Les éditoriaux de Jacques Cheminade

Fukuyama

samedi 4 septembre 1999

« Le caractère ouvert des sciences de la nature contemporaines nous permet de supputer que, d’ici les deux prochaines générations, la biotechnologie nous donnera les outils qui nous permettront d’accomplir ce que les spécialistes d’ingénierie sociale n’ont pas réussi à faire. A ce stade, nous en aurons définitivement terminé avec l’histoire humaine parce que nous aurons aboli les êtres humains en tant que tels. Alors commencera une nouvelle histoire, au-delà de l’humain . »

Ainsi parle, dans Le Monde du 17 juin, Francis Fukuyama. Il a le mérite de révéler crûment le projet de l’oligarchie anglo-américaine.

Celle-ci sait en effet que la crise dans laquelle nous sommes plongés est inéluctablement systémique, et elle se positionne pour après - après l’éclatement de la bulle financière. En vue de dominer le nouveau système qu’elle baptise « mondialisation », elle ne se borne pas à s’emparer d’actifs « lourds » et à cumuler les patrimoines sans tenir compte des frontières, mais elle reprend le vieux rêve d’un contrôle de l’homme par la « révolution des technologies de l’information » et les « sciences de la vie ». Folie ? Sans doute, mais dans la droite ligne de la cybernétique de Norbert Wiener, du 1984 d’Orwel et du Meilleur des mondes d’Aldous Huxley.

Ce qui accroît le danger est que la majorité des hommes ne parvient pas à voir le risque et, surtout, ne lui oppose aucun contre-projet viable.

Crise financière ? Jamais les Français n’ont autant consommé, nous dit L’Expansion. Krach boursier ? Les Etats-Unis représentent 27 % du Produit intérieur brut mondial et 48 % de la capitalisation boursière, contre 29 % et 22 % pour l’Europe. « Logiquement », un flot de dollars devrait donc se déverser chez nous ! Chômage ? Le plein emploi est possible en 2010, car « nous sommes entrés dans un nouveau cycle long de croissance économique » (Jean Boissonnat). Nous allons rattraper tout retard technologique vis-à-vis des Américains « qui nous servent de lièvre » et notre main-d’oeuvre se trouvant en décroissance démographique, il y en aura un peu plus pour chacun.

Tout cela pourrait être vrai en extrapolant les données. Mais c’est la méthode - extrapoler les données - qui est totalement fausse. Comment en convaincre les aveugles qui nous entourent ? En montrant comment nos prédécesseurs, dans les domaines de l’art, de la science et du politique, ont « découvert » en rompant avec les données établies, et ont offert un futur aux hommes en parvenant à formuler des hypothèses nouvelles, par delà la déduction et l’induction qui, elles, extrapolent toujours. L’école des cadres de notre mouvement, les 18 et 19 septembre, a précisément cette démonstration pour objet.