Brèves

Effondrement de la zone euro : monétarisme vs crédit public

lundi 8 février 2010

8 février 2010 (Nouvelle Solidarité) – Pensons stratégiquement. D’un côté, la Commission européenne et les gouvernements font tout pour rassurer sur la solidité et l’avenir de la zone euro, quitte à imposer à la population une violente cure d’austérité ; de l’autre, nombreuses banques et hedge funds poussent à l’explosion de la zone euro, en spéculant sur les obligations des Etats. Dans cette lutte à la vie à la mort, quel camp choisir ? Aucun. Un seul ennemi se trouve derrière ces deux scénarii : la City de Londres.

Dans son édition de samedi, le Daily Mail, tabloïd britannique de l’establishment conservateur tiré à plus de 2 millions d’exemplaires quotidiens, appelle la Grèce et l’Espagne à faire sécession, en expliquant que sortir de l’euro est la seule manière souveraine de résoudre la crise. Cela nous montre qu’il y a deux factions à la City : la première veut perpétuer coûte que coûte le tandem monétariste UE/BCE qui a détruit la souveraineté des Etats-membres pour garder le contrôle sur l’Europe continentale. La deuxième souhaite activement l’explosion de la zone euro, pour créer le chaos et voir la Grande Bretagne ressortir gagnante après 18 années où la France et l’Allemagne ont été soumises et détruites par le traité de Maastricht imposé par Margaret Thatcher, François Mitterrand et George Bush père.

Dans cette guerre ouverte entre financiers du monde transatlantique, aucune de ces deux factions ne pourra réussir dans la sauvegarde de ses intérêts, car le fait est que c’est l’ensemble de leur système monétariste mondial qui va s’effondrant, non pas simplement la Grèce ou même l’euro (si cette nouvelle phase de la crise débute cette fois-ci en Europe, c’est que le système euro est au cœur de ce système impérial).

Au delà des pays européens déjà au bord de la faillite (Grèce, Espagne, Portugal, Islande, Irlande, Italie, Lettonie et Lituanie), l’on peut aussi compter l’Ukraine, Dubaï, l’Irak, le Pakistan, l’Argentine, le Venezuela et même la Grande-Bretagne et les Etats-Unis ! La dette publique mondiale s’élève à plus de 32 000 milliards de dollars et les bulles financières qui restent à exploser se chiffrent au moins en centaines de milliards. Dans ce contexte, un pays seul ne peut rien faire, tout comme la Grèce ne serait pas forcément plus avancée si elle quittait l’euro pour retrouver une monnaie fortement dévaluée et sans aucune base économique et industrielle pour la soutenir.

La seule alternative à l’effondrement de l’Empire financier britannique est :

  • Mise en faillite de tous les établissements financiers et de leurs avoirs spéculatifs, sur la base des critères de la loi Glass Steagall de Franklin Roosevelt, pour n’en garder que l’activité de banque liée à l’économie réelle.
  • Intégrer ces banques à un système d’économie dirigée où l’émission de la monnaie relèvera d’une véritable banque nationale, sous contrôle citoyen via les représentants élus du peuple.
  • Rétablir une pensée économique de croissance physique et de progrès social qui s’établisse dans le long terme, afin d’orienter ce nouveau crédit public vers les investissements d’avenir dans les infrastructures humaines (santé, recherche, éducation) et économiques de base (énergie, transport, eau, etc.).

Comme le dit et le fait l’économiste américain Lyndon LaRouche avec sa politique d’Alliance des 4 puissances – Etats-Unis, Russie, Chine, Inde –, cette opération ne pourra se faire que si un bloc de puissances souveraines suffisamment fort se créé, sur la base de leurs intérêts communs, pour mettre en échec les intérêts britanniques. Chaque nation a le droit de recouvrer sa souveraineté, les pays d’Europe aussi. Ne nous plaçons pas dans le jeu britannique « pro » ou « anti » euro, mais sortons du bocal monétariste en imposant sur la scène politique la question du crédit productif public.