Etats-Unis : offensive sans précédent pour une vraie réforme bancaire à la Glass-Steagall

vendredi 3 février 2017, par Karel Vereycken

Alors que la presse mondiale et française se démène pour façonner votre vision afin que vous vous passionniez pour contempler passivement le monde « par le trou de la serrure », le moment est venu de repenser ce qui vous arrive en adoptant le point de vue de quelqu’un d’actif regardant le monde avec « les yeux du futur ».

Prenons l’exemple d’une nouvelle réforme bancaire qui reste sans conteste un sujet à l’ordre du jour de Washington.

Le 1 février 2017, lors d’une conférence de presse dans la capitale, quatre députés américains ont annoncé qu’ils venaient d’introduire une proposition de loi visant le rétablissement du Glass-Steagall Act, une loi imposée par Franklin Roosevelt en 1933 séparant de façon stricte les banques ordinaires (épargne, dépôts, crédits, etc.) des banques d’affaires (marchés, spéculation) adoptée en France dans l’après-guerre. Aux Etats-Unis, la loi fut abrogée en 1999.

La député démocrate de l’Ohio Marcy Kaptur se montre confiante. Au-delà des 26 co-sponsors du projet de loi dont elle dispose déjà, elle pense pouvoir en trouver beaucoup d’autres.

Inscrit dans les plateformes politiques des deux candidats à la présidentielle américaine, le sujet dépasse de loin les clivages traditionnels. Ainsi, c’est aux cotés du député républicain de la Caroline du Nord Walter Jones, une figure hautement respecté pour son intégrité, de la députée démocrate d’Hawai Tulsi Gabbard et du député démocrate de l’Ohio Tim Ryan que Marcy Kaptur a déclaré :

Le président Donald Trump a même soutenu un appel pour un ‘Glass-Steagall du XXIe siècle’ lors de son allocution à Charlotte en Caroline du Nord. (…) Nous avons une obligation de travailler avec lui pour atteindre cet objectif.

En même temps, Bill Jones, le correspondant de l’Executive Intelligence Review (EIR), l’hebdomadaire fondé par l’homme politique américain Lyndon LaRouche, a pu interroger le porte-parole de la Maison Blanche Sean Spicer lors de sa conférence devant toute la presse américaine (voir vidéo sur C-Span ci-dessus) sur les propos pour le moins ambigu de celui qui est pressenti à devenir le prochain secrétaire au Trésor Steve Mnuchin.

Lors des auditions en vue de sa confirmation par la Commission des finances du Sénat américain, Mnuchin, interrogé par la sénatrice Maria Cantwell, avait déclaré qu’il était hors de question de revenir au Glass-Steagall des débuts et qu’il préférait de loin la « règle Volcker », une construction réglementaire visant à encadrer les risques de la spéculation tout en maintenant en vie ce qui est devenu pour la finance mondialisée sa poule aux œufs d’or.

Pressé de répondre, Spicer a précisé que Mnuchin sera au service de Trump et que Trump n’abandonne pas le projet. La réponse a été suffisamment tranchante pour semer la panique à Wall Street.

Etant donné qu’une quinzaine de membres de la nouvelle administration ont travaillé à un moment donné de leur vie pour la banque d’affaires newyorkaise, Goldman Sachs, a fait naître l’illusion que les privilèges des nantis de Wall Street seraient hors d’atteinte. C’est mal connaître Trump qui se rappelle très bien que la candidate ayant recueilli le plus d’argent des grandes banques était Hillary Clinton.

Nouvelle Solidarité N° 10/2013 - s’abonner.

Un article, avec une vidéo, posté sur le site CNN Money intitulé « Trump va-t-il couper en deux les grandes banques » rapporte que Jamie Dimon, le grand patron de JP Morgan, a demandé une audience avec Trump pour lui dire tout le mal qu’il pense de Glass-Steagall et pourquoi ce serait une catastrophe pour les banques de se lancer là dedans.

Dimon a raison sur un point : la mise en place d’un Glass-Steagall Act N° II implique que les Etats-Unis recouvrent leur souveraineté monétaire. Depuis 1912, les Etats-Unis n’ont pas de véritable banque centrale mais une « réserve fédérale », c’est-à-dire un syndic de banquiers gérant leur propre secteur.

Depuis Lincoln, pour contourner les banquiers de New York, les Présidents ont fait appel au Trésor et à des institutions de crédit publiques ou semi-publiques. Au-delà de la structure propre des banques, c’est donc tout le système de crédit qui est appelé à se réformer. A nous d’aider ceux qui veulent s’y engager.

Le Comité d’action politique de Lyndon LaRouche (LPAC) a lancé une pétition, il va à la rencontre des élus et se mobilise pour bloquer la nomination de Mnuchin, un homme qui a été au coeur du scandale des subprime en 2008 et qui a travaille pendant quinze ans avec le milliardaire américain George Soros.

En réalité, il suffirait qu’un seul sénateur mette son veto pour que sa nomination soit bloquée.