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Débat à Nîmes avec J. Cheminade : Quand les abeilles se ruent sur les prédateurs financiers

mardi 18 mai 2010

Par Bertrand Buisson

C’est un débat surprenant et passionnant qui s’est déroulé samedi 15 mai à Caveirac près de Nîmes. Invité par l’association gardoise Abeille et Biodiversité, Jacques Cheminade anima, aux côtés de Coast Sullenger (GAIA Capital Advisors) et Xavier Picot (Chambre d’agriculture du Gard), la discussion sur la crise alimentaire et l’agriculture. Comme l’a voulu son président Alain Giacalone, l’évènement qui a réuni cent vingt personnes permit de briser les barrières entre combat local et international et de montrer que la créativité humaine peut tout résoudre, à condition de se démener. Que l’on soit « écolo » ou pas, il est apparu qu’il y avait bien un champ de bataille commun, contre la finance prédatrice qui détruit sans distinction l’homme et la nature.

Consensus contre les puissances d’argent

Le ton a d’abord été donné par le documentaire de Klaus Pas, Le dernier repas de Malthus, qui exhibe l’échec de la pensée impériale britannique incarnée par Thomas Malthus et David Ricardo. Les réponses humaines à la crise alimentaire, qui ne s’est pas arrêtée avec le silence des médias, sont déjà largement connues et esquissées à l’écran : créer les conditions d’une nouvelle Révolution verte en Afrique et ailleurs en investissant dans les infrastructures, l’équipement agricole, la formation des agriculteurs et la recherche appliquée.

Le débat est donc directement parti sur les changements politiques nécessaires pour rendre cela possible. Et la France est aux premières loges, comme l’a souligné Jacques Cheminade, fustigeant les « collabos du système » que sont les Dominique Strauss-Kahn au FMI, Pascal Lamy à l’OMC et Jean-Claude Trichet à la BCE. C’est le moment de « décider si ce sont les experts ou les citoyens qui gouvernent », si l’on « sauvent les monnaies ou les peuples ».

Saisissant la balle au bond, un autre interlocuteur demanda « comment nous avions pu accepter ces "prédateurs financiers" », tandis qu’une dame voulait savoir « comment sortir de ce monde monétariste où tout est mesuré en argent et en statistiques ». D’autres se demandaient s’il fallait revenir ou non sur l’organisation des marchés internationaux. Les questions déferlaient dans l’exigence d’une réponse politique que les politiciens n’ont jamais voulu et ne veulent toujours pas donner.

Combattre ou disparaître

Disparition des abeilles, pénurie de jeunes agriculteurs, explosion du prix du foncier, dumping agricole, etc., les problèmes locaux surgissaient légitimement à mesure que la tension allait croissante. Xavier Picot révélait d’ailleurs que l’accaparement des terres africaines par des cartels et des intérêts étrangers avait aussi lieu en France, à tel point que la spéculation sur les terres agricoles ne permettait plus d’installer de nouveaux exploitants. On parlait donc bien de questions de vie ou de mort pour la société.

Relatant son combat pour installer de jeunes agriculteurs qui puissent « vivre de leur travail et nous faire vivre par leur travail », l’adjoint au maire de Caveirac prit le mot de la fin : « La seule certitude dans cette situation, c’est que nous sommes sûr de perdre si l’on ne fait rien. Quoiqu’il arrive, notre combat profitera toujours à ceux qui viendront après. »