Déclaration de Jacques Cheminade

Pour Haïti

lundi 18 janvier 2010, par Jacques Cheminade


Déclaration de Jacques Cheminade, président de Solidarité et Progrès


Il faut qu’on y aille, encore et davantage. L’effort humanitaire français et américain en faveur des victimes du tremblement de terre en Haïti est non seulement un devoir mais un impératif catégorique. Nos deux pays, qui ont été occupants, n’ont pas aidé à assurer le développement économique et l’intégration sociale du pays et ils n’ont pas davantage accompagné la prise de responsabilité de ses dirigeants. Récemment, nous avons laissé se développer le trafic de drogue, Haïti servant de relais aux mafias d’Amérique latine.

Le résultat en a été l’abandon de l’Etat, qui s’est manifesté par l’absence de tout effort de construction aux normes antisismiques. Aussi, un tremblement de terre d’amplitude 7 à 7,1 sur l’échelle de Richter a fait plus de 100 000 morts et au moins 250 000 blessés, alors qu’un séisme d’amplitude 6,6 à 7 à Los Angeles n’avait fait que quelques morts.

Reste maintenant à éviter les épidémies et à permettre à Haïti de constituer le tissu humain et social d’un Etat réellement républicain. C’est en ce sens que l’aide ne doit pas se limiter à une intervention ponctuelle, mais à un effort continu sur la longue durée. Dans le respect, bien entendu, de la souveraineté nationale de Port-au-Prince et en engageant une réflexion sur les moyens d’urgence à mobiliser et à coordonner pour de telles catastrophes dans le cadre de l’ONU et en s’appuyant sur les efforts de tous.

Haïti devrait ainsi constituer un cas exemplaire et une étape vers l’adoption d’un nouvel ordre économique international, rompant avec un monétarisme destructeur dont la situation sur l’île n’est qu’un cas extrême, pour parvenir à un système de crédit productif public à taux de change fixes, qui définisse entre Etats les conditions d’un développement mutuel par l’équipement de l’homme et de la nature.

Cela implique de mettre fin à l’impérialisme financier et au pillage de la City et de Wall Street, c’est-à-dire de l’oligarchie britannique et anglo-américaine. C’est parfois par un exemple mobilisateur, catalysant des forces là où presque tout paraissait impossible, que l’on commence à changer les choses en grand.

Les Haïtiens vivent un enfer. Ils donnent une image de courage et de dignité. A nous de faire pour eux et pour tous les humiliés et offensés dans le monde ce qui permettra de ne pas désespérer des hommes. Français, dont notre gouvernement d’alors laissa mourir Toussaint Louverture au Fort de Joux, nous avons une dette particulière à rembourser. Remboursons-la en Haïti et par delà, en rétablissant la priorité de l’homme sur la monnaie pour que le monde cesse de se détruire lui-même.