Brèves

Le monétarisme est à l’économie physique ce que les mathématiques sont à la physique

mercredi 31 mars 2010, par Lyndon LaRouche

31 mars 2010 (Nouvelle Solidarité)—Nous publions ci-dessous des extraits d’une question posée à LaRouche à la fin de sa conférence internet du 13 mars dernier, par un membre du groupe de Stanford, un cercle d’économistes et d’universitaires qui suivent de près certains éléments de la politique de Lyndon LaRouche. Créé au départ pour conseiller l’administration Obama, ce groupe de reflexion a été écarté entre-temps par des conseillers économiques de la Maison Blanche à la solde de Wall Street.

Question : Le monétarisme prétend que la réalité peut être représentée par des conceptions statistiques de la valeur, et par la valeur monétaire. Il me semble qu’au fond, cette question pose le problème de l’opposition entre les mathématiques et la physique. La plupart des économistes apprennent que tout principe économique doit être défini mathématiquement. Evidemment, le physicien utilise une approche très différente, et l’une des choses qui est devenue claire pour nous est qu’on n’aurait pas pu arriver à la fonction de votre « triple courbe » par les mathématiques.

Lyndon LaRouche : L’ensemble du système mathématique d’économie est une fraude. (…) La question que nous devrions nous poser est celle de la causalité. Il n’y a aucune notion de causalité dans l’économie mathématique. Nous choisissons une chose par rapport à une autre, mais quelle est la différence ? Quelqu’un dira : c’est l’équation mathématique. C’est une bêtise ! Ca n’a rien à voir avec la question, c’est la causalité qui est importante. Lorsque nous utilisons un système financier fondé sur la statistique, ça ne marche jamais. Pourquoi ? Il n’y a aucun cas, dans l’histoire connue de l’espèce humaine, où les mathématiques ou l’économie mathématique aient changé quoi que ce soit. (…)

Le fait est que nous vivons dans un univers en consonance avec la conception de Vernadski des trois espaces de phases successifs qui composent l’existence, ou du moins des zones expérimentales : le non-vivant, les processus vivants en tant que tels et la pensée humaine.
Quelle est la chimie physique de l’Univers ? Nous avons la chimie physique que nous identifions au non-vivant, qui n’a pas de précédent en tant que processus organisé. Puis nous avons des processus qui sont vivants de façon inhérente, ou des résidus de processus vivants. Enfin, nous avons l’humanité, qui est la même chose que toute autre forme de processus vivant.

Nous avons donc ces trois catégories. Elles sont dynamiques ; universelles et dynamiques. Elles interagissent. L’univers est un composé de l’interaction entre ces trois espaces de phase et tout ce qui en dérive.

Comment vivons-nous ? Prenons le cas typique du fer. Comment l’obtenons-nous ? Comment faisions-nous pour l’obtenir aux XVIIIe, XIXe et XXe siècles ? En allant dans les régions où sont morts beaucoup d’animaux et de plantes, et en volant le fer dans leurs tombeaux. On trouve pourtant du fer partout sur la planète ; c’est une chose universelle. Pourquoi donc piller les tombeaux des petites créatures qui y reposent ? Parce que ces petites créatures ayant utilisé ce métal dans le contexte de leur processus biologique, ont laissé une concentration de fer dans leur petit corps mort. Vous pouvez aussi prier pour elles si vous le souhaitez !

Nous concentrons nos efforts à voler les restes des processus vivants dans les tombeaux, recherchant les endroits où existe la plus grande concentration de fer, ce qui se traduit par une utilisation moindre de chaleur, de charbon, pour raffiner le métal, et nous délaissons les ressources dont l’extraction n’est plus aussi efficace, qui exigent une consommation trop importante d’énergie pour les réduire à une forme exploitable. Ce faisant, nous avons tendance à épuiser les ressources les plus riches laissées dans ces cimetières de différents types. Nous avons la lithosphère et, par-dessus, une biosphère qui se développe. La créature sélectionne dans son environnement certains matériaux, elle les attrape, les intègre à son corps – miam, miam, pour la petite créature ! Ces choses meurent ensuite, laissant des dépôts derrière elles. Et l’on parcourt la planète pour savoir quelle espèce a traîné dans quelle région, et où se trouve la meilleure concentration de ce type de dépôt du tableau périodique.

Sommes-nous en train de l’épuiser ? Non, nous n’avons pas réduit la quantité totale de fer présent dans l’univers ou dans la Terre. Il est encore là, abondant. Mais il est maintenant dispersé. Il n’est plus dans des cimetières où l’on peut le voler. Il faut sortir et voler d’autres cimetières, ou bien trouver d’autres ressources et des moyens beaucoup plus puissants pour les obtenir, afin qu’elles soient équivalentes à celles qui constituaient les sources les plus riches de ce fer.

Pour que l’humanité puisse exister, plusieurs choses sont nécessaires. Elle doit accroître sa puissance énergétique, mesurée sous forme de chaleur, ou de puissance de chaleur par km2, cm2 ou plus petit encore. En augmentant notre puissance énergétique, grâce à l’accroissement du flux énergétique de l’énergie appliquée, nous sommes capables de faire avec des ressources pauvres mieux que nous ne faisions auparavant avec des ressources considérées comme riches.

Pour y parvenir, nous devons développer une conception systémique totale de l’infrastructure, capable d’organiser différentes applications de l’énergie, de la puissance, et permettant d’extraire à bon marché une matière première du tableau périodique, en plusieurs endroits de la planète à la fois, et de la redistribuer. Car nous l’extrayons ici, mais c’est là-bas que nous en avons besoin, ce qui exige un système énergétique pouvant la livrer.
Regardons donc l’économie de ce point de vue ; c’est ce que nous appelons la science de l’économie physique. Dans sa forme moderne, elle s’appuie sur le travail de nombreux scientifiques, surtout les héritiers de Bernard Riemann tels que Max Planck, Albert Einstein et Vernadski. C’est cela la véritable science économique.

Mais ce n’est pas simplement de l’économie. C’est aussi de la politique ; en effet, de quel type de système politique avons-nous besoin pour pouvoir coordonner ces activités entre les peuples et faire toutes ces choses, y compris la distribution, pour que le système fonctionne ? Regardez tout cela du point de vue de Vernadski. C’est cela la chimie physique !

Utilisons donc ces critères et mesurons la performance d’une économie avec cette unité de mesure. Voilà la question. Nous avons besoin d‘une science de l’économie physique, c’est-à- dire que nous sommes obligés de considérer toutes ces questions psychologiques, car elles sont posées par la façon dont on organise les efforts d’une société pour résoudre un problème.
C’est ainsi que nous industrialiserons la Lune, l’une des tâches les plus faciles qui s’offre à nous, et que nous irons sur Mars en moins de trois cents jours pour ne pas finir comme un bol de gelée, ce qui rendrait difficile de piloter la machine pour revenir sur Terre.

L’économie telle qu’elle est enseignée, c’est du charabia. Et nous le savons bien parce qu’à chaque fois qu’on l’utilise, on finit avec des problèmes majeurs.
On doit donc tester les choses à travers leurs effets, mais on doit bien choisir l’effet. Vous devez trouver l’échelle du temps sur laquelle mesurer l’effet. Il n’y a rien de scientifique dans l’étude de l’économie aujourd’hui. C’est qui est enseigné, c’est comment se comporter pour mieux engraisser les sangsues.


Pour mieux connaître les idées de LaRouche :