Qui murmure à l’oreille de François Hollande ?

jeudi 26 janvier 2012, par Jacques Cheminade

Déclaration de Jacques Cheminade, candidat à l’élection présidentielle

Paris, le jeudi 26 janvier – Après avoir confié au Bourget, le 22 janvier, que « mon seul adversaire, mon véritable adversaire » est « le monde de la finance », François Hollande vient de déclarer ce 26 janvier que la séparation des activités de dépôt et de marché des banques se fera au sein de chaque établissement. Il devrait cependant savoir que lorsqu’on laisse des activités sous le même toit, on en vient fatalement à permettre la pratique de l’inceste financière. Et qu’on devient son complice de fait. C’est ce qui arrive aux Etats-Unis avec la loi Dodd-Franck, véritable gruyère français permettant tous les passe-droits et les détournements pour le plus grand profit de Wall Street.

François Hollande avait aussi affirmé au Bourget que son « véritable adversaire n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti. ». C’est par cette affirmation que commence l’erreur de composition. En effet, la finance mondiale a un nom et un visage, c’est celui de Wall Street et de la City de Londres, et un parti, c’est celui de tous ceux qui chez nous, dans la droite et la gauche libérales, ont été leurs relais.

M. Hollande a laissé murmurer à son oreille les gens de ce parti là, ayant ce visage là. Ainsi s’explique son choix autodestructeur, quatre jours après son discours apparemment enflammé. Le chantage lui a été imposé par les Baudoin Prot ou les René Ricol, et plus directement par le groupe Vigieco 2012, qui a invité sir John Vickers à la rescousse. Tous ses faux amis, avec leurs experts bien pensants, ont crié à l’incompatibilité d’une séparation des banques avec le droit européen et à une menace contre la bonne gestion des banques françaises.

Parlons-en : BNP Paribas, la banque de M. Baudoin Prot, a un rapport de 3% entre ses capitaux propres et ses actifs engagés, ce qui en fait une grenouille enflée comme un bœuf, dans la lignée des banques françaises et britanniques, qui ont joué plus que les autres sur les marchés financiers et se renflouent grâce à la bienveillance de la Banque centrale européenne, qui leur prête à 1% sur trois ans. M. Hollande, on ne peut affronter le monde de la finance à moitié, comme on ne peut faire un enfant à moitié. C’est tout le système monétaire et financier du monde transatlantique, de Los Angeles à Varsovie, qui se trouve en état de faillite virtuelle et pratique le saccage social et financier. Un saccage qui aujourd’hui, comme après 1929-1933, risque de nous mener à la guerre de tous contre tous si nous ne nous ressaisissons pas. Se ressaisir ? C’est refonder l’Europe et revenir à une association de vraies banques nationales rendant des comptes aux peuples et émettant des crédits publics pour de grands projets d’équipement de l’homme et de la nature.

Ne pas le faire reviendrait à refaire du Mitterrand, c’est-à-dire dénoncer le monde de l’argent par de belles paroles et s’en rendre complice par de mauvaises actions. Je me vois obligé de vous le dire sans prendre de gants, car il y va de la France, de l’Europe et de votre propre destin politique.