Rentrée scolaire 2018 : le défi de M. Blanquer

lundi 3 septembre 2018

S&P souhaite une bonne rentrée à tous les élèves et les personnels des établissements scolaires de l’hexagone et des Outre-mer.

Une pensée particulière aux enseignants et aux différents personnels encadrants qui, de moins en moins nombreux, travaillent dans des conditions de plus en plus difficiles.

Et ce faute de moyens, faute de refonte du système de recrutement, de formation, d’encadrement et de rémunération ; mais aussi en raison de 30 ans de réformes des programmes notamment inspirées par des groupes de pression relayés par l’UE ou l’OCDE (voir notre article Une éducation sans principe pour une société sans dessein et notre dossier de 2016 Face à la dislocation de la société, émanciper l’esprit humain).

Prenons acte des premiers signes de changement donnés par Jean-Michel Blanquer : dédoublement des classes de CP/CE1 en REP/REP+, systèmes d’évaluation notamment en CP, CE1 et 6e ; retour du rôle des enseignements fondamentaux ; enseignement de la chorale ; interdiction des téléphones portables au collège ; mais aussi prime pour les enseignants de REP+, voire perspectives de remise en question des systèmes de recrutement et d’affectations, etc.

Certaines de ces mesures phares ont été défendues par Jacques Cheminade dans son projet 2017 L’Education, une nouvelle frontière pour la France.

Il ne faudrait pas, cependant, qu’au sein du paradigme d’austérité libérale imposé par le gouvernement Macron/Philippe, ces bien belles volontés en soient réduites à déshabiller Pierre (le lycée, avec une réforme du BAC et du supérieur à teinte plus libérale que républicaine) pour habiller Paul (l’école primaire voire le collège).

Rappelons que si la réalité du terrain, avec son manque criant de moyens, d’enseignants et de salles, n’est pas toujours celle des lois et des ministères, la réforme des territoires et la baisse des dotations aux collectivités continuera, de fait, à imposer non pas des créations, mais des regroupements et des fermetures de classes. Le tout dans un contexte où le dédoublement des effectifs n’est prévu que pour concerner 8 % des classes de CP/CE1 en cette rentrée 2018, et 12 % en 2019 (Jacques Cheminade avait préconisé quant à lui de viser l’ensemble des classes, au-delà des REP, pour que la mesure soit réellement efficiente).

Enfin, indépendamment de toute nécessité de réforme globale des conditions d’enseignement, on sait qu’il faudra, en terme de recrutement et de moyens, répondre à une augmentation constante du nombre de collégiens jusqu’à au moins 2022 (+ 450 000 élèves en 13 ans selon les prévisions de l’Education nationale). Or le budget alloué à l’Education nationale, s’il n’a pas été amputé comme d’autres, est bien loin de répondre à l’enjeu.

S’il veut assumer l’entièreté du défi, Blanquer doit donc :

  1. continuer la refonte de l’Education nationale dans une réelle perspective d’égalité républicaine ; et ce du primaire au supérieur, en France hexagonale et dans les Outre-Mer (où le besoin est particulièrement criant) et de l’enseignement général à l’enseignement professionnel) ;
  2. se battre pour sortir du paradigme libéral et financier de son gouvernement, sans quoi toute ambition sincère passera aux oubliettes. Or la crise est telle (tant dans le domaine éducatif que médical), qu’on ne peut se permettre d’échouer.

Un sujet qui sera abordé lors de notre Assemblée générale le 29 septembre.