Dans les jours ayant précédé l’ouverture de la session, plusieurs pays, dont la France, le Portugal, le Royaume-Uni, le Canada et l’Australie ont rejoint les 150 nations ayant déjà reconnu l’État palestinien. Mais d’autres initiatives plus efficaces et plus immédiates doivent certainement y être discutées.
En Méditerranée, une flottille civile en route vers Gaza a signalé des attaques de drones au cours de la nuit. En réponse,l’Italie et l’Espagne ont décidé d’envoyer des navires militaires pour escorter la flottille humanitaire, non pour combattre les assaillants, mais pour « d’éventuelles opérations de secours », comme ils ont tenu à le préciser. A ce stade, aucun pays ne songe à engager ce qui reviendrait à une guerre contre Israël et, derrière, contre les États-Unis.
Israël ayant fermé le seul point de passage de la Cisjordanie vers la Jordanie, la seule façon pour les Palestiniens de se rendre à l’étranger, ou d’expédier et de recevoir des marchandises, est de passer par Israël. Le Premier ministre israélien Netanyahu a annoncé qu’il était absolument opposé à la création d’un État palestinien, et ses actions visant à détruire, isoler et diviser davantage les communautés palestiniennes en Cisjordanie ont pour objectif de susciter plus de candidats à « l’émigration volontaire » qu’il promeut afin d’anéantir pour toujours toute perspective d’Etat palestinien.
Face à la reconnaissance de l’État palestinien par de nouveaux pays, le Premier ministre israélien Netanyahou, furieux, a répondu par cette déclaration glaçante : « Cela n’arrivera pas. Aucun État palestinien ne verra le jour à l’ouest du Jourdain. » Le gouvernement israélien avait déjà donné l’ordre à ses forces de défense de raser la ville de Gaza, y compris le quasi demi-million d’habitants qui n’ont pas pu fuir. Qui peut croire désormais que son seul but est d’anéantir le Hamas ?
À peine deux semaines plus tôt, Israël avait mené une attaque aérienne au Qatar contre des responsables du Hamas en pleines négociations d’un cessez-le-feu, en violation totale du droit international. En réaction, l’Arabie saoudite et le Pakistan ont annoncé le 17 septembre la signature d’un pacte de défense mutuelle qui étend de facto le parapluie nucléaire pakistanais à l’Arabie saoudite, puis, peut-être, à d’autres pays arabes.
Ceci marque un basculement majeur de la situation stratégique régionale et mondiale, sur fond d’une crise financière globale entraînant la violence et le chaos, et menaçant de soumettre à la loi de la jungle les relations entre nations. C’est ainsi que, face à un Israël doté de l’arme nucléaire, ou à toute autre nation dirigée par un fou furieux, de plus en plus de pays estiment que la seule façon de se défendre est d’être en mesure de brandir la menace d’une riposte nucléaire.
Sur le front de la guerre en Ukraine, l’OTAN et les pays européens membres de la « coalition des volontaires » haussent dangereusement le ton contre la Russie, tout en se lançant à fond dans le réarmement et en préparant leurs populations à la guerre. En témoignent les propositions provocatrices du RUSI (Royal United Services Institut) d’établir une zone d’exclusion aérienne au-dessus de l’Ukraine, d’abattre les drones ou avions russes soupçonnés de franchir les frontières de l’OTAN, ou de déployer encore plus d’armes nucléaires en Allemagne et en Europe de l’Est. Relayée sans vergogne par les médias serviles, la peur constante d’une attaque imminente par l’« ennemi » russe rend les populations vulnérables à la manipulation.
Pendant ce temps, les pays du Sud ne restent pas les bras croisés. Les dirigeants du Brésil, de la Chine, du Nigeria, de l’Afrique du Sud, de la Turquie, de l’Iran, de la Jordanie, de l’Arabie saoudite, du Pakistan et d’autres se coordonnent de diverses manières, de plus en plus ouvertement, en faveur de pourparlers de paix, de leur développement économique et sur la façon de maintenir leur indépendance dans un monde où l’OTAN anglo-américaine exige qu’ils choisissent leur camp.
Un changement de géométrie stratégique est donc nécessaire, passant par l’établissement d’une nouvelle architecture de sécurité et de développement pour le monde. Mais pour être viable, ce nouveau paradigme a besoin de voir « l’Occident » le rejoindre et contribuer à son avènement.
« Il est dans l’intérêt fondamental des nations de l’Occident collectif (qui ne sont plus vraiment unies) de coopérer avec les États de la majorité mondiale pour relever ensemble les grands défis auxquels l’humanité est confrontée : vaincre la pauvreté et le sous-développement, assurer une paix mondiale durable et garantir le droit de chaque être humain sur cette planète à réaliser son potentiel », écrit Helga Zepp-LaRouche dans l’appel de l’Institut Schiller aux pays occidentaux à coopérer avec ce nouvel ordre économique mondial.



