Et si l’on avait cent jours pour inverser le cours de la crise...

jeudi 9 septembre 2010, par Lyndon LaRouche

9 septembre 2010 (Nouvelle Solidarité) – Lors d’une discussion avec des militants de son Comité d’action politique (LPAC), début septembre, évoquant l’ampleur sans précédent du chômage et de la crise budgétaire qui frappe les collectivité locales (au point de devoir fermer des casernes de pompiers, des écoles et des commissariats), l’économiste Lyndon LaRouche a défini les mesures d’urgence qui devraient être prises. Au cœur de cette politique nouvelle, des projets d’infrastructures de portée continentale et transcontinentale, à l’image du NAWAPA (Alliance nord-américaine pour l’eau et l’énergie), défendu par le LPAC.

LaRouche : Il y a deux grands domaines d’intervention : d’abord l’infrastructure, mais pas au sens réductionniste habituel. Par exemple, pour l’heure nous n’avons même pas le réseau ferroviaire nécessaire pour réaliser le NAWAPA. On ne peut se baser sur le transport routier pour acheminer les milliers de tonnes de matériaux et d’équipement vers les zones de construction du projet. Il nous faut un réseau qui puisse transporter ce fret pondéreux ; ce pourrait même être encore plus efficace en recourant à la technologie des trains à lévitation magnétique. Car il est question ici de transporter de gros tonnages, à un rythme très soutenu et sur des distances semi-continentales et continentales. Le matériel devra être acheminé depuis les Etats du Michigan, de l’Ohio, de l’Indiana, etc., à l’Est, jusqu’à la côte Ouest et des régions très montagneuses comme l’Idaho.

Nous aurons donc toute une série d’activités nouvelles qui vont mobiliser une très grande partie de notre économie, au-delà des activités déjà en cours de production alimentaire et autres. Ce projet constituera la nouvelle base de notre économie.

Pour y arriver, il faut d’abord rétablir la loi Glass-Steagall de Franklin Roosevelt, qui aura pour effet d’annuler la plupart des dettes illégitimes issues du programme de renflouement. Ainsi, le gouvernement fédéral pourra reprendre le contrôle de la monnaie et émettre les milliers de milliards de dollars de crédit nécessaires à ces projets. Le NAWAPA et ses projets auxiliaires redonneront un travail à quelque 4 millions d’Américains. C’est une réédition de la Tennessee Valley Authority de Roosevelt mais à une échelle beaucoup plus grande et rapide.

Voilà la première partie du programme. Le deuxième pan consistera à aider les collectivités locales à se relever du désastre que leur ont fait subir les politiques d’Obama, en se concentrant principalement sur le sauvetage de leurs services de police, de sécurité civile, d’éducation et de santé publique. La création de ces millions d’emplois liés à l’infrastructure, dont la plupart relèvent de hautes technologies et sont donc qualifiés et rémunérateurs, aura un effet bénéfique sur les différents bassins économiques concernés par le projet et ses ramifications. La création de ces emplois est la substance première du plan de relance.

Pour les mesures d’urgence en faveur des Etats et des municipalités, à qui la Constitution interdit de fonctionner avec des budgets déficitaires, le gouvernement fédéral devra injecter des fonds afin de les maintenir à flot. Il ne s’agit pas de les renflouer ad vitam aeternam , mais de ramener à leur meilleur niveau leurs fonctions vitales et administratives. Dans le cadre du plan de relance, cette intervention fédérale pour maintenir leur équilibre budgétaire ne devrait être que temporaire.

Intervient ensuite un processus spécifique de recherche et développement dans nos universités, qui devront s’orienter vers la haute technologie : cette impulsion sera donnée par un programme d’exploration spatiale.

Dans le même temps, avec le projet NAWAPA nous allons accroître le cycle de l’eau, non pas en l’empêchant d’aller à la mer, mais en rallongeant les fleuves, pour ainsi dire. Grâce à l’irrigation, cette disponibilité nouvelle en eau entraînera un accroissement de la productivité du vivant. A ce rythme, chaque litre d’eau rendu disponible par le NAWAPA, produira 2,7 litres de précipitations qui retomberont sur le territoire. La croissance de la biosphère engendrée par le projet modifiera le climat de toute cette partie du continent nord-américain.

Dans cet esprit, nous éliminerons les panneaux solaires qui sont une technologie inefficace, stupide et dangereuse pour l’homme. Le photovoltaïque contribue à la désertification alors que nous voulons accroître la couverture végétale ! Nous éliminerons aussi les éoliennes, ces « tueuses d’oiseaux ». Ce sont d’ailleurs les oiseaux qui nous l’ont demandé : « S’il vous plaît, virez ces éoliennes, qui ne cessent de tuer nos congénères » !

Nous allons renouer, à grande échelle, avec l’énergie nucléaire, en développant les réacteurs à thorium afin de remplacer l’uranium, tout en allant vers le principe de la fusion thermonucléaire. La fusion est absolument indispensable pour l’exploration humaine de l’espace environnant. Si nous voulons explorer Mars, il nous faudra maîtriser la fusion, probablement alimentée par de l’hélium 3.

Telles sont les perspectives qui doivent guider notre action. Pour rendre cela possible, nous devons établir un système monétaire international à taux de change fixe entre les Etats-Unis, la Russie, la Chine, l’Inde et éventuellement d’autres pays. Ce système de crédit permettra le progrès scientifique et technologique assurant le développement à long terme de l’ensemble de l’économie. Les projets phares de cette reprise seront : 1) le NAWAPA lui-même ; 2) la construction du tunnel sous le détroit de Béring et le développement subséquent de la Sibérie et de ses ressources minérales essentielles pour les voisins de la Russie comme la Chine ; 3) un réseau ferroviaire traversant de l’Afrique du Nord au Sud, créant ainsi une plateforme de haute technologie basée sur le développement des transports, de l’énergie et de l’eau.

Prenez par exemple le bassin du fleuve Congo, dont une grande partie des eaux se jette dans la mer. Nous allons faire faire quelques petits détours à cette eau avant qu’elle n’aille finir sa course dans l’océan. Comme pour le NAWAPA, il faudra construire un système de pompage pour élever les eaux, acheminer ce surplus vers un réservoir tampon, avant de le faire s’écouler vers certaines régions comme le lac Tchad, le but étant de redonner au lac sa taille et son rôle antérieurs.

Ainsi, ce programme infrastructurel basé sur un réseau ferroviaire moderne et la disponibilité de l’eau permettra le développement global de zones fertiles. La population africaine est naturellement agricole (ce qui ne veut pas dire que ce sera leur seule activité à l’avenir, mais seulement que pour l’instant, ceux sont essentiellement des agriculteurs) et il va falloir leur donner les moyens d’être plus productifs. En accédant à tous les avantages de la technologie moderne et de l’infrastructure, les Africains de demain seront des Africains productifs. Il n’y a aucune raison d’exporter la richesse de l’Afrique comme nous le faisons aujourd’hui, elle restera sur place. Les Africains auront donc la possibilité de produire : de l’exploitation de leurs ressources minérales jusqu’à la transformation en produits, libre à eux de fabriquer ensuite des choses qu’ils pourront exporter. En utilisant l’approche NAWAPA pour l’Afrique, nous rendrons enfin justice à ce continent.

Côté américain, nous prolongerons la dynamique NAWAPA à travers le bouchon de Darién jusqu’à la Terre de feu, pour que les Amériques forment un ensemble à haute technologie recourant massivement à l’énergie nucléaire.

Voilà.


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