Intervention de Dora Muanda, biologiste, conseillère du ministère de l’Education et de la Nouvelle citoyenneté, RDC, lors de la conférence internationale organisée par S&P et l’Institut Schiller à Paris, les 8 et 9 novembre 2025.
Excellences, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, distingués invités,
chers participants, bonjour.
C’est un honneur pour moi de m’adresser à vous, au nom du ministère de l’Éducation nationale et de la Nouvelle citoyenneté de la République démocratique du Congo, et de vous transmettre les salutations fraternelles de Son Excellence Madame Raïssa Malu Dinanga, notre ministre.
Permettez-moi de commencer ce discours en remerciant l’institut Schiller pour l’organisation de cette conférence internationale sur la position de l’Afrique en tant que majorité sur l’échiquier mondial et pour l’initiation de cette réflexion de haut vol pour l’émancipation et la paix.
Ce thème résonne profondément avec la vision éducative de notre pays. Car pour nous, en République démocratique du Congo, l’éducation est la clé de la paix, de la dignité et du développement durable. C’est à travers elle que nous préparons des citoyens capables de construire un avenir pacifique, juste et solidaire, pour la RDC comme pour l’Afrique tout entière.
Permettez-moi de décrire les réformes éducatives que je qualifie d’historiques, pour lesquelles notre pays s’est engagé depuis juin 2024 et qui sont fondées sur une conviction simple mais puissante : pour transformer la nation, il faut d’abord transformer son système éducatif.
Ce virage que nous prenons repose sur une approche intégrée qui agit simultanément sur quatre leviers : l’accès, la qualité, la gouvernance et la résilience.
La première étape de cette transformation a été la consolidation de notre socle stratégique. Le pays possède déjà depuis 2016 ce qu’on appelle une Stratégie sectorielle de l’éducation et de la formation. Ce document a posé les fondations d’un système inclusif et équitable. Mais le Plan quinquennal que nous avons élaboré pour 2024-2029 a donné à ces ambitions premières un nouveau souffle, en inscrivant notre action dans une vision claire : une éducation inclusive, équitable, moderne et résiliente.
Ce plan s’articule autour de cinq priorités : moderniser les infrastructures et les outils numériques, renforcer la formation et la professionnalisation des enseignants, réviser les programmes scolaires, promouvoir une citoyenneté responsable et développer les compétences numériques et vertes nécessaires à la transition du pays vers un avenir durable.
Au cœur de cette stratégie se trouve la professionnalisation du corps enseignant.
C’est dans cette perspective qu’a été adoptée la Politique nationale de formation continue des enseignant(e)s du secondaire (PNFCES 2025-2029), qui consacre la formation continue comme un droit et un devoir. Cette politique relie la formation à la progression de carrière, harmonise les pratiques et renforce la qualité des apprentissages à tous les niveaux.
Elle fait de l’enseignant non seulement le pilier du système, mais aussi le premier acteur du changement.
En parallèle, notre gouvernement a adopté une approche plus holistique de l’éducation, en plaçant le bien-être de l’élève au centre de nos politiques. Nous voulons augmenter la rétention scolaire de nos élèves, même dans les milieux les plus populaire.
Or nous savons tous à quel point il est difficile de rester concentré lorsque le ventre est vide, c’est pourquoi nous avons mis en place la Stratégie nationale de l’alimentation scolaire : elle fait du repas scolaire un levier d’équité, de santé et de réussite. En favorisant les circuits de production locaux, nous espérons relier l’école à la communauté, l’apprentissage à la dignité et la nutrition à la productivité nationale.
Mais l’éducation doit aussi être protégée contre les crises. Notre Stratégie de l’éducation et de la formation en situation d’urgence garantit désormais la continuité des apprentissages pour les enfants touchés par les conflits, les catastrophes ou les déplacements forcés. Elle prévoit des espaces d’apprentissage temporaires, un accompagnement psychosocial et des dispositifs de gouvernance préventifs, afin que nul enfant congolais ne soit privé de son droit à apprendre, même dans l’adversité.
Sur le plan institutionnel, une réforme majeure a été celle de la rationalisation des bureaux gestionnaires. Elle vise à rendre notre administration plus cohérente, plus transparente et plus efficace. Pendant trop longtemps, la prolifération désordonnée de structures locales avait engendré des doublons, des lenteurs et des pertes de ressources.
Aujourd’hui, grâce à cette rationalisation, la création et la gestion des établissements scolaires répondent à des critères clairs de légalité et de viabilité.
Un nouveau Manuel de procédure encadre désormais la création et l’agrément des écoles publiques et privées, garantissant que chaque établissement soit reconnu, suivi et accompagné dans le respect de la carte scolaire et des besoins réels du pays.
Cette volonté de transparence s’est aussi traduite par une modernisation profonde de nos processus d’évaluation. L’Examen d’État, moment symbolique du parcours scolaire congolais, a été entièrement réformé pour entrer dans l’ère numérique. L’introduction de l’intelligence artificielle dans la correction des épreuves et la délivrance d’e-diplômes sécurisés via la plateforme diplome.cd garantissent aujourd’hui une évaluation rapide, équitable et infalsifiable.
Chaque diplôme congolais est désormais authentifiable en ligne, grâce à la blockchain — un progrès majeur qui renforce la crédibilité du système éducatif de la RDC sur la scène internationale.
Enfin, pour garantir le droit à l’éducation à chaque citoyen, où qu’il vive, la RDC a institutionnalisé l’Enseignement à distance (EAD). Cette réforme, adoptée en février 2025, ouvre de nouvelles perspectives pour les élèves vivant dans des zones enclavées, en situation de handicap ou affectés par des crises.
Le dispositif combine plateformes numériques, émissions radio et télévision éducative, ainsi que des cahiers d’apprentissage imprimés, afin que chacun puisse apprendre, même sans connexion internet. C’est une réforme profondément inclusive, qui traduit notre volonté de bâtir un système véritablement résilient et équitable.
Mesdames et Messieurs,
Ces réformes ne sont pas de simples initiatives techniques. Elles forment un tout cohérent, une architecture de transformation systémique, où chaque politique renforce l’autre : professionnaliser les enseignants, nourrir les élèves, sécuriser les écoles, numériser les évaluations et garantir la transparence de la gouvernance. L’ensemble constitue un modèle éducatif congolais en pleine renaissance, un modèle qui place l’humain, la confiance et la responsabilité au cœur du développement national.
Sous le leadership de notre président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, la République démocratique du Congo réaffirme sa conviction : même dans l’épreuve, face aux blessures de la guerre et à la fragilité de la paix, c’est par l’éducation, la connaissance et la créativité que notre nation veut construire durablement la paix et l’avenir.
Je vous laisse en prononçant la devise de notre ministère :
Nous sommes l’Éducation nationale.
Nous préparons l’avenir de nos enfants.
Nous construisons la Nation.
Je vous remercie



