Voici le tract publié en plusieurs langues par l’Institut Schiller et diffusés lors de la conférence à Paris et des journées de mobilisation du 8 et 9 novembre 2025.
L’Occident à l’heure des choix
Faire le sale boulot pour les prédateurs financiers ou rejoindre la majorité mondiale ?
Nous célébrons en ce 11 novembre l’anniversaire de l’Armistice de 1918 qui mit fin aux combats de la Première Guerre mondiale. Celle-ci aura coûté 15 à 20 millions de vies humaines, 21 à 23 millions de blessés graves – la perte d’une génération - et des destructions dont les traces sont encore visibles aujourd’hui dans tout le nord et l’est de notre pays.
A ce qui devait être « la der des der » ont bientôt succédé les horreurs de la Seconde Guerre mondiale, se soldant par deux bombes nucléaires larguées sur Hiroshima et Nagasaki, un acte criminel gratuit ne répondant à aucune nécessité tactique mais ouvrant la voie à la course aux armements. Le coût total de cette guerre en pertes humaines est estimé à 75 millions, sans compter les blessés.
Le prix payé par l’Europe, principal théâtre des combats, a été humainement et culturellement considérable. Aussi, alors que la mémoire de ces deux guerres est toujours vivante, collectivement et individuellement, que des milliers de livres et d’études ont été publiés pour en décortiquer chacun des rouages, on ne peut que s’alarmer des déclarations des dirigeants européens envisageant froidement une nouvelle guerre, cette fois-ci contre la Russie.
Déjà, six semaines après le début du conflit en Ukraine, la manœuvre de Boris Johnson, alors Premier ministre de Grande-Bretagne, pour torpiller la perspective d’un règlement pacifique, laissait craindre le pire, la suite s’inscrivant dans une ligne qui semblait toute tracée.
Quatre mois plus tard, en juin 2022, lors du salon Eurosatory consacré à la défense et à la sécurité, Emmanuel Macron affirmait que la France devait accroître ses capacités de défense.
Puis, rejetant toutes les occasions de trouver des solutions de paix, les dirigeants européens, initialement encouragés par les Etats-Unis, adoptèrent une rhétorique de plus en plus belliqueuse, dont nous ne retenons ici que quelques interventions parmi les plus marquantes :
- Avril 2024. Josep Borrell, haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères, dans le Financial Times : « Une guerre conventionnelle de haute intensité en Europe n’est plus une utopie. »
- Juin 2024. Général Sir Roly Walker, chef d’état-major général de l’Armée britannique, dans The Times : « Nous devons nous préparer à ce que la guerre éclate en Europe dans les deux ans. Ce n’est pas une spéculation alarmiste, c’est une évaluation réaliste. »
– Janvier 2025. Anders Fogh Rasmussen, ancien secrétaire général de l’OTAN, à la BBC : « Si la Russie gagne en Ukraine, elle ne s’arrêtera pas là. Une guerre directe entre l’OTAN et la Russie deviendrait inévitable dans les années à venir. »
– Février 2025. Boris Pistorius, ministre allemand de la Défense, lors d’une conférence à Bruxelles : « Personne ne veut la guerre, mais nous ne pouvons plus exclure qu’elle vienne à nous. L’Allemagne doit être prête, avec ses alliés, à défendre l’Europe de l’Est – y compris avec des troupes allemandes au combat. »
Le point culminant, pour la France, a été tout récemment atteint, le 23 octobre 2025, par Fabien Mandon, chef d’état-major des Armées, lors de son audition devant la commission de la Défense de l’Assemblée nationale :
Il ne sert à rien d’épiloguer sur l’incroyable frivolité avec laquelle certains dirigeants européens envisagent une guerre avec la Russie, tant que l’on passe sous silence la vision géopolitique à l’origine des deux guerres mondiales. C’est à l’Empire britannique que l’on doit ces guerres, jouant sur les faiblesses des autres puissances, à ses manœuvres pour empêcher l’émergence de toute puissance rivale et à son absence d’opposition à l’ascension d’Adolf Hitler. Il a pu trouver dans d’autres pays, notamment en France, des relais dont la volonté de puissance concordait avec cette vision.
C’est ce qu’avait compris le Conseil national de la Résistance en 1945, lorsqu’il avait désigné les féodalités de l’argent comme responsables de la guerre. C’est également ce qu’avait compris le président américain Franklin Delano Roosevelt, lorsqu’il avait promis de s’attaquer dès la fin de la guerre au système colonial de l’Empire britannique et aux colonisateurs français, hollandais et portugais.
Mais, dira-t-on, quel rapport avec aujourd’hui ?
Entre crise de la dette, casino spéculatif, méga-bulles financières, pillage des actifs tangibles et recours désespéré aux cryptomonnaies pour continuer à faire tourner la machine, le système financier est condamné à exploser, créant ainsi les conditions d’une nouvelle guerre mondiale, dirigée prioritairement contre toute puissance rejetant ce système de pillage.
En effet, du point de vue du casino financier et, surtout, du point de vue impérial, la montée en puissance des BRICS, notamment de la Chine, ne peut être interprétée que comme une menace. Le développement de pays qui étaient récemment encore d’anciennes colonies, comme une insupportable tromperie, et leur volonté de s’affranchir comme la preuve de leur insigne faiblesse vis-à-vis « d’autocraties » ne partageant par « nos valeurs ».
Rappelons qu’il n’y a aucune fatalité à la guerre. Il n’y a que l’ignorance soigneusement entretenue des populations et la peur de l’autre instillée par ceux qui ont intérêt à jeter les pays les uns contre les autres.
Et, bonne nouvelle, l’antidote est disponible : le nouveau paradigme de paix par le développement mutuel impulsé par les BRICS, dont les résultats tirent d’ores et déjà le monde vers le haut. L’ignorance y est remplacée par le désir de s’éduquer pour bâtir une prospérité commune et, à la haine de l’autre se substitue l’envie de travailler ensemble pour bâtir le futur.
Que le monde occidental cherche à détruire cette dynamique et c’est lui qui sera rejeté de l’histoire.
Le « poète de la Liberté » Friedrich Schiller disait qu’il fallait être « patriote de son pays et citoyen du monde ». C’est à ce titre que nous rejetons la volonté de guerre d’un petit nombre, d’autant plus résolument qu’elle ne pourrait se conclure, à l’heure de l’arme nucléaire, que par l’annihilation de l’humanité.
En ce jour si symbolique, nous, patriotes de nos pays et citoyens du monde, appelons à rendre justice aux millions de victimes de ces deux guerres inutiles en nous engageant à reprendre en main le destin commun de l’humanité.
En particulier, nous appelons à mettre en place une nouvelle architecture de sécurité et de développement internationale prenant en compte les intérêts de chaque pays.
Mobilisons-nous pour elle.



