Les écrits de Lyndon LaRouche

LaRouche : reconstruisons une Haïti souveraine

mardi 23 février 2010, par Lyndon LaRouche

Lors de sa conférence internet du 30 janvier 2010, Lyndon LaRouche aborda le problème d’Haïti, en réponse à une question posée par un officier du Corps de génie militaire américain à la retraite. Recruté par l’ancien Président Bill Clinton pour l’effort de secours en Haïti, suite au terrible tremblement de terre qui aurait fait plus de 200 000 morts dans ce pays, cet ancien officier confia tout d’abord que, durant toutes ses années de service, jamais il n’avait vu de catastrophe humaine aussi grande qu’à Port-au-Prince, posant des défis logistiques sans précédent. Alors que tout est fait pour subvenir aux besoins immédiats de la population, poursuivit-il, « j’ai suggéré à mes supérieurs que la seule manière de traiter le cauchemar actuel serait de rebâtir Haïti à partir de zéro.


« A la différence de l’Afrique, nous avons ici une zone géographique relativement compacte, toute proche des Etats-Unis. Avec quelques collègues, nous avons repris votre proposition de programme pour former les jeunes à un emploi, calquée sur celle de Franklin Roosevelt, et l’avons adaptée à la reconstruction d’Haïti. Un tel effort présente d’immenses possibilités pour former et employer des centaines de milliers d’Américains, pour faire participer des entreprises de commerce et des industries américaines, tout en s’attaquant à une catastrophe humaine. Des membres du Groupe des élus nationaux afro-américains et d’autres, notamment au Sénat, ont déjà indiqué qu’ils soutiendraient ce type d’initiative.(…) Evidemment, ce n’est pas à l’échelle de l’Accord des Quatre puissances, mais c’est une approche qui pourrait, si je puis me permettre, transformer des citrons en citronnade. J’estime aussi que si cet effort nécessiterait sans aucun doute un partenariat public-privé, il devrait néanmoins dépendre d’une initiative gouvernementale pour réussir. (...) J’aimerais savoir si vous jugez utile de poursuivre cet effort ? »

LaRouche : « Voici ce qu’il faudrait faire. Tout d’abord, le gouvernement des Etats-Unis devrait conclure un accord avec le gouvernement d’Haïti, un contrat portant sur la reconstruction de l’économie et de la nation haïtiennes.

« J’ai une idée assez précise des difficultés extrêmes qui se sont accumulées en Haïti et de ce qu’il faut faire pour les surmonter. Il ne suffit pas d’appliquer un pansement. Et l’on ne peut pas non plus impliquer beaucoup d’autres pays, parce que l’objectif – pour que le pays soit viable au sortir de ce désastre – c’est qu’Haïti soit souveraine. Ce contrat doit prendre la forme d’un traité en vue de rétablir la souveraineté du pays. (...)

« Ce n’est pas une grosse affaire. C’est une petite nation, avec une population qui a dû subir des choses terribles, à qui on a promis toutes sortes de choses, pour la trahir ensuite. Les promesses n’ont jamais été tenues. Elle fait partie d’un ensemble de territoires nationaux qui ont connu également des situations quelque peu chaotiques. Cette approche peut donc servir de modèle. Il s’agit de passer un contrat, un traité, entre les Etats-Unis et Haïti, pour reconstruire le pays, de manière à ce qu’il puisse survivre et fonctionner.

« Il faudra un quart de siècle pour y parvenir. Il y a beaucoup de choses à changer, mais le plus important consiste à changer l’attitude qui domine actuellement dans le monde, face à ces crises. "Essayons de rafistoler tout cela, (...) mettons-y un sparadrap", se dit-on habituellement. Dans mon optique, il faut laisser derrière soi un système viable, pas simplement panser les plaies puis s’en aller.

« Ainsi, nous pourrions dire : "Vous êtes un petit pays, nous pouvons résorber ce fardeau. Nous allons travailler ensemble, sous la protection des Etats-Unis, pour assurer que vous vous en sortiez. (...) Pas comme cela s’est fait dans le passé, en résolvant tant bien que mal la crise immédiate. Nous devons préparer demain, en pensant à la capacité d’une nation à se maintenir, et non l’aider à survivre de temps en temps, en cas de crise interne ou de cataclysme naturel.

« Voilà le genre de relations que nous devrions entretenir avec les nations. Alors revenons-y ! Nous l’avons fait, rappelez-vous, aussitôt après la guerre de Sécession. D’anciens soldats et militaires, tant de l’Armée de la Confédération que de celle de l’Union, partaient à l’étranger, par exemple en Egypte, pour y bâtir la nation. Avant que la Grande-Bretagne ne nous en évince, nous avons fait du bon travail, mais les Britanniques l’ont saboté.

« C’est inscrit dans notre structure constitutionnelle et notre tradition : lorsqu’un pays tout proche du nôtre, Haïti – à deux pas de chez nous – se trouve dans une situation terrible, un pays faisant partie d’un territoire insulaire divisé, où les problèmes tendent à traverser les frontières, alors on lui vient en aide ! Pas seulement pour l’aider, mais pour réaffirmer un sens de moralité dans les affaires internationales. Nous ne devons pas nous contenter de simples promesses, mais nous engager à les faire aboutir. Et si nous y parvenons avec succès, ce sera une bonne chose pour tous. »


Lire aussi :