L’IDS de LaRouche :
un autre monde était possible

mercredi 28 avril 2010

[sommaire]

Par Jeffrey Steinberg le 19 avril 2010
Executive Intelligence Review

Le monde poursuit implacablement sa chute vers un nouvel âge de ténèbres.

La phase terminale de l’effondrement du système financier international à taux de change flottants est en cours et aucune des initiatives prises par un quelconque gouvernement depuis l’explosion de la bulle financière en 2007-2008 n’a fait quoi que ce soit pour inverser le cours de cette désintégration hyperinflationniste. A moins d’y remédier immédiatement en procédant à une mise en faillite organisée, tel qu’énoncée par Lyndon LaRouche dans son appel pour un « Glass-Steagall global », cet effondrement atteindra son point de rupture bien avant la fin de l’année.

La désintégration des économies physiques, particulièrement dans les pays de la communauté transatlantique, s’accélère : nous sommes déjà au point où l’ensemble des capacités productives mondiales sont largement inférieures à ce qui permettrait de répondre aux besoins les plus fondamentaux des 6,7 milliards d’êtres humains vivant sur terre. Sans une renaissance des économies physiques des principales nations transatlantiques, notamment les Etats-Unis, l’Allemagne, la France et l’Italie, aucune croissance économique – même réelle – dans les pays de la zone Asie-Pacifique ne pourra empêcher une rupture globale.

Les armes défensives à laser, une révolution scientifique, économique et stratégique.

Cet état du monde n’était pas fatal. Dans la première moitié des années 1980, un autre avenir aurait pu se dessiner ; qui aurait engendré une longue et intense période de développement économique, une coopération mondiale pour en finir avec l’origine des guerres et la défaite cinglante des puissances de l’Empire britannique.

L’enjeu décisif était l’Initiative de défense stratégique (IDS), lancée par Ronald Reagan et conçue par Lyndon LaRouche, qui avait le potentiel d’inverser l’équation stratégique de la Guerre froide en faveur de la paix et de la prospérité. C’est le rejet de l’IDS qui nous a ainsi menés dans cette période d’extrême danger.

Si nous voulons avoir une chance d’éviter ce nouvel âge de ténèbres vers lequel nous précipite Londres, les leçons de cette occasion manquée doivent être comprises et inspirer l’action. Ironie de l’histoire, la conception de fond de l’IDS de LaRouche, qui s’exprime aujourd’hui sous la forme de sa proposition d’Alliance des 4 puissances, demeure le seul remède politique à la crise que nous vivons.

Le seul ennemi : l’Empire britannique

Si cette crise ne relevait que de l’échec des dirigeants, ce serait déjà grave. Mais elle est due, en fait, à la force dominante de l’Empire britannique qui façonne l’économie et la finance mondiale depuis la mort de Franklin Roosevelt en avril 1945. Cet empire mondial est basé sur le modèle financier oligarchique maritime de Venise qui engendra le « nouvel âge de ténèbres » du XIVe siècle, au cours duquel l’Europe fut presque entièrement anéantie.

De nos jours, l’oligarchie britannique représentée par le Prince consort Philip d’Edimbourg, promeut agressivement un autre âge de ténèbres à travers une politique malthusienne radicale qui pourrait bien causer la disparition de 80% de la population mondiale en quelques générations. C’est cette influence de l’Empire britannique qui est l’unique facteur de danger pour la survie de l’humanité. Ses tentacules s’étirent de Wall Street et Washington jusqu’à Moscou, New Delhi, Brasilia et la plupart des capitales. Il concentre la puissance monétaire essentiellement depuis ses avant-postes offshore, comme ces havres du narco-blanchiment que sont les Antilles néerlandaises, les îles Caïmans et Dubaï.

Aujourd’hui, l’Empire britannique représente une forme encore plus virulente de la Compagnie britannique des Indes orientales contre laquelle a été menée avec succès la Révolution américaine.

Le Président Barack Obama doit sa carrière aux cercles de la City et de Wall Street qui ont préparé son élection. Ils l’ont coopté et promu précisément parce qu’ils ont peur d’un retour au Système américain d’économie politique qu’incarnaient les politiques de Roosevelt, au moment où pour une majorité de plus en plus grande d’Américains, les conditions de vie deviennent pires que lors de la Grande dépression de 1929-1933.

Guerre permanente, chaos permanent

Le jour du jugement dernier pour le système financier international arrive à grands pas et les milieux de la City de Londres le savent bien. Parfois, comme dans les récents écrits de l’apologiste de l’impérialisme britannique Niall Ferguson, ils affichent publiquement ce point de vue.

Pour répondre à cette crise existentielle, cette oligarchie basée à Londres ainsi que ses agents et ses dupes de par le monde, sont prêts à faire littéralement exploser le monde via une nouvelle guerre religieuse de Cent ans s’étendant à travers toute l’Eurasie. Leur détonateur favori pour cette guerre asymétrique perpétuelle serait une frappe israélienne préemptive contre l’Iran. Conçu à Londres et promu par l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair et l’ancien vice-président américain Dick Cheney, ce plan anticipe une intervention militaire américaine en soutien d’Israël, que les Etats-Unis aient donné ou non leur bénédiction à un tel acte de folie stratégique israélien.

Le fait qu’une telle attaque ne serait ni dans l’intérêt stratégique d’Israël, ni dans celui des Américains, ne fait que souligner à quel point la politique de ces pays est actuellement façonnée par des facteurs extérieurs. Du point de vue de leur propre nation et de leur propre peuple, de tels actes équivalent à une véritable trahison.

Avec le Président Obama, cette réaction suicidaire est quasi-assurée ; et ce, malgré l’opposition vigoureuse des dirigeants des milieux de la Sécurité nationale américaine, y compris parmi les conseillers d’Obama lui-même. Comme l’a dit un haut gradé retraité de l’US Army : « C’est la décision du Président Obama. C’est lui le Commandant en chef des armées. A l’heure de vérité, tous les autres ne sont que de simples conseillers. »

Israël, qui est un des principaux pions de la stratégie néocoloniale de Sykes-Picot pour le Moyen-Orient, justifierait ses frappes sur la base, largement exagérée, que l’Iran est sur le point d’obtenir l’arme nucléaire. Tout porte à croire que l’attaque israélienne pourrait intervenir d’ici les élections américaines de mi-mandat en novembre, et peut-être même dans les jours ou les semaines à venir.

Les estimations du renseignement américain présentées la semaine dernière devant la Commission du Sénat sur les services armés, disent clairement que même dans les circonstances les plus favorables, l’Iran n’aura pas d’armes nucléaires opérationnelles d’ici deux à cinq ans. En réalité, l’Iran est probablement encore bien plus loin de maîtriser les technologies le permettant. Cependant, c’est maintenant que les roulements de tambour des va-t-en-guerre se font entendre.

Pourquoi ? Parce qu’une nouvelle guerre religieuse de Cent ans est sur l’agenda britannique, du fait que la désintégration financière mondiale menace le pouvoir de la City de Londres. Un tel affrontement mènerait certainement à la destruction des Etats-Unis, principal objet de la haine britannique depuis avant même la Révolution américaine et l’établissement de la Constitution fédérale, du temps de la Colonie de la baie du Massachusetts. 

Dans les conditions que créeraient cette attaque sur l’Iran – qui ne ferait que renforcer le pouvoir des Gardiens de la Révolutions en attendant une intervention américaine – Londres pourrait aussi décider de perpétrer l’assassinat de « son » propre Président des Etats-Unis. La mort d’Obama jetterait le pays dans un chaos social propice à l’émergence d’une dictature qui ferait disparaître à jamais la Constitution américaine. Le lourd passé britannique en matière d’assassinat de Présidents américains ne fait que renforcer la menace qui pèse sur un Obama pourtant à leur service.

S’ajoutant à ce scénario du chaos permanent, une attaque imminente d’Israël contre l’Iran aurait probablement lieu pendant l’offensive militaire de l’Otan sur la province de Kandahar au sud de l’Afghanistan, une opération allant elle-même contre tous les préceptes de la stratégie militaire.

Le général MacArthur et JFK discutent de l’engagement américain au Vietnam, en 1961.

C’est en comparant la folie du général McChrystal, commandant des forces de l’Otan en Afghanistan, à la mise en garde adressée en 1961 à John Kennedy par les généraux Douglas MacArthur et Dwight Einshower, que les enjeux deviennent évidents. Mac Arthur et Eisenhower avaient prévenu Kennedy de ne pas se lancer dans une guerre terrestre en Asie. Avec sagesse, il suivit leur conseil, contre l’avis même de son secrétaire à la Défense, de son chef d’état-major et de son conseiller à la Sécurité nationale, et annula le programme d’engagement militaire direct en Indochine.

S’il n’avait pas été assassiné par un commando de tireurs d’élites aux ordres de Londres, les Etats-Unis auraient évité le cauchemar du Vietnam.

Aujourd’hui, les Etats-Unis engagent une quatrième décennie de guerres en Afghanistan, des conflits qui ont détruit les fondations de l’économie et de la société afghane d’avant 1979. S’est développée à la place une narco-économie produisant 90% de l’opium et de l’héroïne mondiales et répandant de par le monde dépendance, mort et menticide à la manière des Guerres de l’opium menées aux XVIIIe et XIXe siècles par la Compagnie britannique des Indes orientales. La Russie, un des principaux alliés potentiels américains dans l’Alliance des quatre puissances contre l’Empire britannique, compte parmi les victimes de cette nouvelle Guerre de l’opium. L’Europe et les Etats-Unis sont les deux autres cibles de ce raz-de-marée de drogue bon marché qui s’écoule depuis l’Afghanistan.

On n’était pas obligé d’en arriver là

Revenons maintenant sur le virage décisif du début des années 1980.

Dans un discours du 31 décembre 1982 à New York, Lyndon LaRouche déclara que sa proposition de coopération américano-russe pour une révolution scientifique et technologique, dans le cadre de l’édification d’un système de défense anti-missile balistique, inverserait le cours de l’histoire. Il insista sur le fait que ce changement radical de cap devait intervenir dans les cent jours. Voici les propos qu’il tint devant un millier de ses partisans :

Si nous réussissons, si le Président Reagan le fait, dans les prochaines semaines, alors nous aurons administré aux ennemis antiques de notre peuple et de l’humanité – les Harriman et compagnie, les malthusiens – non pas un coup fatal, mais une défaite mortelle mettant sérieusement à mal le pouvoir malthusien au niveau international. Nous devons dégager le terrain et affaiblir les ennemis de l’humanité de telle sorte que ceux qui ne s’opposent pas à l’espèce humaine aient toute la latitude pour prendre des décisions sans avoir à se soumettre aux Harriman et à toute cette clique. C’est en ce sens, dans cet acte, ce choix, que dans cette grande tragédie que nous vivons, se trouve le punctum saliens de notre époque. Soit nous le saisissons, sinon j’ignore ce que nous pourrons encore faire.

Alors qu’il prononçait ces mots, LaRouche savait qu’il était tout à fait possible que Reagan puisse reprendre sa proposition pour mettre fin à l’ère de la Destruction mutuelle assurée (MAD) conçue par Bertrand Russell.

Brochure de l’US Labor Party de LaRouche sur les armes à laser, 1977.

LaRouche a d’abord conçu sa proposition en 1977 dans le contexte de son combat contre la Présidence Carter contrôlée par la Commission Trilatérale de David Rockefeller et Zbigniew Brzezinski. Ils étaient arrivés au pouvoir en 1976 grâce une fraude électorale massive et avec une politique avérée d’affrontement nucléaire avec Moscou. Alors qu’il était lui-même candidat aux présidentielles pour l’US Labor Party, LaRouche eut connaissance de documents confidentiels émanant des cercles de la Trilatérale et révélant leurs plans pour provoquer ce conflit. La veille de l’élection, LaRouche a donc consacré un spot télévisé d’une demi-heure en prime-time, diffusé au niveau national, à mettre en garde contre les dangers que constituerait une victoire de Carter.

En tirant ainsi la sonnette d’alarme, ce plan fut mis en échec et LaRouche devint une référence parmi un groupe élargi de patriotes américains incluant un réseau d’anciens de l’OSS (les services de renseignement américains créés par Franklin Roosevelt pendant la Deuxième Guerre mondiale) toujours très actifs. Un de ceux avec qui les associés de LaRouche travaillèrent à la fin des années 1970, William Casey, fut nommé par Reagan directeur central du renseignement en 1981.

En 1977, après que le général George Keegan, chef du renseignement de l’US Air Force, eut publié un rapport sur les avancées soviétiques dans le domaine des lasers à faisceaux de particules, LaRouche formula sa proposition de développement conjoint américano-soviétique d’un système spatial de défense anti-missile balistique basé sur de nouveaux principes physiques. L’idée était d’abolir la menace de la doctrine MAD par un système scientifiquement et technologiquement plus avancé promettant, lui, une survie mutuelle assurée.

De par ses travaux et découvertes antérieurs en science de l’économie physique, LaRouche savait que les percées scientifiques nécessaires à ce programme de défense auraient des retombées fantastiques pour la productivité de l’ensemble de l’économie.

C’était ainsi faire face à l’autre grande menace représentée par l’administration Carter. Sa politique, conçue par la Trilatérale, la Chatham House de Londres et le Council on Foreign Relations de New York, prévoyait une décennie de « désintégration contrôlée de l’économie mondiale ».
Concrètement, il s’agissait de mettre un terme aux grandes avancées scientifiques, comme la fusion thermonucléaire, et d’établir au niveau mondial un système de production basé sur le travail-esclave. La désindustrialisation des Etats-Unis était un objectif clé de l’administration Carter et le plan de LaRouche visait à déjouer ces plans et leur idéologie malthusienne et d’« analyse des systèmes » sous-jacente.

La collaboration LaRouche-Reagan

Par la suite, LaRouche a joué un rôle important dans la déroute des deux candidats, démocrate et républicain, soutenus par la Trilatérale dans l’élection de 1980. Sa campagne dans les primaires démocrates du New Hampshire a lourdement plombé le candidat républicain George H. W. Bush, qui ne le lui a jamais pardonné. Côté démocrate, sa campagne et la collaboration avec la machine Kennedy (avant qu’elle ne dégénère complètement), ont considérablement affaibli Carter, ouvrant la voix à l’écrasante victoire de Reagan.

Lors des primaires du New Hampshire, dans un débat à Concord, LaRouche s’est trouvé plusieurs heures en compagnie de Reagan. Le rapport personnel qui s’établit alors entre eux deux allait avoir des conséquences historiques.

LaRouche et Reagan en janvier 1980, Concord, New Hampshire.

En novembre et décembre 1980, entre la victoire électorale et l’investiture de Reagan, LaRouche rencontra à de nombreuses reprises des responsables de l’équipe de transition, dont certains allaient ensuite occuper des postes importants dans la nouvelle Administration. Par exemple, il joua un rôle significatif en facilitant un important sommet frontalier entre Reagan et le président mexicain José Lopez Portillo.

Mais par-dessus tout, LaRouche fit avancer sa stratégie de défense par laser pour porter un coup fatal à la doctrine MAD et à la désintégration économique qui frappait l’économie physique américaine depuis plus de 10 ans. Malgré l’opposition des factions utopiennes du Pentagone et du Congrès, son projet gagna entre 1981 et 1983, un important soutien dans les institutions.

Prise de contact soviétique

Encore sous la houlette de Leonid Brejnev, la direction soviétique était très divisée au sujet de la nouvelle Administration. Quelques jours après l’investiture de Reagan, un haut diplomate soviétique aux Nations unies rencontra LaRouche pour connaître son évaluation sur le nouveau Président et son équipe.

LaRouche profita de cette prise de contact soviétique pour nouer un dialogue, avec l’approbation des autorités, sur les perspectives de collaboration américano-soviétiques concernant son projet de système de défense par laser.

Bien que de nombreux aspects des délibérations soviétiques sur la proposition de LaRouche restent secrets, il est cependant certain que même avec la mort de Brejnev et l’arrivée de Youri Andropov en novembre 1982, un dialogue de bonne foi s’est poursuivi à haut niveau entre Washington et Moscou, par l’intermédiaire de LaRouche.

A la Maison Blanche comme au Pentagone ou à la CIA, il existait un soutien grandissant pour ce projet de LaRouche qui représentait un chamboulement complet de l’équilibre stratégique mondial. La perspective d’une renaissance scientifique de l’économie agro-industrielle décatie des Etats-Unis, était considérée par de nombreuses personnes comme un bienfait uniquement redevable à la pensée stratégique de LaRouche.

Les cercles républicains autour d’Henry Kissinger et la faction corrompue du Parti démocrate regroupée autour d’un chouchou de la Trilatérale, Walter Mondale (le vice-président de Carter), vouaient une haine féroce envers LaRouche car il menaçait de mettre fin à leur petit jeu de pouvoir.

Dès août 1982, Kissinger écrivit personnellement au directeur de la CIA William Webster pour lui demander de faire taire LaRouche voir ci-dessus.

Telle était la toile de fond du discours prononcé par LaRouche le 31 décembre 1982 sur le punctum saliens.

Reagan monte au créneau

Le 23 mars 1983, lors d’une allocution télévisée depuis la Maison Blanche, Reagan annonça le lancement de ce qu’il surnomma « Initiative de défense stratégique » (IDS). Pour les cercles dirigeants à Washington, Moscou et toutes les grandes capitales d’Europe de l’Ouest et d’Asie, il n’y avait aucun doute que Reagan venait d’adopter officiellement la politique de survie mutuelle assurée de LaRouche. Le message fut ensuite délivré directement aux autorités soviétiques par une série de déclarations publiques et de communiqués confidentiels : les Etats-Unis étaient prêts à entamer une collaboration stratégique avec l’URSS pour mettre un terme à la menace d’Armageddon nucléaire qui pesait sur le monde depuis plusieurs décennies.

Allocution de Reagan sur l’IDS, 23 mars 1983.

Mais avec l’arrivée au pouvoir de Youri Andropov, un changement politique intervint à Moscou. Le nouveau chef soviétique était véritablement un agent britannique ; il fut parmi les premiers responsables soviétiques à conclure un accord avec Lord Bertrand Russell pour l’instauration d’un gouvernement mondial malthusien établit conjointement entre puissances impériales de l’Est et de l’Ouest. Andropov avait été profondément marqué par son expérience d’ambassadeur en Hongrie durant la révolte de 1956. En tant que chef du KGB en 1967, il joua un rôle clé dans l’établissement de l’Institut international d’analyse appliquée des systèmes (IIASA) à Vienne, qui institutionnalisa les précédents accords entre Russell et Nikita Khrouchtchev.

Bien que pleinement informé des deux années de négociations officieuses menées à Washington par le biais de LaRouche, qui de son côté avait l’approbation du Conseil de sécurité national (NSC) de Reagan, Andropov rejeta l’offre de Reagan.

Par cette décision scélérate, Andropov assurait la désintégration prochaine de l’URSS. Un Pacte de Varsovie et un Comecon à bout de souffle ne pourraient jamais supporter une course à l’armement défensif, particulièrement avec un secteur militaro-industriel fonctionnant en vase clos ne permettant pas à l’URSS d’intégrer rapidement les nouvelles découvertes scientifiques et technologiques dans son économie.

Tout au long des deux années de discussions avec les Soviétiques précédant le 23 mars 1983, LaRouche avait souligné à de nombreuses reprises les bénéfices économiques immenses de ce projet scientifique pour chacune des parties. Il avait aussi abordé le problème de la faiblesse inhérente au système économique soviétique et rédigé des dizaines de notes sur les répercussions économiques civiles de cette coopération américano-soviétique ainsi que sur l’opportunité de mettre un terme à l’horreur du chantage thermonucléaire.

Marie-Madeleine Fourcade, chef du mouvement de resistance Alliance pendant la guerre, apporta publiquement son soutien à LaRouche et l’IDS. Ici avec LaRouche en 1984.

Tant avant qu’après le discours de Reagan, LaRouche et ses associés avaient organisé un mouvement international de soutien à sa politique de survie mutuelle assurée et de renaissance économique par de nouvelles avancées technologiques. Parmi les principaux soutiens internationaux à son projet, on trouvait des militaires et dirigeants politiques de haut rang, français, allemands, italiens, japonais, argentins et indiens.

Bien que personne n’ait prétendu que ce système spatial de défense à laser pourrait être mis en place immédiatement, l’adoption d’une stratégie de survie mutuelle au détriment de la doctrine MAD aurait complètement redéfini les relations internationales. Cela aurait établi de fait un système westphalien de coopération entre Etats-nation souverains qui avaient été jetés les uns contre les autres sous le règne de la Guerre froide britannique.

L’effondrement

LaRouche n’abandonna pas l’IDS, même après le rejet d’Andropov et le déclenchement par Kissinger, agent britannique déclaré, et d’autres, d’une campagne vicieuse pour éliminer « le facteur LaRouche », soit par un assassinat, soit par une vindicte judiciaire montée de toutes pièces.

Raid du FBI sur les bureaux du mouvement larouchiste à Leesburg, Virginie, en octobre 1986.

Dans les mois et les années qui suivirent, avec sa série de rapports « Global Showdown », il avertit que la décision d’Andropov avait condamné l’URSS à une désintégration prochaine, d’ici la fin de la décennie. Lorsque Gorbatchev, choisi par son prédécesseur, prit le pouvoir en mars 1985, il renforça la direction politique prise par Andropov. En octobre 1986, alors que 400 agents fédéraux, d’Etat et locaux, avec le soutien d’unités de l’armée, lançaient un raid sur les bureaux du mouvement larouchiste à Leesburg, en Virginie, Gorbatchev rencontrait Reagan à Reykjavik pour obtenir l’abandon de l’IDS par les Américains. Malgré les efforts, entre autres, du propre secrétaire d’Etat de Reagan, George Shultz, de briser l’engagement du Président et de le pousser à accepter en échange l’offre soviétique de réduction des arsenaux nucléaires – ce qui maintenait de fait la doctrine MAD –, Reagan tint bon.

Cependant, déjà, le programme d’IDS avait été substantiellement affaibli et la présidence Reagan effectivement détruite.

Une grande opportunité fut ainsi perdue. L’Union soviétique s’effondra dans les délais et pour les raisons annoncées par LaRouche. De plus, le rejet du concept de renaissance scientifique mondiale qui aurait mis fin à la politique de « désintégration contrôlée » de Londres et Wall Street, signifia que les nations transatlantiques se trouvaient condamnées à subir ce processus de désintégration économique et monétaire qui, aujourd’hui, entre dans sa phase terminale.

LaRouche évoque Reagan

Ronald Reagan décéda le 6 juin 2004. LaRouche revint alors sur leur collaboration et résuma brièvement cette période d’une grande importance dans la crise mondiale actuelle :

« Ce matin, les médias m’ont apporté une nouvelle déconcertante : la mort du président Ronald Reagan. Bien que nous ne nous soyons rencontrés qu’une seule fois, à Concord dans le New Hampshire, lors d’un débat électoral en janvier 1980, cette rencontre a changé l’histoire d’une manière ironique qui se fait encore sentir aujourd’hui.

« Si cette rencontre est encore importante aujourd’hui, c’est qu’elle me permit après sa victoire électorale, de rencontrer les membres de son équipe à Washington, ce qui mena après son investiture et jusqu’en 1984, à de nombreuses discussions avec les représentants du nouveau Président. Le plus important fruit de ces rencontres fut le rôle que j’ai joué en 1982 et 1983 en menant des discussions officieuses avec le gouvernement soviétique, au nom de la présidence. Le principal sujet de ce dialogue, coordonné avec le Conseil de sécurité national, était ma proposition que Reagan appela Initiative de défense stratégique. Ce projet changea le monde.

« En réfléchissant à cette expérience durant les années qui suivirent, j’ai souvent été perplexe sur l’aspect paradoxal de cette relation avec le Président. D’un côté, notre relation était celle, malgré nos dix ans d’écart, de deux vétérans de l’époque Franklin Roosevelt où l’économie américaine avait été relevée et le fascisme vaincu. Dans toutes mes relations avec l’administration Reagan, cet aspect-là s’est toujours fait sentir. De l’autre côté, sur la politique économique en tant que telle – comme au sujet de Milton Friedman, par exemple – nous étions quasiment à l’opposé.

Une intervention frappante dans l’Histoire

« Sur tout cela, un point mérite d’être éclairci ; c’est pour moi une obligation personnelle. Il est vrai que c’est le rejet répété et hystérique de l’IDS par Andropov et Gorbatchev, et non pas les menaces militaires des Etats-Unis et de ses alliés, qui mena à la chute de l’URSS six ans après l’offre de Reagan. Le 23 mars 1983, le Président l’avait lancée publiquement et la renouvela plus tard, déterminé par l’idée de trouver une issue à ce système des « armes de vengeance ». C’est bien le rejet de Moscou qui mit par terre l’économie soviétique et amena au démantèlement de l’URSS. Si l’offre du Président avait été acceptée, l’histoire du monde aurait opéré un tournant bien plus salutaire dans les années qui suivirent, tant pour les Etats-Unis que pour la Russie. Ce tournant favorable aurait engendré un monde meilleur pour aujourd’hui.

« Si nous avions réagi à la fin du Comecon/Pacte de Varsovie comme je l’avais proposé publiquement en octobre 1988, la misère terrible que nous vivons dans le monde entier depuis 1989, aurait été évitée. Les échecs des politiques américaines et européennes en la matière depuis 1989, ne portent pas atteinte à l’oeuvre indélébile du président Reagan, son intervention la plus frappante dans l’histoire, ce 23 mars 1983. C’est cette marque personnelle, qui restera dans tous les récits clairvoyants de l’histoire des Etats-Unis et du monde.

« Ironiquement, la direction du Parti démocrate américain n’a jamais rien compris à cela jusqu’à aujourd’hui. Il est donc d’autant plus important que l’œuvre du président Reagan soit communément reconnue par ceux qui lui survivent aujourd’hui, républicains comme démocrates.

« Telle est la nature même de l’institution présidentielle américaine. Ce n’est pas du passé. C’est une leçon politique que les nouvelles générations de ce monde doivent continuer d’apprendre. »


Vidéo : Histoire de l’Initiative de défense stratégique de LaRouche