo Fukuda, fervent partisan d’une coopération sino-japonaise, rappelle qu’en 2000 le PIB chinois était approximativement quatre fois inférieur au PIB japonais, alors qu’aujourd’hui il le surpasse de deux fois et demi, et que la Chine est devenue la deuxième économie mondiale. « Un développement aussi rapide est unique dans l’ensemble de l’histoire de l’humanité », écrit-il.

Faire de l’économie mondiale un vaste océan de coopération

Douze pays participent à la CIIE en tant qu’invités d’honneur : l’Indonésie, le Vietnam, le Pakistan, l’Afrique du Sud, l’Égypte, la Russie, le Royaume-Uni, la Hongrie, l’Allemagne, le Canada, le Brésil et le Mexique.

Le cas de l’Égypte est emblématique du type de coopération qui s’ébauche actuellement entre la Chine et les autres pays du monde. Le pavillon égyptien inclut des exposants pour l’agriculture, l’agro-industrie, le textile, le mobilier et l’ingénierie. Comme le rapporte le Global Times, l’Égypte est devenue un partenaire clé de l’Initiative une ceinture et une route (ICR) lancée par la Chine en 2013. Le quotidien chinois cite Osama Elmagdoub, ambassadeur égyptien en Chine : « L’Égypte est l’un des grands bénéficiaires de l’initiative, compte tenu de sa position géographique. (…) La coopération sino-africaine est basée sur un principe d’égalité et de bénéfice mutuel, sans aucune pression ou conditions politiques. Les investissements chinois apportent aux pays africains les alternatives de développement dont ils ont besoin en terme de projets d’infrastructures ».

Exemple de cette coopération gagnant-gagnant : la China State Construction Engineering (CSCEC), le géant public de la construction, s’est engagée à former 10 000 travailleurs égyptiens dans le cadre de l’énorme projet de construction d’un nouveau centre administratif à 50 km du Caire.

Cet esprit de coopération tourné vers le futur devrait agir pour nous comme un véritable coup de fouet, et nous libérer des préjugés quasi-racistes que les bien-pensants entretiennent opportunément dans la population vis-à-vis de la Chine.

À Shanghai, en réponse aux critiques occidentales, Xi Jinping a justement encouragé les pays en question à résoudre avant tout leurs problèmes intérieurs : « Ils devraient considérer leurs propres faiblesses, plutôt que de braquer les projecteurs sur celles des autres ». Car, en dépit des difficultés actuelles, « pour faire une métaphore, l’économie chinoise n’est pas un étang, mais un océan, a déclaré le président chinois. L’océan peut avoir des jours calmes comme des jours de grand vent et de tempête. Sans eux, l’océan ne serait pas ce qu’il est. Les grands vents et les tempêtes peuvent bouleverser un étang, mais pas un océan. Après avoir traversé d’innombrables vents et tempêtes, l’océan est toujours là ! Il en est de même pour la Chine. Après 5000 ans d’épreuves et de vicissitudes, la Chine est toujours là ! Et si l’on regarde vers l’avenir, la Chine est là pour rester », a-t-il lancé sous une ovation et un applaudissement d’enthousiasme.

Il n’y a vraiment aucune raison que nous continuions à patauger dans cet étang de marasme économique et de pessimisme culturel. La France et l’Europe ont beaucoup à apporter et à recevoir de la dynamique des Nouvelles Routes de la soie. Battons-nous pour la rejoindre et faire de l’économie mondiale un vaste océan de coopération et de progrès humain !