« Big Brother » Google rejoint la guerre froide contre la Russie

lundi 4 décembre 2017

Prêts à tout pour remettre les États-Unis sur le sentier de la guerre et se débarrasser d’un présidence américaine décidément trop portée sur une détente avec la Russie et la Chine, les scénaristes de l’ « enquête russe » ont réussi à obtenir vendredi l’inculpation de Michael Flynn, l’ancien conseiller à la Sécurité nationale de Donald Trump.

Le procureur spécial chargé de l’enquête, Robert Mueller, a de toute évidence employé les méthodes de chantage de son mentor J. Edgar Hoover (l’ancien directeur du FBI, emblématique des chasses aux sorcières pendant la Guerre froide), en exerçant des menaces sur Flynn et son fils afin de le forcer à « coopérer ». Cette action intervient à la suite du voyage très réussi de Trump en Asie et de sa longue discussion avec Vladimir Poutine au téléphone, et dans un contexte où les Commissions du renseignement du Congrès sont sur le point d’engager des procédures contre le FBI et le Département de la justice, en raison de l’obstruction faite par ces institutions sur le dossier « Steele » (accusant Trump de collusion avec la Russie).

Les tenants du « Deep State » – réunissant néo-conservateurs, faucons de guerre et oligarques de Wall Street et de Londres – font feu de tous bois pour entretenir un climat de nouvelle guerre froide. En octobre, comme nous l’avions rapporté, les antennes de RT et de Sputnik aux États-Unis ont été forcées de s’enregistrer auprès de l’administration comme « agent étranger », statut qui n’était traditionnellement pas appliqué à des entreprises de presse.

Le 18 novembre, dans une démonstration de défense de la liberté de la presse, Google a annoncé son intention de « programmer » des algorithmes afin de rendre plus difficile l’accès aux articles diffusés par les médias russes sur le moteur de recherche Google news. « Nous travaillons à la détection et au déclassement de ce genre de sites – c’est-à-dire principalement RT et Sputnik », a déclaré Eric Schmidt, le président exécutif de la société Alphabet, la maison-mère de Google. Et pour ceux qui y verraient une tentative de censure, pratique dont on accuse sans vergogne la Russie et la Chine, Schmidt s’est voulu rassurant : « Mais nous ne souhaitons pas interdire ces sites – ce n’est pas notre façon d’opérer… Nous ne sommes vraiment pas favorable à la censure ».

Quelques jours plus tard, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a déclaré : « Nous attirons votre attention sur le fait qu’un tel classement artificiel des résultats de recherche constitue une censure directe et une violation des principes fondamentaux de la liberté d’expression. Ce genre de pratique, si elle est introduite, contredira à la fois le bon sens et le droit humain au libre accès à l’information sur Internet. Cela affecte aussi directement la concurrence normale et saine entre les médias, qui est un des principes de l’organisation démocratique de la société ».

Dans un entretien avec Sputnik, le vice-ministre russe des télécommunications et des médias, Alexey Volin, a expliqué que « lorsque la Russie avait demandé à Google, ainsi qu’à d’autres moteurs de recherche, de supprimer les contenus ‘pirates’ afin de prémunir les enfants contre la pornographie et contre tout ce qui touche à la drogue, ils [Google] avaient répondu qu’ils respectaient le principe de neutralité technologique, et que ce principe ne les autorisait en aucune manière à intervenir sur le contenu ».

Un double langage un peu gênant, d’autant plus qu’un scandale entache justement YouTube, filiale de Google, à travers de nombreuses plaintes exprimées par les internautes sur des commentaires mais aussi des contenus obscènes, parfois de nature pédopornographiques. Mi-novembre, Franceinfo a démontré que le moteur de recherche de YouTube Kids, plate-forme mise en place l’an dernier en France, faisait très facilement accéder à des vidéos parodiques mettant en scène le personnage de dessin animé T’choupi découvrant un godemichet, Mickey Mouse flirtant avec une Minnie en lingerie fine, ou encore une sourie verte « qui fumait de l’herbe ». Cela pourrait prêter à rire, s’il ne s’agissait pas d’un public de 3 à 9 ans. Il faut ajouter à cela que, selon la BBC, l’outil permettant de signaler ces contenus a été inopérant depuis plus d’un an.

Et moi qui croyais que, face à la Russie, l’Occident essayait de défendre « ses valeurs »