« L’Europe et la Chine doivent coopérer pour les objectifs communs de l’humanité »

jeudi 7 décembre 2017

Notre amie Helga Zepp-LaRouche, présidente internationale de l’Institut Schiller, surnommée par les Chinois « la dame de la Route de la soie », a de nouveau été invitée dans le « pays du milieu », où elle a notamment participé au Forum de la Route de la soie maritime du XXIe siècle, qui s’est tenu les 27 et 28 novembre à Zhuhai.

En même temps se déroulait la conférence du dialogue entre le Parti communiste chinois (PCC) et les partis politiques du monde entier. La chaîne de télévision chinoise CCTV a réalisé un reportage couvrant l’événement, dans lequel Mme LaRouche apparaît, présentée comme une « intellectuelle allemande » suivant avec un grand intérêt ce dialogue, en raison de l’importance qu’elle accorde à l’idée mise en avant par le président Xi Jinping d’une « destinée commune de l’humanité ». « LaRouche porte également en haute estime la BRI [Initiative de la ceinture et la route] », explique CCTV. « Elle pense que la BRI élimine potentiellement ce qui cause les guerres entre les pays, et pose les bases d’un monde en sécurité, ‘d’équité et de justice’, une plate-forme à partir de laquelle il sera possible de bâtir une communauté partagée de l’humanité ».

Le Forum de Zhuhai, auquel Mme LaRouche a participé en tant qu’oratrice, a été organisé par le gouvernement de la province du Guangdong ; parmi les orateurs se trouvaient des responsables publics régionaux et nationaux, des dirigeants d’entreprises et des institutionnels de Chine, d’Asie en général, des États-Unis, d’Europe et d’Afrique. Les participants ont été conviés à une visite du Centre de planification de la ville de Zhuhai, avec notamment l’exposition sur le grand projet d’aménagement des zones industrielles et des territoires environnant la ville, basé sur un concept architectural unifiant efficience et beauté. On leur a également fait visiter le Pont Hong-Kong-Zhuhai-Macao (HZMB), qui connecte Hong-Kong, sur la rive est de la Rivière des Perles, à Zhuhai et Macao, sur la rive ouest, par une série de ponts et de tunnels, sur 55 km. Sa construction a débuté en décembre 2009 et doit se terminer dans les prochaines semaines.

Quand les notions de « belle âme » de Schiller et du « Junzi » de Confucius se rejoignent

Dans son discours, Mme LaRouche a montré en quoi le projet de Nouvelle Route de la soie lancé par Xi Jinping en septembre 2013 fait entrer l’humanité dans une nouvelle ère, dans laquelle vont disparaître les conceptions géopolitiques ayant dominé à travers le XXe siècle et jusqu’à aujourd’hui – « l’idée qu’une nation, ou un groupe de nation, doit défendre ses intérêts contre un autre groupe de nations » –, et qui ont conduit aux deux guerres mondiales. « Dans un certain sens, il est naturel que l’humanité décide d’en finir avec la géopolitique », a-t-elle affirmé, « et qu’elle établisse un système d’auto-gouvernance garantissant la pérennité de notre espèce ».

Notant que de nombreux politiciens et médias occidentaux continuent de passer sous silence la vague d’optimisme que le projet de la BRI suscite en Asie, en Afrique, en Amérique du Sud et dans d’autres parties du monde, empêchant ainsi les populations européennes et américaines de prendre la mesure de ce qui se passe, Mme LaRouche a posé la question : « Cela signifie-t-il que l’idée de construire un monde harmonieux, dans lequel toutes les nations peuvent travailler ensemble pour les objectifs communs de l’humanité, est une utopie, un rêve, qui ne pourra jamais devenir une réalité ?Je crois que l’histoire universelle de l’humanité peut apporter la réponse à cette question, car elle montre qu’il existe un idéal plus élevé de l’humanité, partagé par les expressions les plus nobles des différentes cultures ».

« De nombreux philosophes, poètes et scientifiques ont en commun un grand optimisme sur le rôle de l’homme dans l’univers », a-t-elle continué, « sur le fait que la créativité humaine constitue en elle-même un véritable pouvoir dans le développement futur de l’univers physique, et qu’il existe une cohésion entre le développement harmonieux de l’ensemble des capacités mentales et spirituelles de chaque être humain, celui d’une nation et des nations entre elles, et les lois du Cosmos. (…) Confucius avait une image de l’homme comme fondamentalement bon, et ayant l’obligation de s’améliorer sans relâche, intellectuellement et moralement, ce qu’il peut faire en exerçant sa volonté intérieure, et au moyen de l’éducation esthétique à travers la poésie, la musique classique, et certains autres arts ».

Cela correspond dans la culture confucéenne au « Junzi », c’est-à-dire l’homme noble, et cette notion est similaire à celle développée en occident par le courant humaniste, et en particulier par le poète allemand de la liberté, Friedrich Schiller. Schiller qualifie de « belle âme » toute personne trouvant sa liberté dans la nécessité, faisant son devoir avec passion et éduquant ses émotions afin de ne plus suivre aveuglément ses impulsions.

Mme LaRouche a également rappelé la vision du philosophe Leibniz, qui avait écrit au Tsar Pierre le Grand : « J’aspire au bien de toute l’espèce humaine, et je préférerais accomplir un grand bien en faveur des Russes plutôt qu’un petit en faveur des Allemands ou des autres Européens, parce que mon inclination et ma passion vont en direction du bien-être général ». En 1697, anticipant les Nouvelles Routes de la soie, Leibniz expliquait dans son livre Novissima Sinica comment l’Europe et la Chine devraient coopérer et contribuer au développement de l’ensemble des pays se trouvant entre elles : « Peut-être la Providence suprême s’occupe-t-elle, en faisant se tendre la main les nations les plus policées mais les plus éloignées, d’élever tout ce qui se trouve entre elles à une meilleure règle de vie. Et ce n’est point par hasard, je pense, que les Moscovites, dont l’immense territoire relie la Chine à l’Europe, et qui maintiennent sous leur empire les Barbares du Nord les plus reculés le long des rivages de l’Océan glacial, sont portés à rivaliser avec nous en cette affaire : le monarque sur le trône [Pierre Le Grand] s’y efforçant le plus possible stimulé même, à ce que j’ai ouï dire, par les conseils du Patriarche ».