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Glass-Steagall : liquider la finance folle, rétablir le crédit public

samedi 4 décembre 2010, par Lyndon LaRouche

4 décembre 2010 (Nouvelle Solidarité) – L’effondrement du système financier international est en train d’emporter dans sa chute les nations et les peuples. Plutôt que de mettre en faillite organisée les masses d’actifs fictifs parasitaires, les dirigeants européens et américains préfèrent se soumettre à l’oligarchie financière et sacrifier services publics et systèmes sociaux qui remplissent pourtant, eux, une fonction vitale pour la société. Mercredi, lors d’une intervention sur la chaîne internet de son Comité d’action politique, l’économiste américain Lyndon LaRouche est revenu sur l’importance du rétablissement de la loi Glass-Steagall de Franklin D. Roosevelt pour inverser le cours de l’histoire. Extraits.

Lyndon LaRouche : (…) En 1933, Franklin Roosevelt a mis en place la solution pour éviter l’effondrement général, problème qui se pose à nous aujourd’hui. C’est la solution Glass-Steagall. Les intérêts britanniques ont mis en garde les Etats-Unis si ces derniers venaient à rétablir le Glass-Steagall Act ; il y a eu des menaces réelles à l’encontre des Etats-Unis. Si bien que les membres du Congrès – que l’on devrait plutôt appeler « les démembrés » – ont abandonné leurs efforts pour la ré-adoption de cette loi pourtant absolument nécessaire.

Mais Glass-Steagall n’est pas une simple loi américaine, c’est un concept. Ce fut la première mesure du premier mandat présidentiel de Roosevelt et la seule politique possible pour permettre aux Etats-Unis de survivre à la crise de 1929. Ce n’est donc pas la loi d’un simple législateur, mais une loi de principe qui permet de débarrasser la société de sa surcharge d’actifs fictifs. Ces valeurs financières doivent absolument être purgées !

Il faut sauver les banques légitimes – les banques de dépôt – dont nous avons besoin, d’une part pour l’épargne et l’investissement des particuliers et des entreprises, et d’autre part pour constituer le bras financier du gouvernement fédéral, tel que l’avait défini Alexander Hamilton. Sa conception fut à la base de la Constitution des Etats-Unis, car l’union des 13 colonies ne pouvait se faire sans une économie viable. Pour avoir le gouvernement qui permettrait d’atteindre cet objectif, il fallait créer une constitution fédérale. La réforme bancaire entreprise par Hamilton fut à l’origine de la Constitution américaine. Et lorsque nous suivons les préceptes de notre Constitution, c’est l’instrument de gouvernement le plus efficace que l’humanité ait connu.

Jeffrey Steinberg : Pendant la Révolution américaine, Hamilton fut le second du général Washington, et de là, il fut témoin des conséquences désastreuses d’avoir un Congrès incapable d’ouvrir des lignes de crédit pour financer l’effort de guerre ; seuls les Etats eux-mêmes le pouvaient. Sachant à quel point nous sommes passés près de perdre la Révolution, je pense qu’il comprenait fort bien la nécessité d’un système fédéral...

Lyndon LaRouche : Non, sa compréhension allait bien au delà du pragmatisme, c’était pour lui une question de principe scientifique. Hamilton était un génie. Il n’était pas pragmatique pour un sou. C’est pourtant l’explication que donnent les économistes d’aujourd’hui, mais ce n’était pas du tout le cas. Hamilton n’a pas procédé à une simple rationalisation du système bancaire de l’époque dans les différents Etats. Ce qu’il a amené, c’est le principe du capital physique et du capital financier. Alors que l’on disait à l’époque « Nous sommes en banqueroute », Hamilton répondait « Non, nous sommes en banqueroute seulement si nous persistons à le croire. Si nous investissons dans ce qui créera de la valeur à l’avenir, alors nous pourrons dire – comme l’a fait la Colonie de la Baie du Massachusetts lorsqu’elle était encore gouvernée par sa charte originelle – émettons du crédit. La mise en place d’un système fédéral d’émission de crédit – et pas une simple rationalisation du système bancaire – est la seule chose qui puisse donner une valeur à un système bancaire qui en est dépourvu. » L’émission de crédit public est la base de notre système constitutionnel. Ce système de crédit est régi par l’amélioration du bien-être général.

Hamilton a clairement établi cette idée dans ses fameux rapports au Congrès [*] lorsqu’il était secrétaire au Trésor. Tout y figure en détail. Son idée est de créer du capital sous forme de crédit, c’est-à-dire de s’engager à payer plus tard quelque chose que l’on a pas encore. Mais il s’agit d’utiliser ce mécanisme pour donner une direction à la société afin de créer la valeur économique représentée par ce crédit. Dès lors, on est en banqueroute dès lors que l’on décide de se soumettre aux règles existantes. En créant notre République constitutionnelle capable d’émettre du crédit, nous ne sommes plus en banqueroute, car ce crédit, s’il est consenti par le peuple, fera connaître notre engagement à créer de la richesse. (...)


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[*Voir ses Reports on Public Credit 1- On Public Finances (1789) 2- On National Banking (1790) 3- On Manufactures (1791).