Face à la dette, Glass-Steagall

mercredi 19 janvier 2011, par Jacques Cheminade


Les éditoriaux de Jacques Cheminade sont publiés tous les quinze jours dans le journal Nouvelle Solidarité, sur www.solidariteetprogres.org ainsi que sur son site de campagne www.cheminade2012.fr.


La victoire du peuple et de l’armée tunisiens contre une mafia criminelle et corrompue a surpris la quasi-totalité de nos dirigeants. Ils n’ont pas été capables de voir la réalité qui couvait par delà leurs préjugés et leurs égoïsmes. Cependant, c’est arrivé. De même, entre 1995 et 2007, ils n’ont pas voulu voir la désintégration financière d’un système condamné par ses propres excès et turpitudes. Cependant, c’est arrivé. Aujourd’hui, ils ne veulent pas davantage voir la nouvelle phase de la crise mondiale qui se déroule sous nos yeux. Cependant, elle arrive.

Le premier signe, chez nous, est la hausse du taux d’intérêt sur nos titres d’Etat. Pour nous procurer de l’argent sur les marchés, l’Etat a dû servir un taux de 3,36% pour la dernière émission d’obligations à dix ans, alors que le taux pour les mêmes titres se situait à 2,53% en 2010. Deuxième signe, le CDS de la France, représentant la prime d’assurance annuelle à payer contre un défaut éventuel, qui valait 0,8% du nominal au pic de la crise de mai 2010, vaut 1% aujourd’hui.
Troisième signe, les deux tiers de notre dette publique sont détenus par des investisseurs étrangers. Nous avons bien entendu des actifs publics bien supérieurs à notre dette. Cependant, si l’on continuait dans le système actuel, cela voudrait dire que l’Etat, pour rembourser, devrait revendre ses terrains, immeubles, routes et aéroports à des investisseurs et des fonds de placement.

Devrait ? C’est en réalité ce que nous faisons déjà. L’Etat a annoncé un appel d’offres pour vendre les 60% qu’il détient dans les aéroports régionaux de Lyon, Bordeaux, Toulouse, Montpellier et Nice. Nous vendons un pourcentage d’Areva au fonds souverain du Koweït, des autoroutes à la banque australienne Macquarie, fleuron de l’Empire de la City. Nos collectivités territoriales, dépourvues par le gel des dotations de l’Etat et l’effondrement des droits de mutation, bradent, comme la ville de Laval, la voiture de l’ancien maire, des camions-benne et même les illuminations de Noël.

En même temps, le gouvernement fait des cadeaux aux entreprises : le remplacement de la taxe professionnelle par la contribution sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), leur offre un avantage d’au moins 5 milliards d’euros, alors que les départements et régions ne sont plus maîtres de fixer le niveau de leurs recettes.

Même un cadre dirigeant du Medef, Eric Verhaeghe, a claqué la porte de la centrale patronale en déclarant : « La dette publique ne permet plus de financer des baisses d’impôts ciblées sur les plus hauts revenus et les plus hauts profits. »

Pendant ce temps, M. Fillon est allé à Londres exprimer toute son admiration vis-à-vis de la City et du gouvernement Cameron en leur demandant de participer à la coordination de la politique européenne d’austérité. Il s’est fait renvoyer sur les roses, la City voulant bien de serviteurs étrangers, mais hors du château. M. Sarkozy a subi le même traitement de la part de M. Obama. Jean Quatremer, dans Libération, montre bien comment la baronne Ashton, une proche de Tony Blair, a délocalisé le Foreign Office de Londres à Bruxelles, répartissant les postes de la diplomatie européenne entre la fine fleur de l’Empire, au détriment de la France et de l’Allemagne.

Il est temps d’organiser une pression politique sans concessions pour que nos responsables, eux, ferment les casinos financiers et reviennent à un ordre de crédit public alimentant l’équipement de l’homme et de la nature. C’est l’objet de ma campagne présidentielle, dès aujourd’hui.