Brèves

A la veille de la Troisième Guerre mondiale

jeudi 24 novembre 2011, par Helga Zepp-LaRouche


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« J’ai bien peur que cela ne devienne un "fait accompli" (…) que l’on se réveille un matin en apprenant que les frappes ont eu lieu. »

Voilà les remarques faites par le général Joseph P. Hoar, ancien commandant en chef de l’US Central Command (CENTCOM), à nos confrères du magazine Executive Intelligence Review (EIR) concernant le danger de frappes militaires contre l’Iran. 

Quelques jours plus tard, le chef d’état-major des forces armées russes, Nikolaï Makarov, estimait lui aussi que la Russie pourrait être amenée à s’engager dans des conflits régionaux pouvant dégénérer en guerre nucléaire mondiale. Beaucoup d’autres responsables militaires américains ont averti, ces derniers jours, que des frappes contre l’Iran auraient pour conséquence le déclenchement d’une Troisième Guerre mondiale.

Face à une menace si terrible qu’elle dépasse les capacités habituelles de notre entendement, la psychologie humaine a tendance, pour se protéger, à se réfugier dans ce qu’on appelle cliniquement un déni de réalité. L’idée qu’il puisse y avoir une Troisième Guerre mondiale, impliquant l’utilisation d’armes de destruction massive, fait partie de ce type de situation. Après la guerre contre la Libye et les menaces proférées depuis contre la Syrie et l’Iran, beaucoup ont l’intuition qu’il se trame quelque chose de terrible. Ils ont une impression de « déjà vu » (cette propagande rappelle celle entendue dans la période préparatoire à l’avènement de la guerre d’Irak) et ils sont un certain nombre à avouer qu’ils ne veulent plus écouter ou lire les nouvelles car elles se résument à une liste d’horreurs.

Cependant, mieux vaut faire face à l’impensable, car ce n’est qu’en imaginant, avec force détails, toutes les conséquences d’une guerre qui déploierait des armes de destruction massive, que citoyens et gouvernements pourront changer le cours de l’histoire afin d’éviter ce danger de guerre, pour ainsi dire « à minuit moins cinq ».

C’est un fait : des forces existent pour qui la réduction de la population mondiale de 7 milliards actuels à 1 ou 2 milliards est un résultat souhaitable. Mais que serait la vie pour ceux qui survivraient ? Et même si vous et moi étions parmi les survivants, y aurait-il quelque raison de s’en réjouir ? Ne maudirions-nous pas ce jour, souhaitant avoir été nous aussi parmi les morts ?

L’objectif de cet appel est d’ébranler l’opinion publique et d’appeler ceux qui occupent des positions d’influence à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour empêcher cette guerre. Nous appelons les gouvernements à faire comme le ministre danois des Affaires étrangères, Villy Soesndal, en déclarant qu’en aucune circonstance, ils ne prendront part à une guerre contre la Syrie ou l’Iran. Il s’agira ensuite d’éliminer toute la dynamique sous-jacente au danger de guerre, c’est-à-dire l’effondrement à venir du système financier transatlantique et de l’euro en particulier.

Le cataclysme économique

« Un cataclysme financier menace le cœur des nations européennes » ; « seule l’Allemagne peut survivre, tous les autres pays feront faillite » ; « l’inévitable effet domino qui frappera l’euro » : la rivalité entre les médias pour présenter le scénario du pire indique clairement que la fin est proche. La dernière manœuvre fut de tenter d’obtenir de l’Allemagne qu’elle se fasse hara-kiri en donnant son accord pour que la Banque centrale européenne (BCE) ouvre toutes grandes ses vannes afin d’acheter toutes les obligations souveraines des pays européens insolvables, ainsi que les titres toxiques détenus par les banques privées.

La BCE en tant que prêteur de dernier ressort, ceci constitue un péché mortel contre la stabilité monétaire, ainsi qu’une violation flagrante des statuts de la BCE ! Ce serait ouvrir la porte à une hyperinflation à la Weimar 1923, sauf que cette fois-ci, l’hyperinflation ne serait pas limitée à un seul pays, mais étendue à toute la région transatlantique !

La politique du « changement de régime » est depuis longtemps celle appliquée aux Etats « voyous » partout dans le monde ; elle est désormais l’arme testée et déployée contre tout gouvernement européen qui refuserait de réduire de 50 % le niveau de vie de ses citoyens et de baisser leur espérance de vie à travers des coupes dans les dépenses de santé et les programmes sociaux.

Déjà les gouvernements d’Irlande, du Portugal, de la Grèce, d’Italie et, ce week-end, d’Espagne, ont succombé à cette politique. Des élus sont désormais remplacés par des technocrates non élus, tels Lucas Papademos en Grèce ou Mario Monti en Italie. Avec le nouveau président de la BCE, Mario Draghi, tous ont été employés par la banque d’affaires Goldman Sachs, ou en ont été de proches collaborateurs. Les machinations de Goldman Sachs font actuellement l’objet d’enquêtes par plusieurs procureurs généraux des Etats-Unis, après que le rapport Angelides du Congrès américain sur les causes de la crise financière lui eut consacré de longs passages. Sans oublier que ce sont des hommes de Goldman Sachs qui ont aidé le gouvernement grec à maquiller ses comptes afin de pouvoir rejoindre la zone euro.

Ainsi, la démocratie n’est plus à la mode dans l’Union européenne ; elle a été remplacée par une dictature ouverte des banquiers. « Nous n’avons pas besoin d’élections, nous avons besoin de réformes » a déclaré le Président de l’Europe, Herman Van Rompuy. Mais peut-il se targuer d’avoir été élu par quelqu’un ?

Si nous poursuivons cette course à l’austérité la plus brutale contre la population, sous prétexte de réduire des dettes résultant des plans de renflouement des banques, si nous cédons notre dernière parcelle de souveraineté à une « union fiscale » , à un gouvernement économique européen ou même à une Union politique européenne, alors il y aura une révolte populaire.

Car il n’existe rien qui ressemble à un « peuple européen » . Il y a dans l’Union européenne 27 nations différentes, chacune avec sa langue, sa culture et son histoire. Donner le pouvoir à une bureaucratie supranationale dont les traités, les procédures et les orientations sont encadrés dans un espéranto incompréhensible à toutes ces nations, les relèguera de facto dans une situation comparable à celle ayant précédé l’invention de l’imprimerie par Gutenberg, où seuls les académiques pouvaient dialoguer en latin, alors que les masses ne pouvaient lire aucun texte écrit dans leur langue.

Avec cette Europe, nous avons affaire à un empire, et le problème est que les politiciens européens ont intériorisé eux aussi la logique d’empire. Cette attitude a été on ne peut plus claire lors de la guerre en Libye, où l’ancien Premier ministre Tony Blair, le président français Nicolas Sarkozy et d’autres ont été prompts à oublier que quelque temps auparavant, ils laissaient Kadhafi monter sa tente dans la capitale de leur pays, afin d’obtenir de juteux contrats.

Quelles leçons devons-nous tirer de cette guerre de l’OTAN contre la Libye qui, selon le président Barack Obama, ne devait être qu’une « intervention humanitaire » , alors qu’on a fini par éliminer brutalement un chef d’Etat sans autre forme de procès ? Dans un article publié dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung , intitulé Leçons de la guerre de Libye , le politologue Lothar Rühl écrit : « Des opérations depuis des avions – comprenant, davantage encore à l’avenir que par le passé, l’utilisation de drones et de missiles de croisière – sont les moyens préférés pour mener une intervention militaire. Cette leçon est aussi bonne à retenir pour les plans de la Bundeswehr, l’armée allemande, pour qui les déploiements aéroportés avec des bombardiers, hélicoptères et drones, devraient être la priorité. » Evoquant ensuite la situation de la Syrie et de l’Iran, Rühl pose une question qu’il laisse sans réponse : « Le temps nous est compté. Quelle est notre priorité en vue d’une intervention ou de frappes préventives ? » Ce type de pensée est révélateur des plans qui mènent directement à l’apocalypse.

Arrêter cette course à l’affrontement dans laquelle nous sommes lancés est la seule chance d’éviter à l’humanité cette catastrophe imminente qui nous menace. Il n’existe aucun conflit dans notre XXIe siècle qu’on ne puisse résoudre par des moyens diplomatiques. La guerre n’est pas une option, car on court le risque d’éliminer l’ensemble de l’espèce humaine.

L’expérience monétaire supranationale européenne – la création d’une union monétaire entre des nations qui n’ont jamais représenté une « zone monétaire optimale »  et ne pourront certainement pas le devenir dans un futur proche – est un échec. La seule réponse honnête et responsable à cet état de faits est de l’admettre et d’en tirer les conclusions qui s’imposent.

Il y a certainement une porte de sortie : tous les traités de l’Union européenne, depuis celui de Maastricht jusqu’à celui de Lisbonne, doivent être abrogés. Les nations européennes doivent retrouver la souveraineté de leur monnaie et de leur économie. Un accord doit être trouvé pour rétablir les taux de change fixes, afin de mettre un terme à la spéculation contre les monnaies et l’épargne populaire.

Un système bancaire séparant banques d’affaires et banques de dépôt doit être mis en place immédiatement ; dans ce système, seules les banques de dépôt qui servent le bien commun et l’économie physique seront protégées par l’Etat. Les banques d’affaires et du secteur bancaire de l’ombre ( shadowbanking ), devront s’organiser sans l’aide des contribuables et leurs avoirs spéculatifs seront dévalués. Un système de crédit productif public devra financer l’économie réelle et les investissements dans l’équipement, suivant des critères de productivité réelle de l’économie physique, créant ainsi les conditions pour honorer dans le futur les dettes légitimes de l’ancien système.

A la place de cette course suicidaire à l’affrontement avec la Russie et la Chine – stratégie qui ne peut venir que d’une vision impériale perverse – nous devons conclure des accords de coopération pour des périodes de 50 ou 100 ans avec ces nations et d’autres, autour de projets destinés à assurer la sécurité d’approvisionnement en énergie et matières premières, de grands projets d’infrastructures, de gestion de l’eau, verdissement des déserts, expansion de la production agricole pour une population mondiale en pleine croissance, ainsi que de recherche sur les conséquences des phénomènes galactiques sur le climat de la Terre, ou encore sur les vols habités dans l’espace – en somme, des projets qu’on pourrait décrire comme intéressant les objectifs communs de l’espèce humaine.

C’est l’existence de l’espèce humaine qui est en jeu. Face à ce moment tumultueux de l’histoire, pouvons-nous montrer que nous sommes des êtres humains, dans le sens où l’entendait le grand poète et dramaturge allemand, Friedrich Schiller, et non des barbares ?


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