Rétablissons la loi Glass Steagall, avant le krach de 2013 !

jeudi 18 juillet 2013, par Benoit Chalifoux

Dans un rapport vidéo sur la première journée de rencontres de nos collègues du Comité d’action politique de Lyndon LaRouche (LPAC) au Congrès américain, Kesha Rogers, elle-même ancienne candidate démocrate lors des trois élections législatives précédentes, a insisté sur le fait qu’elle et ses collègues n’accepteront pas no for an answer (un « non » comme réponse) à la nécessité de rétablir la Loi Glass-Steagall.

L’équipe, composé de six représentants nationaux du LPAC, a multiplié hier les rencontres avec 25 députés ou leurs assistants, et entend poursuivre ses efforts les prochains jours. Rogers a également appelé tous les Américains, et les citoyens d’autres pays, à contacter les sénateurs et députés pour accroître la pression.

« Adoptez Glass-Steagall avant le krach de 2013 »

C’est avec cette bannière que le LPAC a décidé d’attaquer sa semaine de mobilisation, afin de bien faire comprendre à ses interlocuteurs l’urgence de la situation et les conséquences de l’inaction du Congrès face à un krach bancaire de plus en plus prévisible.

Des délégations de militants de plusieurs Etats américains sont venues prêter main forte aux six représentants du LPAC, en provenance du Connecticut, Delaware, Maryland, New Jersey, New York, Pennsylvanie, Virginie, Virginie occidentale, et d’ailleurs. Une description livide des conditions économiques sur le terrain a provoqué quelques réactions, mais les délégués rapportent que les élus « sont largement déconnectés de la situation réelle, en particulier des conséquences de leurs décisions économiques ».

Lors d’un bilan des opérations militantes, l’économiste américain Lyndon LaRouche a fait remarquer qu’aux députés un peu trop à l’écoute du monde financier, il faut rappeler l’état de colère sourde d’une grande partie de la population américaine face à des conditions qui ne cessent de se détériorer, provoquant même une baisse de l’espérance de vie dans certaines régions du pays, selon une étude récente. Et d’ajouter que nous ne répondrons pas de leur vie lorsque la population se rebellera contre eux.

LaRouche a également proposé de rendre publiques les contributions des grandes banques de Wall Street aux campagnes électorales de certains députés, en particulier ceux qui siègent à la Commission financière de la Chambre des représentants, où se trouve actuellement bloquée la proposition de loi H.R. 129 en faveur du Glass-Steagall qui a été déposée en janvier dernier et qui bénéficie pourtant du soutien de 70 députés.

Des médias de plus en plus « branchés »

La couverture médiatique sur la séparation bancaire continue pour sa part à s’intensifier à travers le pays, avec en particulier une entrevue de la National Public Radio avec Allan Sloan, l’économiste en chef de la revue du monde des affaires Forbes. Interrogé sur la pertinence de la règle Volcker qui prévoit un cloisonnement poreux entre les activités commerciales et d’investissement, Sloan a répondu qu’il la considérait comme inapplicable, préférant la séparation complète prônée par le vice-président du fonds de garantie des dépôts Thomas Hoenig (et par le LPAC) comme seule solution véritable à la crise. Même le magazine Time, traditionnellement très proche de l’establishment de Wall Street, laisse entendre que si la sénatrice Elizabeth Warren « est capable d’utiliser son influence pour mobiliser le soutien du public en faveur de Glass-Steagall, il serait dans ce cas insensé de s’opposer à cette réforme sous le seul prétexte qu’elle ne serait pas magique ».

La sénatrice, à l’origine avec trois autres sénateurs d’une proposition de loi au Sénat et reconnue pour son opposition à la domination des grandes banques de Wall Street, a déclaré dans une interview à la chaîne télé MSNBC que « les quatre grandes institutions financières du pays sont aujourd’hui 30 % plus grosses qu’elles ne l’étaient il y a cinq ans ».

Toujours le même mensonge

Le journal Politico, consacré à l’actualité de la capitale fédérale Washington, n’a pour sa part pu se retenir de colporter le mensonge maintes fois répété depuis plusieurs années par les opposants à Glass-Steagall, incluant en France, selon lequel la loi n’aurait pas pu empêcher la crise de 2007-2008, puisque ce serait uniquement des grandes banques d’investissement qui auraient fait faillite, et non pas les banques commerciales.

Une assertion immédiatement réfutée par Hoenig, qui a expliqué : « Ceux qui défendent la structure bancaire actuelle insistent pour dire que la crise a été causée par des banques d’investissement comme Bear Stearns et Lehman Brothers et non pas les grandes banques commerciales. Les faits sont, toutefois, qu’indépendamment du fait que les institutions s’appelaient banques commerciales, banques d’investissement ou banques fictives, cette distinction ne faisait plus aucune différence au moment de la crise. Bear Stearns et Lehman Brothers étaient des banques commerciales dans l’essentiel. »

Les événements subséquents ont par ailleurs démontré que tel était le cas, puisque des grandes banques d’affaires telles que Morgan Stanley, ont immédiatement réclamé le statut de banque commerciale pour pouvoir empocher l’argent public mobilisé pour les renflouer.

Une autre réfutation de cet argument a été publiée par le Huffington Post le 15 juin, où le professeur d’économie au MIT et ancien économiste en chef du FMI, Simon Johnson, a expliqué que Citigroup, la mégabanque commerciale qui a joué un rôle crucial dans l’abrogation de Glass-Steagall, et qui lui a permis de devenir la plus grande banque américaine avec des actifs équivalents à 15 % du PIB américain, a eu besoin elle aussi de plusieurs plans de renflouement de la part des pouvoirs publics.

Soulignons pour terminer qu’au moment où les parlementaires français adoptaient définitivement la loi Berger-Moscovici protégeant le statut universel des banques françaises, l’ancien candidat à l’élection présidentielle Jacques Cheminade, un fervent partisan de Glass-Steagall, a fait parvenir un message à Elizabeth Warren afin de la féliciter, ainsi que ses trois autres collègues, de son initiative « inspiratrice pour nous en Europe ».