Brèves

Excelsior interviewe LaRouche

jeudi 28 novembre 2002

Le quotidien mexicain Excelsior a publié les 19 et 21 novembre un entretien avec Lyndon LaRouche, sous le titre : « LaRouche déclare : "Le FMI est en faillite. Le système monétaire et financier international est dans sa phase terminale" ». En voici quelques extraits :

Q : Que pensez-vous de la situation économique, politique et sociale du Mexique, étant donné que l’on voit partout dans le pays des signes de crise - sept Mexicains sur dix vivent dans la pauvreté ?

R : Je vois dans la situation actuelle la justification de mes idées et propositions publiées en été et automne 1982, notamment mon étude du 2 août 1982, « Opération Juarez ». Depuis cette époque, les conditions se sont terriblement dégradées et il faut prendre en compte les changements intervenus ces 20 dernières années. Ceci dit, ce qui est essentiellement nouveau aujourd’hui, par rapport à cette époque, c’est que le système monétaire et financier international se trouve dans la phase terminale d’un effondrement général. Il y a 20 ans, dans « Opération Juarez », je proposais une initiative commune pour les pays des Amériques, qui aurait ouvert une nouvelle ère de prospérité. Aujourd’hui, mes propositions et recommandations sont les mêmes, mais les réformes prévues en 1982 doivent prendre la forme d’un renouvellement des principes du système de Bretton Woods de l’après-guerre, dans le contexte d’un remplacement du système du FMI.

Q : Que pensez-vous de l’état actuel des relations entre le Mexique et les Etats-Unis ?

R : Les relations officielles entre les Etats-Unis et le reste du monde se sont détériorées depuis un certain temps. Le gouvernement américain refuse de reconnaître la réalité de l’effondrement général du système monétaire et financier international, ainsi que la désintégration de l’économie physique de tous les pays d’Amérique, d’Europe, d’Afrique et de la majeure partie de l’Asie. Ce déni pathologique des réalités économiques, ainsi que l’engagement de plus en plus hystérique de Washington en faveur d’une doctrine de « guerre préventive », sont à l’origine d’une détérioration rapide des relations entre les Etats-Unis et le monde, surtout dans la période récente. Presque toutes les autres nations du monde considèrent la politique américaine actuelle comme une réplique intolérable du style impérial (empire romain) dans les relations internationales.

La politique américaine se trouve maintenant dans une phase critique terminale. Au-delà d’une dépression, les Etats-Unis font face à la menace immédiate d’une crise d’effondrement économique généralisé. Pour survivre dans les deux prochaines années, les Etats-Unis devront adopter, plus ou moins rapidement, une politique de réforme et de reconstruction économique selon les lignes que j’ai proposées.

Q : Beaucoup de Mexicains et d’Américains pensent, et ils en sont apparemment convaincus, que les relations bilatérales américano-mexicaines sont en crise, même si les présidents Fox et Bush le démentent. Qu’en pensez-vous ?

R : Je soupçonne que le président Fox ait soudainement changé d’avis en raison du comportement décevant du président Bush. En fait, le conflit se situe entre l’administration Bush et le reste de la planète. Ceci inclut une opposition directe entre ce gouvernement et la majorité des citoyens américains.

Q : Un fait est indéniable : les relations bilatérales sont inégales, asymétriques et favorisent les Etats-Unis au détriment des intérêts économiques, politiques et sociaux du Mexique. Qu’en pensez-vous, peut-on améliorer ces relations bilatérales ?

R : En ce moment, j’insisterais surtout sur les relations entre les Etats du sud-ouest [des Etats-Unis] et le nord du Mexique. Le besoin urgent de développement à grande échelle de l’infrastructure économique de base dans cette partie des Etats-Unis et les besoins complémentaires du même type au Mexique, indiquent la possibilité d’une approche politique concrète de ce problème. Je propose notamment : a) l’expansion d’une production et d’une distribution intégrées de l’électricité ; b) l’approvisionnement en eau à grande échelle ; c) le développement de réseaux ferroviaires modernisés est-ouest et nord-sud.

La région de l’Amérique du Nord s’étendant depuis les deux branches de la Sierra Madre au Mexique jusqu’à l’océan Arctique a un très fort potentiel de développement, mais pâtit d’une grave pénurie d’eau. Le dessalement étant écarté, il nous reste essentiellement deux approches pour surmonter ce déficit en eau : un système de canaux côtiers pouvant amener l’eau du sud du Mexique vers le nord, ou le projet NAWAPA.

Ainsi, les besoins en infrastructures des Etats du sud-ouest et du nord du Mexique sont complémentaires et leur réalisation ferait partie intégrante d’une meilleure coopération américano-mexicaine.

L’interview a aussi porté sur les relations entre les Etats-Unis et Cuba, les développements actuels au Brésil, au Venezuela et en Europe, ainsi que sur la politique américaine envers l’Irak et les Nations unies.