Visite à Londres du président américain

Trump rampe devant l’Empire britannique

samedi 20 septembre 2025


Pour ceux qui avaient tant attendu le retour de Donald Trump aux commandes, espérant le voir mettre fin aux guerres du complexe militaro-financier comme il l’avait promis lors de sa campagne, et qui sont tombés des nues en le voyant compromettre à plusieurs reprises la normalisation des relations russo-américaines et se faire la caution du régime génocidaire de Netanyahou, la visite du président américain au château de Windsor, le 17 septembre, où il s’est littéralement prosterné devant l’ancien ennemi des États-Unis – et de l’humanité –, est riche d’enseignement.

250 ans après que les colonies américaines, inspirées par l’humanisme du philosophe Gottfried Leibniz et des fondateurs de l’indépendance américaine Cotton Mather et Benjamin Franklin, ont lancé, à Concord et Lexington en avril 1775, la Révolution américaine contre l’Empire britannique, le président américain Donald Trump a prononcé un discours au château de Windsor, dans lequel il a livré un l’éloge obséquieux de ce même Empire lors du banquet que le roi Charles III lui a organisé.

« les Britanniques ont donné au monde la Magna Carta, le parlement moderne et la méthode scientifique de Francis Bacon, ainsi que les œuvres de Locke et Hobbes, Smith et Burke, Newton et Blackstone, a-t-il claironné. (…) Les traditions juridiques, intellectuelles, culturelles et politiques de ce royaume ont été parmi les plus grandes réalisations de l’humanité : il n’y a vraiment jamais rien eu de tel. L’Empire britannique a jeté les bases de la loi, de la liberté, de la liberté d’expression et des droits individuels pratiquement partout où l’Union Jack a flotté, y compris un endroit appelé l’Amérique ».

Autant aller cracher sur la tombe des Pères fondateurs et de tous ceux qui ont poursuivi leur combat contre le système impérialiste britannique, de Benjamin Franklin à Franklin Roosevelt, en passant par Alexander Hamilton, Friedrich List et Abraham Lincoln.

« Sa Majesté a parlé avec éloquence du lien qui a inspiré Sir Winston Churchill, (…) dont le magnifique buste se trouve actuellement dans le Bureau ovale, pour inventer l’expression ‘relation spéciale’ [1], a poursuivi le président américain. Mais vu des yeux américains, le mot ‘spéciale²²²’ ne suffit pas, car nous sommes unis par l’histoire et le destin, par l’amour et la langue, et par des liens transcendants de culture, de tradition, d’ascendance et de destin ».

Il n’est guère surprenant de voir que Trump a lu un discours rédigé à son intention par un « conseiller », sans aucun recul ni la présence mentale lui permettant pour comprendre ce qu’il disait.

« Sa Majesté le roi incarne le courage, la noblesse et l’esprit de la monarchie et du peuple britanniques ; il s’est consacré à la préservation de la gloire et du caractère unique de ce royaume », a-t-il déclaré, n’hésitant pas même à mentir en affirmant que Charles aurait « élevé les pauvres, pris soin des agriculteurs ruraux et soigné les anciens combattants blessés comme personne d’autre ». Puis, élargissant son éloge pompeux à la progéniture royale : « Je veux juste dire que Sa Majesté a également élevé un fils remarquable, Son Altesse Royale, le prince de Galles (…). Nous avons appris à vous connaître et vous allez avoir un avenir incroyable ».

Assis à l’autre bout de la table, le Roi pouvait savourer cette prosternation dégoulinante du président de l’ancienne nation esclave de l’Empire, sous le regard des goules exsangues que sont la reine Camilla et la princesse de Galles Catherine (Kate Middleton) .

Lors de son propre discours en honneur de la visite du président Trump, le roi Charles a également vanté cette relation spéciale, déclarant dans un cynisme absolu : « Je ne peux m’empêcher de me demander comment nos ancêtres de 1776 auraient considéré cette amitié actuelle. Le commandant rebelle et premier président pionnier George Washington avait juré de ne jamais mettre les pieds sur le sol britannique ».

Le président Trump a tenté de mettre fin à la guerre par procuration de l’OTAN en Ukraine. Peut-être ne lui est-il pas venu à l’esprit que l’Empire britannique, la monarchie et la City de Londres sont à l’origine de 500 ans de rapine, d’esclavage et d’impérialisme. C’est à ce système néocolonial, qui perdure sous la forme moderne du système de pillage financier de la City et de Wall Street, que la majorité mondiale est en train de mettre fin, à travers l’action des nations des BRICS et de l’Organisation de la coopération de Shanghai (OCS), tandis que Londres, dans une tentative de préserver son système oligarchique, a joué un rôle central dans le déclenchement de la guerre en Ukraine.


[1La « relation spéciale » fut fondée, non par Churchill, mais par Theodore Roosevelt et le Roi Edward VII d’Angleterre.