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Notre intervention à La Rochelle : Arrosez-moi ces roses avant qu’elles ne se fanent !

lundi 6 septembre 2010

Cette année, à l’université d’été du PS, on aurait cru voir la grande réunion d’une famille enfin « unie ». Pas de déclaration assassine, de rivalité apparente ni de projection vers l’avant d’ego surdimensionnés, chaque patriarche est resté à sa place, parfois un peu hypocritement évidemment, mais dans la discrétion. De quoi permettre au cousin éloigné qui s’y était invité – élevé aux épinards anticrise plutôt qu’au pain sec des austères ou au caviar des écharpés rouges – de rappeler l’esprit des illustres ancêtres et de pousser les convives à l’action plutôt que vers les macarons.

« Ensemble, tout devient possible avec Strauss-Khan… sauf un Glass-Steagall », était l’un de nos slogans qui (eh oui, il y a de l’espoir !) a fait fureur auprès de 80 % des socialistes croisés, conscients qu’il n’a plus de socialiste que la carte. Et encore, on peut se demander si par mesure de rigueur, il n’a pas fait l’impasse sur son renouvellement… Les autres, des disciples ou simplement des grognons (pas touche à la famille !), s’indignaient de notre polémique comme des chameaux de vertu : « Pfff ! », « Arrrgh ! », « Mais vous n’avez pas honte de dénigrer ainsi », et pour les plus courageux : « dans les programmes du FMI, il n’y a pas que de l’austérité » ou encore « DSK c’est le plus compétent », ce qui nous poussa à leur faire remarquer que malgré son intelligence supérieure, il n’avait pas vu venir la crise. Agacés, certains finirent par éviter la conversation en lançant systématiquement des « DSK, Président » auxquels nous répondions : « Oui, oui, on sait… du FMI ! » D’ailleurs, des membres du MJS revinrent nous voir après que nous leur eûmes dit la veille que DSK était une opération visant à tuer la gauche en la transformant en centrisme mou qui n’offrirait aucune résistance à la finance : « Vous aviez trop raison, on est allés à la réunion des strauss-khaniens et y’avait que des anciens du Modem, c’était nul ! »

Une fois les choses mises au clair sur le traître de la famille, encore faut-il s’assurer que les autres ne suivront pas le même chemin. Jaurès, Blum et Lagrangecombattaient ouvertement l’oligarchie financière et militaient pour la nationalisation de la Banque de France pour en faire le centre d’une émission publique de crédit. On n’en est pas encore là, mais peu à peu, certains discours, thèmes et mesures du « trouble-fête » Cheminade commencent à faire leur chemin. On parle d’un retour aux mesures Glass-Steagall dans un atelier sur l’économie. On ose un peu moins parler fièrement de Barack Obama, à l’image de Martine Aubry qui ne l’a mentionné qu’une fois au détour d’une phrase lors de son discours de clôture. On organise même un atelier sur le rôle de la science et du progrès dans le socialisme, lors duquel on se distancie des « écologistes qui pensent que parce que l’homme est pensant, il est nécessairement nuisible » et où l’on applaudit aux trois quarts à l’utilisation de la science atomique !

Il faut également reconnaître que par son implantation locale, institutionnelle et associative, le PS sait être compétent sur les questions techniques comme le logement, le sport, etc. Mais quand en vient aux principes mobilisateurs et à la vision de l’avenir, c’est le silence assourdissant qui reprend le dessus ; non que prises individuellement les différentes personnes ne soient pas prêtes à s’en passionner, mais collectivement prisonniers de leur idéologie familiale, les convives n’osent plus écouter leur instinct d’idéaliste.

Oui, Mme Aubry, nous sommes « dans la patrie du général de Gaulle et de Pierre Mendès-France » ! Il est temps d’en décrocher les tableaux et de nous en montrer dignes…


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