Le nuage du Liborgate s’est-il arrêté aux frontières de la France ?

mercredi 18 juillet 2012

Liborgate : on parle de quoi ?

Fin juin, quelques mois à peine après la perte colossale de plus de 4 milliards de dollars par la filiale anglaise de la banque JP Morgan, suite à une opération hyper-spéculative qui a mal tourné, le monde apprenait avec stupeur l’existence d’une fraude bancaire bien plus énorme encore.

La banque britannique Barclays, l’une des premières au monde, a été attrapée, par les services américains et anglais de lutte contre la fraude, avec un certain nombre de ses consœurs, à manipuler à leur profit le Libor, le taux du marché interbancaire Londonien qui sert de base aux calculs des crédits immobiliers, des prêts aux entreprises, aux collectivités territoriales...

Depuis que les banques centrales ont abandonné l’émission monétaire aux banques privées, ce taux est établi tous les jours après consultation des 18 méga-banques internationales. Le total des produits financiers qui utilisent ce taux comme référence, est estimé par les spécialistes à plus de 350 000 milliards d’euros par an ! On peut s’imaginer ce que représente en gain une manipulation, aussi faible soit-elle, à la hausse ou la baisse de ce taux !

Surtout, le message que tout ceci a communiqué aux groupes les plus fortunés, comme aux classes moyennes et populaires, est que la finance folle continue à sévir de plus belle, malgré la grave crise financière qui secoue le monde depuis 5 ans et qui à conduit les gouvernements à imposer des mesures d’austérité draconiennes aux populations, en Irlande, en Grèce, en Espagne et désormais chez nous.

C’était le scandale de trop qui a fait sortir de leur tanière une partie des poids lourds de la finance de Londres, la plus puissante au monde, pour réclamer une séparation totale des banques sur le modèle du Glass Steagall Act adopté par le Président américain Franklin Delano Roosevelt en 1933 pour sortir de la dépression des années 30.

Car s’il y a quelque chose de particulièrement développé chez celle que Charles de Gaulle appelait « la perfide Albion » — comprenez l’Empire britannique—, c’est bien son sens inénarrable de la survie.

Face à la menace de tout perdre que lui font courir les éléments les plus irrationnels de la finance folle, ces puissants intérêts sont prêts à passer par pertes et profits les emprunts toxiques détenus par leurs établissements financiers pour ne sauver que l’épargne et l’argent indispensables à l’économie.

Le Glass Steagall, en séparant totalement les banques d’affaires spéculatives et celles de dépôt et de crédit, permet à l’Etat de ne protéger que les secondes, et de laisser tomber les premières si elles ont spéculé et perdu.

Depuis le 4 juillet, les appels en faveur du Glass Steagall de Roosevelt, venant de l’élite financière britannique se multiplient : c’est devenu la ligne de conduite du Financial Times, le plus important quotidien de la City de Londres ; de Lord Myners, ancien Secrétaire aux services financiers sous Gordon Brown, directeur au fonds d’investissement RIT Capital Partners de Lord Jacob Rothschild et éditeur des quotidiens The Guardian et The Observer ; et de Peter Hambro, un magnat de l’or et l’un des héritiers de la célèbre dynastie bancaire anglo-danoise Hambros Bank !

Aux Etats-Unis aussi, le scandale fait tâche d’huile : le secrétaire au Trésor d’Obama, Timothy Geithner pourrait perdre son poste, ayant été au courant de l’affaire depuis 2007 et n’ayant rien fait en substance pour l’empêcher. Deux méga-banques américaines, JP Morgan et Citigroup, sont citées dans cette affaire. Le Congrès vient de se saisir de l’enquête. En Allemagne, la Deutsche Bank est sous le collimateur de la justice.

Et alors que partout, les factions qui veulent réguler le système financier saisissent ce scandale pour imposer la loi à la finance folle, en France, silence radio ! Les trois « vieilles »Crédit Agricole, Société Générale et BNP-Paribas – se cramponnent au modèle de Banque universelle qui, avec son mélange des genres (spéculation, assurance, épargne et crédit à l’économie), met notre existence et celle de notre pays en grave danger.

Levons-nous. Osons exiger avec Jacques Cheminade, auprès des élus et d’autres responsables, qu’une fin soit mise à ces pratiques.

Signez l’Appel à un Glass-Steagall global.