La « dame de la Route de la soie » invitée à exposer la vision de LaRouche en Chine

lundi 15 septembre 2014, par Helga Zepp-LaRouche

Helga-Zepp LaRouche, le 5 septembre 2014, lors de son intervention sur les perspectives de la Nouvelle Route de la soie au China Investment Forum de Beijing.
Institut Schiller

La fondatrice de l’Institut Schiller Helga Zepp-LaRouche a été invitée à participer à un forum organisé par la revue China Investment le 5 septembre en Chine, sur le thème « Une Ceinture, une Route ». La revue est publiée par le Comité national pour le développement et la réforme, le principal comité de planification du Conseil d’Etat et du gouvernement chinois. Ce forum était le premier de ce qui deviendra un événement annuel, qui rassemblera dorénavant les chercheurs de plusieurs groupes de réflexion chinois et qui auront pour mission de développer un programme pour la Ceinture économique de la Route de la soie du président Xi Jinping.

La présentation d’Helga Zepp-LaRouche, portant sur l’importance stratégique globale du programme chinois pour une Route de la soie, a été précédée d’une introduction du Pr. Bao Shixiu, qui a souligné le rôle particulier qu’ont joué Lyndon LaRouche et son épouse dans la création de l’idée même de la Nouvelle route de la soie dès le début des années 1990. Il a rappelé que Mme Zepp-LaRouche était venue à Beijing pour présenter elle-même cette idée lors d’une conférence en 1996.

Les crises qui se sont succédées depuis lors ont empêché l’émergence d’un nouvel ordre mondial fondé sur la paix et le développement, a poursuivi tout de suite après Mme Zepp-LaRouche, mais le discours prononcé par le président chinois Xi Jinping l’an dernier à Astana, au Kazakhstan, dévoilant son projet de Ceinture de nouvelle Route de la soie, a permis d’insuffler un nouvel optimisme et de transformer le monde.

La présidente de l’Institut Schiller a ensuite décrit la nature de la crise financière qui sévit depuis 2008 et averti contre le danger d’une crise encore plus violente dans la période à venir. Elle a esquissé les « quatre lois » élaborées par Lyndon LaRouche pour neutraliser une bonne fois pour toutes ce danger et pour préparer les conditions d’une prospérité future. Ces quatre lois que doivent adopter rapidement les États-Unis sont : une séparation bancaire de type Glass-Steagall ; la création d’une banque nationale inspirée de celle du premier secrétaire au Trésor américain Alexander Hamilton ; une politique de crédit à long terme pour l’investissement dans l’infrastructure ; et une politique de recherche scientifique à grande échelle, reposant sur la maîtrise de la fusion nucléaire et l’exploitation des ressources en hélium-3 présentes sur la Lune.

Elle a ensuite insisté sur le fait que le projet de Nouvelle route de la soie devra être conçu de manière à enterrer les vieilles analyses géopolitiques (héritées de l’Empire britannique) et à satisfaire les critères d’un nouveau paradigme intégrant comme seule préoccupation l’intérêt général de l’humanité.

Le discours d’Helga Zepp-LaRouche, d’une durée de 10 minutes, a permis de transformer le débat et de neutraliser les habituels pièges de la géopolitique, qui définit le monde (et en particulier l’Eurasie) comme un gigantesque terrain d’affrontement entre grandes puissances. Plusieurs orateurs se sont référés par la suite à ce discours pour faire ressortir la philosophie nouvelle devant servir de fondement à la Ceinture de la nouvelle route de la soie.

De nombreux participants, dont plusieurs jeunes, sont allés voir Mme Zepp-LaRouche lors du banquet qui a suivi la conférence pour lui faire part de leur appréciation et la remercier pour avoir souligné ce point fondamental. Plusieurs représentants du corps diplomatique étaient présents, mais l’Institut Schiller semblait être le seul groupe de réflexion étranger.

Cette conférence fut le dernier événement de son séjour en Chine, qui s’est étendu sur une durée de presque deux semaines. Il a été précédé d’une participation à une conférence internationale sur la Nouvelle route de la soie à l’université de Lanzhou, d’un passage à l’émission d’analyse politique de CCTV sur la défaite du fascisme en Asie, d’un entretien avec China Radio International sur sa vision économique et stratégique, ainsi que de plusieurs réunions privées.

La Conférence de l’université de Lanzhou

Capitale de la province de Gansu, dans le centre-nord de la Chine, Lanzhou est située sur le fleuve Jaune et est un important carrefour routier, ferroviaire et fluvial. C’est là que fut organisée, les 25 et 26 août, une conférence réunissant une centaine de responsables et d’experts de 21 pays (dont la Chine, l’Inde, la Russie, l’Allemagne, les Etats-Unis et le Royaume-Uni), également sur le thème « Une ceinture, une route ». Organisée par l’université de Lanzhou et la Fondation China Soong Ching Ling, la conférence était composée d’une session plénière et de trois forums sur les échanges culturels, la coopération régionale, et la coopération entre les universités. Mme Zepp-LaRouche est intervenue dans le forum sur les échanges culturels, et a parlé de la « Route de la soie au 21e siècle comme pierre angulaire de la paix et de la sécurité ».

Ont également participé à cette conférence le ministre chinois de l’Education Du Yubo ; le vice-gouverneur de la province de Gansu Xian Hui ; le vice-président de l’Université de Lanzhou Wang Cheng ; un représentant du département d’économie internationale au ministère des Affaires étrangères, Diao Junshu ; le président de la Société nationales des chemins de fer russe Vladimir Yakounine ; un membre de la direction de l’Académie russe des sciences, Gennady Matishov ; ainsi que plusieurs autres.

Selon le China Daily, le principal point d’attention de la conférence tournait autour du principe de « négociation mutuelle, ainsi que du développement conjoint et du partage des ressources, dans le contexte d’une coopération approfondie entre la Chine et les autres pays traversés par la Route de la soie ». L’idée est de concevoir la construction de la Ceinture économique de la Route de la soie grâce au partage des ressources en matière d’éducation, de la coopération scientifique et technique et de la communication au plus haut niveau entre les personnels impliqués.

Interventions dans les médias

Mme Zepp-LaRouche s’est ensuite rendue à Beijing, où elle a accordé deux interviews importantes. La première eut lieu dans le cadre d’une table ronde à l’émission « Dialogue – Ideas Matter » diffusée le 3 septembre, jour férié national pour commémorer la défaite du fascisme en Asie au cours de la deuxième guerre mondiale. Y ont participé également Wenzhao, chercheur associé à l’Académie chinoise des sciences sociales, ainsi que Yoichi Shimatsu (par liaison satellite), ancien rédacteur du Japan Times Weekly.

Répondant à une question sur l’attitude belliqueuse du gouvernement japonais à l’égard de la Chine, la présidente de l’Institut Schiller a souligné de manière plus générale que le « pivot asiatique » de Barak Obama repose sur la nouvelle doctrine militaire de l’AirSeaBattle, une source d’instabilité dans la région. Obama a annoncé en avril dernier, a-t-elle rappelé, que les États-Unis ont remplacé leur politique de neutralité dans les disputes territoriales entre la Chine et le Japon, par un soutien aux revendications territoriales japonaises.

Lorsqu’on lui a demandé comment les relations entre la Chine et le Japon pouvaient être améliorées, Mme Zepp-LaRouche a cité le cas des crimes nazis commis par son propre pays, l’Allemagne, et la manière dont ces crimes ont été reconnus, ce qui lui a permis de regagner la confiance de la communauté internationale. Elle a demandé qu’une Commission soit créée pour conduire une étude honnête et indépendante sur les massacres de Nanking (1937), comme point de départ pour rétablir la confiance entre les deux pays, et rappelé que dans un âge dominé par la bombe thermonucléaire les disputes ne peuvent pas être résolues par la guerre mais par des moyens politiques, que ce soit en Asie ou en Ukraine. La réinterprétation par le Premier ministre Shinzo Abe de la constitution pacifique héritée par la Japon après la guerre, ainsi que l’attitude de l’Otan à l’égard de la Russie, font partie d’un paradigme pouvant conduire le monde au bord de la catastrophe, a-t-elle conclu.

Lors de la dernière partie de la discussion, Mme Zepp-LaRouche a été invitée à se prononcer sur la question de l’« Abenomics », la politique économique nommée d’après le Premier ministre japonais, ainsi que sur les conséquences de la rencontre qui venait de se terminer à Tokyo entre Abe et le Premier ministre indien Narendra Modi. Elle a fait remarquer qu’une autre dynamique est en train de s’installer dans la région Asie-Pacifique et au-delà : celle de la Nouvelle route de la soie du président chinois ; du nouveau partenariat entre la Russie et la Chine ; et de l’entente entre les BRICS et plusieurs autres partenaires pour la création d’une Nouvelle banque de développement et de la Banque asiatique d’investissement dans l’infrastructure. Tous ces développements sont très prometteurs et s’opposent à l’Abenomics, qui entraîne le Japon toujours plus profondément dans le système financier de Londres et de Wall Street, un système qui est sur le point de s’effondrer, a-t-elle fait remarquer. Elle a rappelé que suite au krach de 2008 les États-Unis se sont affairés à renflouer les banques, et que les plus grandes d’entre elles ont grandi de 40 % par rapport à la taille qu’elles avaient avant que n’éclate la crise. Le Japon est aujourd’hui trop étroitement lié à ce système pour ne pas être éclaboussé, alors que plusieurs autres pays ont préféré se consacrer au financement des infrastructures sur le plus long terme.

Les deux autres personnalités invitées à l’émission ont manifesté leur accord avec certaines des critiques avancées par Helga Zepp-LaRouche à l’égard de la politique économique d’Abe et d’Obama, ainsi que sur le tournant militariste de droite initié par la Japon depuis l’arrivée au pouvoir d’Abe ; mais ils se sont contentés d’espérer qu’un jour ou l’autre un relâchement des tensions entre les deux pays surviendrait, sans expliquer comment.

L’émission « Dialogue – Ideas Matter » est largement suivie en Chine même et compte 80 millions d’abonnés à l’échelle internationale. Mme Zepp-LaRouche fut également invitée à une autre émission, « News Plus », un programme populaire diffusé sur les ondes de China Radio International.