10 septembre : stoppons les banques et l’économie de guerre

lundi 8 septembre 2025, par Christine Bierre

Par Christine Bierre, rédactrice-en-chef du mensuel Nouvelle Solidarité.

Nous savions tous que la rentrée serait explosive. C’est Emmanuel Macron qui a voulu prendre tout le monde de vitesse en faisant éclater sa bombe de la dette avec François Bayrou.

En effet, le Premier ministre a bien consulté l’Élysée avant de se lancer dans cette opération suicidaire, consistant à demander de l’Assemblée nationale un vote de confiance le 8 septembre pour sa proposition de coupe de 44 milliards d’euros dans les dépenses du budget 2026. N’ayant pas la majorité, et les partis d’opposition (RN, LFI, PS) ayant annoncé qu’ils ne voteraient pas la confiance, cette proposition ne pouvait conduire qu’à la chute du gouvernement.

But de la manœuvre ? Provoquer un choc dans l’opinion. Blâmer les partis d’opposition pour l’incapacité du pouvoir à couper les dépenses, et justifier une nouvelle dissolution, tout en sortant la tête haute comme étant ceux qui avaient averti la France du danger qu’elle courait et qui n’ont pas été entendus.

Une fois de plus, comme à l’époque des Gilets jaunes ou de la Covid, M. Macron a décidé de gouverner par la terreur, convaincu, comme il l’a dit souvent, que la condition pour réussir est d’être craint !

La France est-elle au bord du gouffre, comme la Grèce lorsqu’elle fut mise sous la tutelle du FMI après la grande crise financière de 2007-2008 ?

L’endettement de la France est certes très lourd et en hausse depuis 50 ans. Concrètement, la dette française a augmenté régulièrement de 1000 milliards en 2003, 2013 et 2023, pour atteindre 3345 milliards aujourd’hui (passant de 64 % à 114 % du PIB). Cette augmentation dans la deuxième et la troisième décennie correspond en partie aux coûts, d’abord de la crise des subprimes, puis de la COVID.

La France est-elle pour autant au bord de la faillite et d’une mise sous tutelle du FMI ? Comme le note sobrement Eric Heyer, directeur du département analyse et prévision de l’OFCE :

« La situation n’est pas bonne, les finances publiques sont incroyablement déséquilibrées, on a des déficits de crise alors qu’on n’est pas en période de crise. Mais on n’est pas au bord de la faillite, le FMI n’est pas aux portes de la France. On arrive d’ailleurs à trouver très facilement de l’argent. Quand la France va sur les marchés financiers pour emprunter 20 milliards, on reçoit 60 milliards de propositions. »

Autre signe notable, « le taux d’emprunt est de 3,5 % alors que les taux sont généralement à 3 % ». « C’est s’amuser à se faire peur (…) On a une poussée de fièvre, il faut se soigner, mais on n’est pas en danger de mort. »

L’économiste s’en prend aussi aux fondements de la campagne culpabilisante de François Bayrou, qui accuse les « boomers » de laisser « 3000 milliards de dette aux générations futures ».

On va aussi « leur laisser 3700 milliards d’actifs financiers : stocks d’or, participations dans le privé (Orange, EDF...) des entreprises publiques », souligne Heyer, sans parler de tout le patrimoine de la France. En réalité,

« si chaque Français hérite, en effet, d’une dette de 54 000 euros à sa naissance, il en reçoit aussi 24 000 en actifs financiers et 41 000 en actifs non financiers ».

Une chose est certaine, l’offensive de notre Premier ministre a déjà coûté, selon Eric Heyer, une hausse de 0,2 % dans les taux d’intérêt de la dette.

La situation a été donc aggravée par les manœuvres de MM. Bayrou et Macron, et si cette campagne devait se poursuivre, elle pourrait aboutir à une réelle perte de confiance dans la capacité de la France à s’en sortir.

Un volcan financier prêt à entrer en éruption

Autrement plus dangereuse serait la possibilité que, dans un système financier international déjà surchauffé et fragilisé par les bulles financières, la déstabilisation de la France soit l’étincelle qui déclenche la crise.

Jacques Cheminade a rappelé dans un tweet ce que tous les spécialistes savent :

« Toutes les conditions d’un krach boursier sont désormais réunies. Les actions américaines ont augmenté de 260 % en 10 ans, avec une concentration spéculative sur une dizaine de valeurs. Le total des cours de Wall Street dépasse les 250 % du produit intérieur. De plus, la valeur réelle des actions par rapport à l’or a baissé des 2/3 depuis 1990. Ce sont les bases. Le déclencheur à court terme, ce sont les taux d’intérêt. Au sein du système actuel, s’ils augmentent, c’est la récession partout, et s’ils baissent, comme le voudrait Trump, c’est l’hyperinflation. Surtout, l’ensemble des produits financiers dans le monde (dopés par les paris sur les dérivés et demain par les cryptomonnaies) atteint quelque chose de l’ordre de 2000 millions de milliards, qui ne pourront jamais être remboursés.

« Pour les taux, la France va être un élément déclencheur : sur le 10 ans, on est à 3,51 %, plus que le Portugal, l’Allemagne étant à 2,73 %. La chute de la maison Bayrou peut être la première maison Usher (cf. Edgar Poe) de l’Occident global. D’où la nécessité immédiate de sortir du système actuel, avec un nouvel ordre financier international gagnant-gagnant pour échapper au chaos économique, financier et social qui porte la fuite en avant vers la guerre. »

Le 10 septembre, « stoppons tout », y compris l’économie de guerre

Autre explosion à venir, celle du 10 septembre, une explosion sociale qui pourrait se muer en grève générale, pourvu que le mouvement refuse toute division partisane et maintienne le cap sur quelques revendications essentielles pour assurer la survie de notre pays.

Une fois de plus, Emmanuel Macron et son Premier ministre auront réussi à provoquer le déclenchement d’une grève de masse, avec une mesure apparemment aussi anecdotique que la hausse du prix de pain lors de la Révolution française. Alors que la situation est déjà si difficile pour beaucoup de nos compatriotes, c’est la menace d’éliminer deux jours fériés qui aura mis le feu aux poudres de la contestation sociale.

Aujourd’hui, une nouvelle offensive des Gilets jaunes tente de se lever à travers le pays, pour obtenir ce qu’ils n’ont pas eu en 2018 : un contrôle public sur la Banque nationale et la répudiation des dettes illégitimes, une hausse du niveau de vie et le droit à s’exprimer à travers un Référendum d’initiative citoyenne.

Nous devons aussi nous battre pour le rétablissement de la paix en Europe. Les sanctions contre la Russie nous obligent à acheter notre énergie quatre fois plus cher aux Etats-Unis, poussant à la faillite de nombreuses entreprises européennes.

Russes et Ukrainiens avaient pourtant trouvé un accord de paix très raisonnable en avril 2022. Il a été saboté par les Britanniques ! Le président Trump, qui, malgré toutes ses imperfections, a la qualité de ne pas aimer la guerre, a ouvert en Alaska la voie des négociations avec la Russie.

Les Européens, Macron et Starmer en tête, font tout pour la saboter ! Car la guerre entretient les lobbies militaires qui, à leur tour, exigent plus de conflits pour continuer à s’enrichir. On a vu les actions des entreprises militaires chuter, suite aux percées de Trump en Alaska.

Nous devons nous battre, au contraire, pour une nouvelle architecture de paix et de développement en Europe, assurant la sécurité et le développement de tous les pays.

NOS REVENDICATIONS

1. Audit de la dette : faire le tri entre dette légitime (qu’il faut honorer) et illégitime (à éliminer).

2. Couper les banques en deux : mettre hors jeu la finance criminelle et spéculative (banques de marché) et sauver les banques de dépôt et de crédit.

3. Rétablir la souveraineté monétaire avec une banque nationale pouvant émettre du crédit à long terme et à faible taux d’intérêt pour équiper le pays et les ménages.

4. Refuser totalement l’économie de guerre.