Allemagne : la proposition de LaRouche pour la Deutsche Bank fait école

jeudi 20 octobre 2016

Trois mois après le lancement de la proposition de Lyndon et Helga LaRouche présidente du Mouvement des droits civiques/Solidarité (Büso), pour assainir la Deutsche Bank et la réorienter sur sa tradition industrielle, des voix de gauche et de droite s’élèvent dans le même sens en Allemagne.

« Patriotisme économique »

La plus marquante est celle de Wolfgang Reuter, rédacteur-en-chef de l’hebdomadaire Focus qui, dans un article du 16 octobre, proposait que la banque renoue avec la pratique qui était la sienne avant l’assassinat, en novembre 1989, de son PDG d’alors Alfred Herrhausen. Par la suite, décrit Reuter, « deux banques d’affaires » acquises par la DB, Morgan Grenfell de la City et Bankers Trust de Wall Street, sont devenues « le cancer » ayant rongé le « patriotisme économique » avec lequel la banque avait financé le développement industriel allemand depuis sa création en 1870. « En un mot, il s’agit d’une aberration jamais corrigée, une acquisition inversée » par lequel les objets de la prise de contrôle prirent le contrôle, et la DB a « perdu ses racines. » Puis la banque a été pillée en règle : la rentabilité de ce secteur n’a jamais atteint le montant des primes dont ont bénéficié ses opérateurs - 50 milliards d’euros depuis 1999.

Selon Reuter, l’industrie allemande devrait acquérir 30% du capital social de la DB, maintenir quelques activités de banque dite « universelle », mais cesser définitivement toute opération sur valeurs mobilières et produits dérivés. De telles mesures, un « inversement de l’acquisition inversée », seraient de portée « patriotique » à l’instar de la fondation même de la banque. Sous le titre « Le capitalisme rhénan à la rescousse », Reuter souligne que lorsque l’industrie et le gouvernement ont collaboré étroitement, tel que pour le consortium Airbus, cela a toujours profité à l’Allemagne. « Pourquoi pas maintenant ? » Sinon, la DB sera sans doute dévorée par une banque étrangère :

Le pays doit-il laisser faire ? L’Allemagne et son industrie devraient avoir un peu plus de respect de soi et de volonté de survivre.

« Le capitalisme rhénan à la rescousse »

Nouvelle Solidarité N°18, 2016 - Pour s’abonner cliquez ici.

Dans le Spiegel du 12 octobre, Sahra Wagenknecht, présidente du parti Die Linke (La Gauche), et le membre du Parlement européen Fabio De Masi, proposent la nationalisation temporaire de la DB ; ils accusent le Parlement européen et le Bundestag d’avoir failli à leurs obligations, en refusant de séparer les activités spéculatives des banques des activités de dépôt. Permettre à des investisseurs étrangers de prendre une part plus importante de la DB, qu’ils soient du Qatar ou de Wall Street, ne servirait qu’à empirer le risque systémique – « comme si on allumait les climatiseurs dans une chambre pleine de malades atteints de la grippe ». Fabio De Masi a déjà appelé par le passé à la nationalisation de la DB et une séparation des activités de dépôt et d’investissement.

Et en France...

En France, ce qu’avait proposé Jacques Cheminade en 2012 sur le Glass-Steagall, revient aussi d’actualité, puisque « la séparation des banques » figure parmi les dix mesures prioritaires du programme de Jean-Luc Mélenchon pour la présidentielle 2017. En plus de cette proposition votée à plus de 31 % par les militants à sa Convention de la France insoumise à Lille, le candidat souhaite créer un pôle public bancaire.