Les analyses de Jacques Cheminade

Nous entrons dans une période décisive

dimanche 1er août 1999, par Jacques Cheminade

En août 1997, la « crise asiatique » a pris une ampleur que personne, dans les milieux officiels, n’avait su prévoir. En août 1998, la « crise russe » et celle des fonds hyperspéculatifs (LTCM, mais aussi d’autres dont on a moins parlé) a frappé &aegrave; son tour.

Aujourd’hui, en août 1999, la situation du système financier et monétaire international est encore plus précaire qu’en 1997 ou 1998. La raison en est que chaque « crise » précédente a été surmontée en jetant des liquidités sur les marchés, c’est-&aegrave;-dire en gonflant la bulle spéculative, ce qui a certes permis de surmonter les difficultés &aegrave; court terme, mais en aggravant la situation &aegrave; moyen et long terme. De pus, le « centre » du système - les marchés américains - ne pourra plus cette fois tenir très longtemps.

Un simple chiffre : la capitalisation boursière américaine atteint aujourd’hui 160% du Produit intérieur brut, contre « seulement » 81% en 1929 ! En outre, une grande partie des investissements ayant permis de tenir le marché ces dernières années ont été fait &aegrave; l’aide de crédits &aegrave; court terme. Toute baisse supérieure &aegrave; 10% des marchés suscitera donc des « appels de marge » (au fur et &aegrave; mesure de la baisse, on impute les pertes aux joueurs) que les investisseurs ayant emprunté ne pourront pas couvrir, sauf en vendant leurs titres, c’est-&aegrave;-dire en créant un effet boule de neige &aegrave; la baisse.

Août 1999 pourrait donc bien voir le début d’une crise généralisée, d’autant plus qu’aucun des pays atteint par les crises précédentes n’a connu de reprise dans l’économie réelle (production, emploi et salaires réels). Dans une économie « mondialisée », il n’y aura donc pas de parachutes ou de refuges financiers face &aegrave; une chute de Wall Street - &aegrave; l’exception de ces actifs physiques que sont les grandes entreprises privatisées et l’or, qui ont été l’un et l’autre bradés par des responsables politiques complices &aegrave; des intérêts privés qui se "positionnent" en vue de l’après-krach.

La politique actuelle est désastreuse.

Une autre politique est nécessaire, &aegrave; l’échelle du monde, rétablissant la priorité de l’emploi, du travail, des investissements infrastructurels et de l’épargne populaire.

Ce ne sont pas les libéraux-socialistes, les libéraux-libertaires, les droites libérales ou les nationaux-républicains qui apporteront une solution, car aucun ne définit son choix par rapport au défi majeur que nous décrivons. Tous raisonnent en extrapolant au sein du système, comme s’il était garanti contre toute rupture.

Ici, au contraire, nous proposons l’alternative (cf. notre proposition pour un nouveau Bretton Woods). Nous avons été jusqu’&aegrave; présent diffamés et calomniés précisément en raison de cela : nous sommes les seuls &aegrave; dire que le roi est nu, et &aegrave; proposer les nouveaux habits d’une autre politique, un changement de règle du jeu.

L’effondrement du système - inéluctable si des changements fondamentaux n’y sont pas opérés - nous donnera raison face &aegrave; l’histoire. Cependant, cela ne servira &aegrave; rien si un mouvement politique assez fort, par del&aegrave; les frontières habituelles mais sur la base d’une « nouvelle frontière » fondamentale, ne se crée pour d’abord mettre une pression suffisante sur les dirigeants existants au moment du krach, et ensuite pour apporter une orientation dans l’épreuve.

C’est le sens des efforts de M. LaRouche aux Etats-Unis et de moi-même en France. Les prochains mois seront décisifs.

Les tempêtes sont des moments de danger, mais elles offrent l’occasion d’un renouveau si les hommes se rassemblent pour la saisir.