A la lecture des dossiers des dix candidats présidentiels démocrates déposés le 15 avril auprès de la Commission fédérale des élections (FEC), il s’avère que Lyndon LaRouche se place en quatrième position en termes d’argent collecté, avec 3,7 millions de dollars, derrière trois membres du Congrès : le sénateur John Kerry (Masachussetts), le sénateur John Edwards (Caroline du Nord), et le député Dick Gephardt (Montana).
Il devance ainsi le sénateur Joe Lieberman, candidat à la vice-présidence en 2000, l’ancien gouverneur du Vermont Howard Dean et le sénateur Bob Graham (Floride), sans parler de deux candidats qui traînent loin derrière&nsbp; : le député Dennis Kucinich (Ohio) et l’ancien sénateur Carol Moseley-Braun (Illinois).
Les chiffres pour le révérend Al Sharpton de New York ne sont pas encore disponibles. Signalons que Kerry et Gephardt ont chacun inclus dans leur total près de 2,5 millions de dollars provenant de campagnes antérieures.
Candidat | Contributions individuelles | Transfert campagnes antérieures | Autres | Total en $ |
Kerry | 7 501 390 | 2 650 000 | 4 477 | 10 155 867 |
Edwards | 7 398 836 | 0 | 0 | 7398 836 |
Gephardt | 3 353 928 | 2 403 521 | 172 475 | 5 929 925 |
LaRouche | 3 704 005 | 0 | 2 082 | 3 706 087 |
Lieberman | 2 961 023 | 0 | 51 600 | 3 012 623 |
Dean | 2 932 262 | 0 | 12 100 | 2 944 362 |
Graham | 1 092 161 | 0 | 27 000 | 1 119 161 |
Kucinich | 172 695 | 0 | 27 000 | 172 695 |
Moseley-Braun | 72 451 | 0 | 27 000 | 72 451 |
Sharpton | pas disponible | pas disponible | pas disponible | pas disponible |
Source : Federal Election Commission
En ce qui concerne le nombre de contributions individuelles enregistrées par la FEC, Lyndon LaRouche se trouve en tête. Selon la loi, seules les contributions de personnes ayant donné cumulativement 200 dollars ou plus doivent être notifiées individuellement à la FEC. LaRouche est également le premier pour la catégorie « contributions non détaillées », qui représente l’argent donné par les personnes dont les contributions cumulées sont inférieures à 200 dollars. Ainsi, LaRouche est le premier en nombre de donateurs grands et petits.
Candidat | Nombre de contributions individuelles* | Montant des contributions non détaillées** (en dollars) |
LaRouche | 7 834 | 1 325 061 |
Kerry | 6 257 | 407 299 |
Edwards | 5 582 | 242 745 |
Dean | 4 090 | 786 237 |
Gephardt | 2 744 | 179 046 |
Lieberman | 2 329 | 114 366 |
Graham | 796 | 9 361 |
Kucinich | 158 | 76 637 |
Moseley-Braun | 71 | 4 678 |
Sharpton | pas disponible | pas disponible |
* Nombre de personnes ayant donné au moins 200 dollars
** Montant total des contributions non détaillées
Source : Federal Election Commission
Le comité électoral de LaRouche a annoncé qu’en date du 31 mars 2003, 18 079 personnes avaient versé une contribution à « LaRouche in 2004 ». Le nombre de donateurs est considéré comme un bon baromètre du soutien populaire (par opposition au soutien de l’establishment) dont jouit le candidat. Ce soutien n’est pas nouveau : dans les années 80, les candidats de LaRouche au Congrès et à des postes locaux obtenaient régulièrement entre 15 et 30% des suffrages. En mars 1986, deux collaborateurs de LaRouche ont remporté la primaire démocrate dans l’Illinois aux postes de vice-gouverneur et de secrétaire d’Etat - victoires ayant conduit Henry Kissinger et d’autres responsables à exiger que l’on arrête la progression de LaRouche en lançant contre lui des enquêtes et des poursuites judiciaires. A l’époque, le sondeur Michael McKeon avait informé Daniel Patrick Moynihan - l’un des principaux ennemis de LaRouche dans le Parti démocrate - que le niveau de soutien populaire recueilli par LaRouche se situait à 25% de la population.
Malgré - ou à cause de cela, la direction officielle du Parti démocrate cherche à l’exclure des futurs débats télévisés. Sa présence retournerait les débats, obligeant les autres candidats à aborder la question de la crise économique et de ses solutions, et permettant de renverser le pouvoir du parti de la guerre à Washington.
Le 3 mai, la chaîne ABC présentera un débat de 90 minutes entre les candidats présidentiels démocrates en Caroline du Sud, animé par l’ancien adjoint de Clinton, George Stephanopoulos. LaRouche n’y a pas encore été invité, malgré les demandes formulées par sa campagne. Ce débat sera diffusé dans les Etats où auront lieu les premières primaires et, le 4 mai, les points forts passeront à l’émission « This Week » de ABC, tandis que la chaîne C-Span la retransmettra dans son intégralité. Le 21 avril, le Washington Post a donné le nom de neuf candidats qui y participeront ; comme le montrent les statistiques ci-dessus, plusieurs d’entre eux n’ont qu’un soutien très faible comparé à celui de LaRouche.
D’importants démocrates de Caroline du Sud ont demandé que LaRouche participe au débat, mais la direction n’a pas encore accepté. Son ancien président est Don Fowler qui, alors qu’il dirigeait le Comité national démocrate, avait inventé une règle spéciale afin d’exclure LaRouche. Pour cela, il avait utilisé le même argument qui, dans les années 60, avait permis d’exclure de la Convention les délégués afro-américains du Mississippi Freedom Party, à savoir que le Parti démocrate est un club privé pouvant inclure ou exclure qui bon lui semble.
Le mouvement des jeunes larouchistes (MJL) a l’intention d’assurer que le Comité national démocrate ne répète pas la même erreur en excluant LaRouche en 2004. Ce mouvement en plein essor est une arme majeure de sa campagne, d’autant plus qu’il est le seul candidat à avoir un tel mouvement de jeunes, pour qui il a organisé un forum national sur internet. S’adressant à eux le 24 avril, il a déclaré : « Il y a un conflit entre la « now generation » (celle des babyboomers nés au lendemain de la guerre) et celle de ses enfants, la « no future generation ». Les jeunes doivent inspirer la génération de leurs parents pour qu’ils affrontent la réalité afin de la changer. Les jeunes doivent aller dans les partis politiques et revitaliser cette génération (...) qui refuse de faire face à la réalité du monde qu’elle a créé - car des solutions existent . »
C’est dans cet esprit qu’une délégation de jeunes larouchistes s’est rendue sur le campus de l’université de Howard le 1er avril, afin de demander au député Elijah Cummings, actuel président du Groupe des députés noirs au Congrès, pourquoi ce groupe n’avait pas invité LaRouche aux quatre débats présidentiels qu’il organise à Detroit, Los Angeles, Jackson et Baltimore (ou Philadelphie). Leur intervention pendant le discours de Cummings est devenue le principal sujet de discussion sur le campus tandis que les ondes de choc provoquées par le mouvement de jeunes étaient répercutées par le journal universitaire, The Hilltop.
En Ohio, des pressions sont exercées sur le Parti démocrate. En effet, celui-ci n’a pas, jusqu’ici, invité LaRouche au prochain dîner des candidats. De même, le sénateur de l’Iowa, Tom Harkin, n’a pas invité LaRouche à ses « Heartland Forums ».