Intervention de Jacques Cheminade, président de Solidarité & Progrès, lors de la conférence internationale de Paris organisée par S&P et l’Institut Schiller, les 8 et 9 novembre 2025.
Nous sommes tous mortels et l’histoire est tragique. Si nous en restions là, nous deviendrions moins que des animaux, infectés par le confort d’un pessimisme impuissant qui conduit toujours au pire. Aujourd’hui, face au risque de guerre et aux effets d’un effondrement financier inéluctable qui entraînerait toute l’économie si rien n’est fait pour l’en préserver, nous devons réagir et nous mobiliser.
Cependant, pour le faire et bien le faire, dans cette France et ce monde de cet automne 2025, notre esprit doit y être préparé. C’est le but de nos deux journées. Le défi étant bien entendu dans notre pays mais encore davantage à l’échelle du monde, car nous sommes en ce XXIème siècle tous sur un même bateau, comme l’équipage dans le Quart Livre de Rabelais, sauvé par un Pantagruel qui prend le gouvernail car il sait que sa responsabilité est de devenir « coopérateur avec Dieu » — on pourrait aussi dire, pour ceux que ce mot perturbe, coopérateur avec le destin commun de l’humanité.
C’est pour cela que Solidarité & Progrès a invité les jeunes de l’Institut Schiller, patriotes et citoyens du monde venus de presque partout, pour sauver ensemble notre part d’immortalité, cette dette que nous avons contractée envers nos prédécesseurs et que nous devons acquitter envers les générations futures, en agissant pour une France et un monde avec les yeux du futur.
Le monde est à nouveau au bord de l’abîme nucléaire. « La guerre semble définir l’humanité tout entière » nous disent la réalité que nous percevons et le journal Le Monde.
Sur Netflix, « A House of Dynamite » imagine une attaque nucléaire sur l’Amérique. Notre ami Théodore Postol nous montre les conséquences d’une escalade nucléaire, l’anéantissement du monde.
Donald Trump vient de demander la reprise des essais nucléaires américains car il a perçu, à tort, dans le lancement du missile Bourevestnik et de la torpille Poséidon, annoncé par Vladimir Poutine, une reprise de ces essais par les Russes. Dans un monde où les missiles des grandes puissances nucléaires sont en état d’alerte permanent – tir sur simple avertissement – et où tous les traités signés pendant la Guerre froide ont été abrogés, à l’exception du New Start de 2010, dont la date butoir est le 5 février 2026. Poutine a demandé d’en prolonger pour un an les dispositions, Trump n’a pour l’instant pas répondu. Il y a environ 12 000 ogives nucléaires dans le monde et une erreur humaine peut être à tout instant fatale.
Vous noterez que pour commencer, je ne vous parle pas du budget, de la suspension de la réforme des retraites ni de la terrible crise de l’éducation et du logement social. Ce sont des questions très importantes mais dont les réponses ne sont pas déterminées par l’humeur ou les dossiers de ceux qui les traitent ou les votent. Elles s’inscrivent dans le contexte dont je vous parle.
Et l’on ne peut y répondre, comme le dit Einstein, dans les termes où le problème se pose. Le défi est de changer notre manière de penser et d’agir, inspirés par ce changement. C’est pourquoi mon engagement me rend optimiste. C’est le secret de mon activité à mon âge.
Je crois, comme Jean Jaurès
J’aime cette citation car elle nous dit qu’il faut s’y mettre.
L’espoir nous vient de cette lame de fond qui parcourt le monde. C’est l’exigence de tous les peuples qui ont été colonisés, par les armes ou par l’argent, d’exercer leur droit à l’auto-détermination et au développement.
Ce développement qui est le nouveau nom de la paix, comme Paul VI nous le rappelait dans Populorum progressio, ou comme l’exigeaient déjà les dirigeants présents à Bandung, en 1955. Cette lame de fond se manifeste au sein des BRICS, de l’Organisation de coopération de Shanghai, du groupe des 77 et, de fait, dans la majorité mondiale.
Vladimir Poutine appelle à une société « polyphonique », dans laquelle la voix de chacun sera entendue pour constituer un ensemble meilleur. Avec Lula et Xi Jinping, ils travaillent à mettre en place de nouvelles plateformes de développement et d’échanges en monnaies nationales, sur la base d’instruments de référence communs, sans le privilège exorbitant d’un dollar des marchés financiers livré aux spéculations. Et Xi Jinping, en 2017 :
Ils ont désobéi pour sauver le monde
Nous devons les écouter pour éviter une conflagration fatale entre blocs, en espérant leur apporter notre voix, ce que nous avons d’unique et sur quoi je vais bientôt revenir.
Cependant, je veux d’abord vous dire ce que peut un être humain lorsqu’il mobilise avec sang-froid sa part d’humanité, contre tout protocole préétabli. Il s’agit, pour revenir au risque que nous courons, de trois hommes qui ont sauvé le monde en refusant d’appliquer les procédures militaires, au nom du principe supérieur d’humanité. J’ai souvent pensé à eux au cours de ma vie.
D’abord deux Russes, Vassili Arkhipov et Stanislav Petrov.
En novembre 1962, pendant la crise des missiles de Cuba, Vassili, officier de la marine soviétique, se trouvait dans son sous-marin, au large des côtes américaines. Son commandant lui ordonna de lancer une torpille à tête nucléaire contre un objectif américain. Avec d’autres de ses camarades officiers, il refusa, évitant au monde une guerre nucléaire et son anéantissement.
Le 26 novembre 1983, Stanislav était de service dans son poste de détection nucléaire précoce lorsque celui-ci lui indiqua 5 missiles balistiques américains fonçant vers l’URSS, l’écran affichant le signal rouge clignotant « lancement », l’ordre de riposte. Il n’obéit pas au signal – il n’avait pas une confiance absolue dans la technologie antibalistique pour inspirer une décision de vie ou de mort – et jugea nécessaire de ne pas prévenir l’état-major qui, lui, aurait logiquement donné un ordre nucléaire de riposte. Evitant ainsi au monde une guerre nucléaire et son anéantissement.
Le troisième à décider d’une inaction salvatrice est un Américain, Leonard Perroots, officier de l’armée de l’air et agent du renseignement militaire. C’était en novembre 1983, au cours de l’exercice militaire nucléaire de l’OTAN Able Archer 83, un exercice impliquant une attaque simulée de l’URSS « par des têtes nucléaires contre des cibles fixes prédéterminées », la légende voulant que la ville russe visée soit… Kiev. Inquiètes, les forces soviétiques se mirent à penser que c’était pour de vrai, le maréchal Ogarkov rejoignit son bunker et mit ses forces en état d’alerte totale. Leonard aurait dû prévenir ses supérieurs mais il décida de ne pas le faire, mesurant les conséquences de ce qui devenait un bras de fer stupide. Evitant ainsi au monde une guerre nucléaire et son anéantissement.
Je ne mentionne pas le comportement de ces trois hommes comme une anecdote, mais pour tenter de vous faire mesurer ce qui, en chacun d’entre eux, a pu les faire désobéir aux ordres au nom d’un dessein supérieur. Et de revivre en nous-mêmes ce qu’ils ont pu éprouver.
C’était d’autant plus courageux – Stanislav le 26 septembre et Leonard le 11 novembre – que le 1er septembre de cette même année 1983, un avion civil 007 de la Korean Airlines s’étant engagé, par erreur ou parce qu’il disposait de caméras d’espionnage incorporées, au-dessus de l’espace aérien soviétique, en Asie, hors de son plan de vol, avait été abattu par un Sukhoï, tuant ses 226 passagers et 23 membres d’équipage, ce qui avait créé une tension pratiquement insupportable.
Trois exemples pour montrer le danger du nucléaire militaire, à la merci d’erreurs humaines ou de calculs cyniques. Et donc la nécessité d’appliquer le traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) du 7 juillet 2017, signé maintenant par 94 Etats. Plus de 80 l’ont ratifié (dont le Saint-Siège), alors qu’aucun des Etats nucléaires et de leurs alliés ne l’ont signé. A la veille de ce 11 novembre, commémorant le 107e anniversaire de l’armistice mettant fin à la guerre de 1914-1918, il serait temps que nous fassions prévaloir la souveraineté de tous les peuples, le respect du droit international et de la Charte des Nations unies, pour construire la paix.
Notre Coalition internationale pour la paix par le développement rejoint ainsi l’engagement du Saint-Siège et ici, en France, de l’Association républicaine des combattants pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix (l’ARAC).
Cependant, « faire la guerre à la guerre » ne suffit pas à bâtir la paix. La paix doit être portée par une dynamique positive, qui est la nouvelle architecture de développement et de sécurité mutuels que défendent ensemble Solidarité & Progrès et l’Institut Schiller.
Faire la paix
José Vega et Diane Sare témoigneront ce matin de notre combat aux Etats-Unis et cet après-midi, nos amis africains de leur volonté d’émancipation et de sortie définitive de tout colonialisme et impérialisme, en créant l’assise économique et culturelle d’Etats-nations réellement souverains. Ils seront ici les représentants de la lame de fond.
Je veux maintenant vous dire les raisons pour lesquelles le mouvement des non-alignés de Bandung de 1955 a échoué dans le passé, ainsi que le mouvement de décolonisation des années 1960-1970. La France en est un exemple patent. Nous avons décolonisé en partie dans les formes, mais non dans les principes ou les intentions. Comme le Royaume-Uni, nous avons mené des décolonisations de couleur, en soutenant les élites compradores des pays décolonisés, restant généralement à la solde du néocolonialisme et du système financier existant. Nous avons ainsi entretenu et mené des guerres criminelles pour garder le contrôle des ressources naturelles et l’échange inégal des matières premières.
Aujourd’hui, alors que dans ces pays toute une jeunesse se révolte, le moment est venu – et c’est pourquoi nous sommes ici – de faire ensemble ce qui n’a pas été fait. Non par vaine repentance morose mais par mission de justice. Avec, pour ces pays, une monnaie nationale pour eux-mêmes et par eux-mêmes, qui ne soit plus un franc CFA ou un euro de même engeance.
Encore une fois, cela exige de nous de changer de manière de penser. Laissez-moi vous le dire comme je le pense : ce sont les insuffisances dans le comportement de ceux qui ont occupé nos institutions de référence, que ce soit l’Église, le Parti communiste ou la République, qui nous ont menés là où nous sommes. Aujourd’hui, le fondamentalisme et le formalisme de ces institutions a paralysé l’esprit de création.
Répondre au cri du peuple
C’est pourquoi j’ai intitulé mon livre, Répondre au cri du peuple, car je pense que, depuis la Commune de Jules Vallès, personne n’y a vraiment répondu. Aujourd’hui, dans notre pays, tout le monde a le mot « peuple » à la bouche, mais le régime politique actuel en a peur et ses oppositions le divisent.
Vous me direz « De Gaulle ». Me souvenant d’une de mes premières campagnes, « Penser plus grand que De Gaulle », je voudrais expliquer ce que j’entendais par là, plus imparfaitement alors et que j’entends mieux aujourd’hui. Je ne veux pas bien entendu diminuer l’immense mérite du général De Gaulle, qui fut de rompre avec une règle du jeu corrompue et tenté d’en construire une autre.
Contre le nazisme, le Vichy de Pétain et l’AMGOT. Avec des compagnons à son image, les Romain Gary, Jean Moulin, Pierre Mendès-France et Marie-Madeleine Fourcade, sans oublier de prendre en compte cette opposition très dure entre communistes et gaullistes en politique intérieure, mais avec un même engagement vis-à-vis du travail humain, du développement économique et de la renaissance d’une France industrielle.
Sans oublier l’appel du 17 juin 1940 de Charles Tillon. Mais refaire ce que nos prédécesseurs ont déjà fait, devenir épigones, revient à trahir leur élan créateur. Voyez aujourd’hui : pratiquement tous les politiques prétendent admirer De Gaulle et le trahissent, ces héritiers administratifs parfois encore plus que d’autres. C’est le régime des partis, avec la soumission de tous à des fédérateurs extérieurs en prétendant se battre entre soi à l’intérieur – on a vu ainsi la NUPES, le Rassemblement national et l’extrême-centre accepter tous de participer à cette guerre provoquée en Europe, en s’accordant pour fournir des armes à l’Ukraine, cette guerre qui nous réduit à une vassalisation vis-à-vis du monde de l’argent – celui de la City et de Wall Street, qui par sa nature même nous mène à la guerre. Ne nous étonnons pas que les jeunes n’aiment pas ça.
Ils préparent la guerre
Si nous ne changeons pas de direction, nous allons inéluctablement vers la guerre. Notre chef d’état-major de l’Armée de terre, Pierre Schill, envisage le déploiement de nos soldats en Ukraine, le chef d’état-major des Armées, Fabien Mandon, envisage un choc armé dans 3 à 4 ans provoqué par la Russie, dans la logique d’un conflit de haute intensité en Europe, qui est notre hypothèse de travail depuis quelques années.
Hubert Bonneau, directeur général de la Gendarmerie nationale, est prêt à réprimer des troubles intérieurs consécutifs à cet état de guerre. Pierre Vandier, commandant suprême allié pour la transformation de l’OTAN, promeut une intégration des moyens européens et nous prie d’arrêter de « faire de l’OTAN bashing ».
Aristote et la bulle de l’économie de guerre
Alors que nos économies européennes sont en crise, les marchés financiers, eux, continuent leur hausse funiculaire, portés par les sociétés de Défense.
L’indice boursier Stoxx Europe Targeted Defense a gagné 102 % au cours des dix premiers mois de cette année ! Des fonds d’investissements spécialisés dans la défense sont créés par les banques françaises et la Direction générale de l’armement a même créé un club des investisseurs désireux de soutenir nos entreprises de défense. C’est parfaitement obscène.
C’est ici qu’apparaît notre plus terrible faiblesse, qui englobe ce que je m’efforce de vous communiquer : une forme de penser victime de l’aristotélisme, qui nous fait rester à un même niveau, celui de la non compatibilité de ce qui est contradictoire, sans réunir les ressources cognitives pour accéder à la coïncidence des opposés.
Ce sont les termes du grand penseur de l’aube de la Renaissance, Nicolas de Cues, qui changea la manière de penser. Il y a eu beaucoup d’experts universitaires de son œuvre, mais Helga Zepp-LaRouche, ici présente, a été celle qui lui a donné sa nécessaire actualité politique salvatrice, et elle vous en parlera beaucoup mieux que moi.
Je veux simplement vous dire deux choses. La première est que l’aristotélisme vous enchaîne à un niveau où l’autre ne pouvant être que contradiction – précisément parce qu’il est autre – son bonheur ne peut être compatible avec le mien dans un ordre gagnant-gagnant. Il devient donc mon « ennemi existentiel », celui que j’ai besoin de combattre pour exister.
C’est la logique de « l’anti », qui mène fatalement à la géopolitique ami-ennemi, puis à une économie de guerre et enfin à la guerre elle-même, et cette fois, tous ont des dents nucléaires. Les extraire est un combat nécessaire, mais on ne peut y parvenir qu’en les rendant inutiles, par la mise en œuvre du développement mutuel, la coïncidence des opposés à un niveau d’hypothèse supérieure.
C’était le but de notre planification indicative, mais elle demeurait linéaire, fixée à un objectif donné et sans s’élever à une dynamique réellement supérieure, ce que les penseurs chinois désignent par auto-révolution. Elle visait à réduire les incertitudes vis-à-vis d’objectifs acceptés par consentement mutuel, mais non à repenser constamment ces objectifs.
Pour accroître la capacité d’accueil d’une société en créant des ressources nouvelles, les objectifs même de cette société doivent constamment s’élever. Les opposés ne sont pas des contraires absolus, contrairement à tous les préjugés qui s’expriment entre les peuples, à ce qu’on peut voir dans notre Assemblée nationale et à son reflet dans le visage de notre président de la République, sorte d’algorithme fonctionnant au mieux dans deux dimensions et prisonnier rageur de ces axiomes répétitifs de comportement. Le problème est qu’il n’est que l’expression d’une longue série qui l’a précédé et dont notre mission est de nous libérer. En concevant l’unité de l’Humanité au-delà du multiple, avec le même potentiel pour chacun d’entre nous.
Aristote et la bulle de l’IA
La nature du défi est devenue à la fois plus élevée, plus dangereuse et mieux identifiable depuis que le domaine de l’intelligence artificielle s’est infiltré jusque dans nos vies intimes. Je ne pourrai pas m’étendre sur ce point, devenu essentiel, autant que je l’aurais voulu. Défi mieux identifiable : l’intelligence artificielle n’est que la multiplication de la manière aristotélicienne de penser à une vitesse proche de celle de la lumière. D’où son utilité, pour résoudre tout ce qui relève de la déduction et de l’induction, tout ce qui relève du « déjà existant » logique, mais aussi son incapacité à créer. Sam Altman, cocréateur d’OpenAI et père de ChatGPT le dit lui-même : « Souvent, on est tenté de la considérer comme une créature mais il ne s’agit que d’un outil ».
Lors d’une expérience récente, un ordinateur d’IA a été engagé dans une compétition avec des enfants de 3 à 7 ans. Il s’agissait de dessiner un cercle avec des outils disponibles : une règle, une théière, et trois objets sans pertinence. L’ordinateur a immédiatement classé la règle comme instrument de dessin, comme un compas, et a raté son dessin d’un cercle. Les enfants, eux, ont réfléchi et constaté que la théière était circulaire et ont effectivement tracé un cercle parfait avec son contour. L’intuition créatrice des enfants l’a ainsi emporté sur un accumulateur de données. Ajoutons un point essentiel : le rire est le propre de l’homme, or l’IA est si logique qu’elle est incapable de faire des blagues.
Cependant, le défi de l’aristotélisme boosté par l’IA est devenu bien plus élevé et plus dangereux, non parce que l’intelligence artificielle risquerait de dépasser les humains, mais parce que son usage immodéré risque de faire tomber les humains à son niveau ! Elle est partout : sur le tableau de bord de votre nouvelle voiture, sur la fusée lancée vers la Lune, dans l’électroménager de votre maison et maintenant dans la paume de votre main, via les applications d’IA. Ce qui lui donne un énorme pouvoir d’infection, lorsqu’elle tombe entre de mauvaises mains. C’est devenu un élément de nos vies. Associée au monde des écrans et des images, elle est utilisée pour créer des addictions. Sur les marchés financiers, elle a depuis plusieurs années stimulé une hausse démentielle, ne correspondant plus du tout à la réalité physique des valeurs. Elle pousse les opérateurs à opérer tous dans le même sens, que ce soit pour la valeur des cryptomonnaies ou des bourses, encourageant la cupidité des plus forts et des plus riches, sans lien avec l’économie physique, réelle !
Ainsi, il est logiquement certain qu’un jour l’accumulation d’ordres à la baisse éclatera, tous les algorithmes s’efforçant de garantir les positions de la même façon. Il s’agira fatalement d’une baisse en chute libre, les plus puissants quittant le Titanic les premiers au détriment du plus grand nombre ! Ajoutons que l’IA s’étant déjà gavée de tous les algorithmes possibles, elle doit en engendrer pour son propre usage, comme un chien qui se mord la queue. Pire encore, son propre financement est devenu circulaire, des centaines de milliards de dollars circulant en circuit fermé : je te prête ou j’investis chez toi pour que tu achètes mes produits ou que tu loues mes services et que tous nous puissions opérer sur les cryptomonnaies, qui constituent, avec les nouveaux stablecoins en dollars de la loi GENIUS, un instrument à la fois de privatisation et d’infection du dollar. Il provoquera encore plus le détachement des marchés vis-à-vis de l’économie réelle et créera avec tout le reste les conditions de son effondrement. Déjà certains se posent la question : ne trouvez-vous pas étrange que, alors que le discours dominant est que la demande de l’informatique est infinie et que tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes virtuels possible, bon, les vendeurs continuent de subventionner leurs clients ? C’est comme un engin qui, plus il avance, plus il a besoin de carburant et plus il subit de pertes.
L’économie de guerre et l’IA, un cocktail explosif
Dans le militaire, le recours à l’IA pose, en bien pire, le même défi qu’en 1962 et 1983, nos trois courageux amis ont su relever. La prochaine fois, avec des adultes qui dès l’enfance et l’adolescence ont été « processés » par l’IA, auront-ils le même sang-froid ? Prendront-ils en compte que c’est le sort de l’Humanité qui est en jeu ? Aujourd’hui, l’IA est devenue le soutien émotionnel habituel de plus d’un tiers des jeunes Américains et rentre dans leur jeu pour les rendre addictifs. 72 % y ont recours. L’association de l’IA aux jeux vidéo addictifs, aux paris financiers et à la pornographie crée un « homme abaissé » mais se croyant augmenté qui, grâce à des chatbots adaptés à la parole et aux tics verbaux des défunts, pourra même donner l’impression de leur parler. Ce commerce avec la mort est obscène.
Je ne sais pas si vous avez déjà réalisé tout cela. Cette possibilité de participer à la destruction du monde en jouant au grand jeu militaro-financier. Dans ce monde où les systèmes d’IA/GPT se sont, comme ils disent, déjà « invités dans les processus de guerre nucléaire ». Nous savons, depuis les pierres des bolas de nos lointains ancêtres, qu’une fois inventées, les technologies militaires ont toujours été utilisées.
Avec Cues et LaRouche, ramener Platon
Cette fois, pour continuer notre aventure sur terre ou ailleurs, il est temps de faire autrement, en écoutant les sages paroles de Nicolas de Cues, de Lyndon LaRouche et de la puissance du vivant et du pensant.
C’est pourquoi, face à ce risque imminent de basculement, l’intervention du pape Léon XIV, se référant à Nicolas de Cues devant la foule sur la place Saint-Pierre de Rome, revêt une importance fondamentale : ce sont les fondements pour changer de manière de penser qui nous permettront d’échapper au Grand jeu mortel en cours.
Il est évident pour tous ceux qui nous connaissent qu’il y a une coïncidence (qui cette fois n’est pas celle d’opposés) entre ce qu’a dit le pape à propos du Jubilé et les écrits d’Helga Zepp-LaRouche depuis plus de quarante ans.
L’Institut Schiller a préparé un document qui établit l’importance fondamentale de cet évènement, pourvu que nous le fassions rayonner. Dans un message très émouvant adressé à l’occasion de la dernière réunion de la Coalition internationale pour la paix, le père Harry Bury, militant historique de la paix et de la non-violence, proche de mère Theresa, a souligné que chacun d’entre nous a le pouvoir de changer les choses pour les rendre meilleures à un niveau plus élevé.
Il a déclaré que Nicolas de Cues mérite d’être canonisé par une Eglise qui l’a jusqu’à maintenant rejeté ou ignoré, et que Lyndon LaRouche devait être d’un même élan réhabilité aux Etats-Unis. Il est essentiel qu’une telle voix s’élève pour incarner que l’homme est naturellement bon, sans que le bien et le mal soient comme deux ennemis géopolitiques s’affrontant dans le monde, mais le mal ne pouvant apparaître qu’en l’absence de bien.
L’union des droites dans le Grand Jeu destructeur
C’est par rapport à cela que je condamne, chez nous, la complaisance des adeptes de l’union de toutes les droites pour entrer dans ce Grand Jeu destructeur. Ils ne mesurent peut-être pas ce qu’ils font mais ils le font.
Ce sont Pierre-Edouard Stérin et Vincent Bolloré taguant leur catholicisme avec un culte des cryptomonnaies, en juin dernier au sommet des libertés, avec le stand d’un Pierre Noizat. Ce sont Marine Le Pen et Jordan Bardella à Flamanville, prônant la fourniture de l’électricité du nucléaire pour booster les bitcoins, ou encore Eric Ciotti présentant une proposition de loi pour injecter les cryptomonnaies dans l’économie et créer une réserve nationale de bitcoins dans le sillage des Etats-Unis. Voilà déjà Trump, qui veut, sans doute sincèrement, être un homme de paix, mais en la bâtissant sur les sables mouvants des cryptomonnaies et de son enrichissement personnel, et qui trouve ici des adeptes complaisants. Je devrais dire que c’est vis-à-vis des véritables joueurs que cette droite s’abaisse, les milliardaires dépravés qui entourent Trump en spéculant sur tout. Les mêmes qui le poussent à soutenir la politique génocidaire de Netanyahou et de ses voyous messianistes. Tout cela est à l’opposé d’un réel souverainisme.
Voler vers le soleil comme Icare
La France et les Etats-Unis ont cela de commun de ne pas avoir de budget, blocage au Parlement ici, shutdown au Sénat là-bas, avec des partis incapables de faire passer l’intérêt national et celui de leurs peuples avant le leur propre et plus obsédés, chez nous, par une élection présidentielle que par le risque de guerre et d’effondrement de notre pays. Tous veulent, comme Icare, voler vers le soleil du pouvoir avec les technologies existantes, des ailes de plume et de cire hier et les techs de l’IA et les cryptos aujourd’hui. C’est ainsi que la gauche se comporte comme si, avec les ailes de « l’anti », elle pouvait tenir ses promesses sociales sans politique de création réelle, détestant ceux qu’elle proclame ses ennemis, et même le peuple s’il se met à mal voter. Pour changer tout homme, il faut recevoir chaque être humain avec un beau visage.
La « triple courbe » de Lyndon LaRouche montre bien vers quoi se dirige l’économie occidentale : le krach et la guerre pour sauver sa possession de ressources que sa politique de fuite en avant monétaire et militaire ne rend plus capable d’engendrer.
L’importance des grands projets
Que le monde serait beau, au contraire, avec de grands projets comme le tunnel de la paix sous le détroit de Bering et ses corridors de développement, les poumons d’eau et d’énergie du lac Tchad et les barrages d’Inga en Afrique, le canal de Kra en Asie, le pont de Messine entre l’Italie continentale et la Sicile, notre Plan Oasis pour toute l’Asie du Sud-Ouest, basé non pas sur le plus petit dénominateur ou même le plus grand multiple, mais sur la coïncidence des opposés là-bas, engendrant ce qui est réellement création, quelque chose qui n’existe pas encore mais dont nous devons assurer qu’elle soit, avec espérance et persévérance. Regardons enfin avec intérêt ce que les savants, les ingénieurs et bâtisseurs chinois on fait en trente ans pour leur pays et pour leur peuple.
Comme notre France serait belle si l’on revenait à l’élan de ses créateurs, les Jean Bertin et ses brevets pratiquement hebdomadaires, les Jean Robieux, avec ses lasers pour la médecine et le nucléaire, les frères Laboulaye qui, auprès de Bartholdi, participèrent à la construction de la statue de la Liberté, sur les mêmes principes de résistance des matériaux que ceux du viaduc de Garabit et de la Tour Eiffel, Eugène Freyssinet, inventeur du béton précontraint et, bien plus, les apports de l’Académie des Sciences de Colbert et de l’Ecole polytechnique de Gaspard Monge et de Lazare Carnot.
Il n’est pas d’issue qui ramène au passé, mais nous devons créer à l’image de ceux qui créèrent. Pensons à la Sécurité sociale de Pierre Laroque et d’Ambroise Croizat, le gaulliste et le communiste tous deux résistants, encore un exemple de coïncidence des opposés. Nous avons aujourd’hui plus que jamais les moyens d’élever tous les êtres humains à la dignité d’hommes, comme le voulaient Laroque et Croizat, alors que leur œuvre est progressivement victime des prédateurs financiers qui ont rompu notre dynamique de développement. C’est une question de volonté et d’engagement politique.
Allons-nous laisser disparaître tout cet apport ? Allons-nous sombrer dans le rejet égoïste de l’autre, sous prétexte qu’il est migrant, au lieu de contribuer au développement de son pays pour qu’il ne soit pas contraint d’en partir et nous de le recevoir ici, en prenant notre part à toute la misère du monde. Nous, Français et êtres humains, ne pouvons pas tolérer davantage le génocide encore en cours à Gaza et les noyés en Méditerranée et dans la Manche. Les frontières sont indispensables, mais elles ne peuvent être ni un mur ni une passoire. Allons-nous, par exemple, laisser dériver la Nouvelle-Calédonie en étant incapables de la décoloniser au sein de la République ?
Le vrai problème de l’école, de l’hôpital et du logement, c’est que nous nous sommes laissé dicter d’autres priorités, en nous adaptant au marché mondial et à une Europe devenue destructrice depuis que l’Acte unique de 1986 a créé les conditions de la perte de notre souveraineté. Nous l’avons combattu, alors que bien des souverainistes d’aujourd’hui n’étaient pas nés ou étaient installés dans le confort des institutions. La priorité absolue est de rétablir notre souveraineté, mais pour le faire, nous devons combattre aux côtés de ceux qui défendent la leur, convaincus que c’est notre propre effort de perfection qui nous rendra capables de réussir.
J’ai commencé en citant Jaurès, je terminerai en citant Lamartine : « Le rôle de la poésie est d’appeler l’homme sans cesse en avant, en lui montrant du doigt des utopies, des républiques imaginaires et des cités de Dieu », en « inspirant à la société le courage de les atteindre ».
Ici, à l’entrée, on équipe la pensée pour explorer l’inconnu et se mobiliser. Il y a aussi mon programme de 2017, la France avec les yeux du futur, qui reste pleinement d’actualité pour ceux qui veulent en explorer les différents domaines, car ce qui a été fait, et surtout qui n’a pas été fait, au cours des présidences de Macron ne l’a malheureusement pas rendu caduc.
Equipez-vous pour vous engager sans retenue, car si nous ne nous mobilisons pas plus que nous ne l’avons jamais fait, l’alternative est un effondrement financier entraînant l’économie en Occident, et nous avec, et une guerre conduisant à notre anéantissement.
Merci pour ce que vous ferez. Un travail acharné peut venir à bout de tout.
Ayez confiance.




