Conférence de Paris du 8 et 9 novembre 2025

José Vega : un Américain à Paris

samedi 29 novembre 2025

José Vega lors de son intervention à la conférence de Paris.
S&P.

Intervention de José Vega, dirigeant du Mouvement des jeunes larouchistes, candidat à la Chambre des représentants des États-Unis pour le 15e district de New York (Bronx), lors de la conférence organisée par S&P et l’Institut Schiller à Paris, les 8 et 9 novembre 2025.

Bonjour à tous, je tiens à vous remercier pour cette merveilleuse conférence et pour l’opportunité qu’elle m’offre de partager le podium avec mes collègues.

Avant tout, il est toujours bon de savoir que je participe à un processus qui ne se limite pas à un seul pays ni à un seul peuple.

Que ce soit dans le Bronx à New York ou à Paris, à Berlin, en Chine, au Mexique ou en Afrique du Sud, je suis fier que des personnes de nombreux pays du monde entier soient présentes et se joignent à nous aujourd’hui.

Il est important de se rappeler que je participe à un processus international qui transcende les frontières. Ce sont les idées qui nous ont permis d’en arriver là où nous sommes aujourd’hui. Ce sont les idées qui nous font avancer. C’est une leçon que j’ai apprise au cours de mes douze ans d’engagement au sein du mouvement LaRouche.

Me voici donc en France, un magnifique pays que j’ai eu le plaisir de commencer à découvrir. Je suis passé devant le Louvre et cela m’a rappelé les relations qu’avaient nouées Samuel Morse et James Fenimore Cooper.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, voici le contexte.

Nous sommes dans les années 1830. Les États-Unis n’ont leur Constitution que depuis cinquante ans. C’est un pays jeune, comparé aux pays contemporains, encore gouvernés par des monarchies. De plus, il incombe aux citoyens de défendre la République. Certains Américains en étaient conscients.

C’est ainsi qu’entrent en scène Samuel Morse, inventeur et peintre américain, et son ami James Fenimore Cooper, célèbre écrivain américain de l’époque, auteur du Dernier des Mohicans, que l’on trouvait dans toutes les librairies parisiennes lorsqu’il arriva en Europe en 1826.

Samuel Morse et James Fenimore Cooper se rencontrèrent pour la première fois à Washington, D.C., en 1824, lorsque le marquis de Lafayette fit son retour triomphal de France et effectua une tournée aux États-Unis pour soutenir John Quincy Adams dans son élection à la présidence des États-Unis.

Morse et Cooper devinrent amis et voyagèrent ensemble à travers l’Europe. Ils passèrent tous deux beaucoup de temps à Paris. Cooper consigna sa routine dans son journal :

« Je me lève à huit heures, je lis les journaux et déjeune à dix heures, je me mets à écrire à dix heures et demie, travaille jusqu’à treize heures, enlève ma robe de chambre, enfile mes bottes et mes gants, prends ma canne… et vais au Louvre, où je trouve Morse perché sur un pupitre. Je m’assieds à califourchon sur un siège et je l’ennuie. »
Samuel Morse, La galérie du Louvre, 1831.

À quoi Cooper fait-il allusion ?

« En novembre 1829, l’artiste américain Samuel F. B. Morse, âgé de 38 ans, embarqua pour un voyage de 4800 kilomètres (3000 milles) en 26 jours, de New York à Paris. Il entendait réaliser l’ambition inscrite sur son passeport : sa profession, déclarait-il, était celle de "peintre d’histoire".

« À Paris, Morse se lança un défi de taille. En septembre 1831, dans les salles aux hauts plafonds du Louvre, les visiteurs furent témoins d’un spectacle curieux. Juché sur un échafaudage mobile de sa propre conception, Morse achevait ses études préparatoires, esquissant les contours de 38 tableaux accrochés à différentes hauteurs sur les murs du musée : paysages, sujets religieux et portraits, dont la Joconde de Léonard de Vinci, ainsi que des œuvres de maîtres tels que Titien, Véronèse et Rubens. Travaillant sur une toile de 1,80 m sur 2,70 m, Morse réalisait une vue intérieure d’une salle du Louvre, un espace abritant sa représentation à échelle réduite d’œuvres des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. Même la menace d’une épidémie de choléra ne ralentit pas son rythme.

« Le 6 octobre 1832, Morse embarqua pour New York, son tableau inachevé, La Galerie du Louvre, soigneusement rangé en cale. Cette œuvre « splendide et précieuse », écrivait-il à ses frères, était presque terminée. Cependant, lorsqu’il dévoila le fruit de son travail le 9 août 1833 à New York, ses espoirs de gloire et de fortune furent anéantis. Le tableau ne fut vendu que 1300 dollars. Il en avait fixé le prix à 2500… »

Aussi amusante que soit cette anecdote, quelqu’un d’autre a également séjourné à Paris : Edgar Poe, autre auteur célèbre aux États-Unis, contemporain de James Fenimore Cooper, notamment.

Edgar Allen Poe
Library of Congress

Vous connaissez sans doute le célèbre écrivain Alexandre Dumas. Eh bien, il a relaté dans son journal sa rencontre avec Edgar Poe :

« C’était aux alentours de 1832. Un jour, un jeune Américain se présenta chez moi, recommandé par son compatriote, le célèbre romancier Fenimore Cooper. Inutile de dire que je l’accueillis à bras ouverts. Il s’appelait Edgar Poe. Dès le premier instant, je compris que j’avais affaire à un homme remarquable : deux ou trois remarques qu’il fit sur mes meubles, sur les objets que je possédais, sur la façon dont mes affaires de tous les jours étaient éparpillées dans la pièce, et sur mes qualités morales et intellectuelles, m’impressionnèrent par leur justesse et leur vérité. Le jour même de notre rencontre, je lui offris spontanément mon amitié et lui demandai la sienne. Il devait certainement éprouver pour moi une sympathie semblable à celle que j’éprouvais pour lui, car il me tendit la main et nous nous entendîmes instantanément et pleinement. À cette époque, la santé fragile de ma mère exigeait qu’elle respire un air plus pur que celui du centre de Paris ; elle habitait dans le quartier du Luxembourg, tandis que je disposais d’une petite maison rue de l’Ouest. Je proposai à Edgar Poe de lui prêter deux chambres pendant son séjour parisien. »

Pourquoi ces gens sont-ils venus ici ? Pourquoi trouve-t-on des Américains en Europe alors que les États-Unis sont encore en formation ? Que se passe-t-il dans le monde ? Eh bien, toutes les personnes que j’ai mentionnées ne se considéraient pas comme limitées à leur seule époque contemporaine, mais comprenaient leur rôle en tant qu’acteurs historiques. Elles sont venues en France pour s’imprégner du meilleur de la culture de ce pays, afin de le rapporter à cette jeune nation, car elles savaient qu’il leur fallait bâtir une culture et une société en puisant le meilleur de chaque culture.

Je repense à ce tableau. Son prix initial était de 2500 dollars, mais sa valeur (il fut vendu en 1982 pour la somme record de 3,2 millions de dollars) n’est pas monétaire. Cette œuvre témoigne de l’alliance qui unissait Lafayette, Cooper, Samuel Morse, Washington Irving, Edgar Poe et d’autres, parfois désignée sous le nom de Société de Cincinnatus.

Et cela m’inspire, car en observant le monde d’aujourd’hui, en vous voyant tous présents dans cette salle, je comprends que ce dont nous avons besoin, ce n’est ni de partis ni de factions, mais d’une nouvelle « École d’Athènes ».

Grâce à elle, nous pourrons faire dialoguer les meilleures idées du passé avec les nouvelles générations afin de faire renaître le meilleur de la culture contemporaine. C’est ce que les Américains venus à Paris ont compris. Et c’est ce que je comprends également.

J’espère donc apprendre beaucoup ici et auprès de chacun d’entre vous, mes collègues que je rencontre pour la première fois, afin de rapporter ces idées aux États-Unis et de contribuer à la construction de notre École d’Athènes internationale.

Merci à tous.