Des nouvelles toulousaines de la mobilisation pour le million de tracts

samedi 31 octobre 2009

Par Vincent Crousier (Toulouse) [*]

La gare. Un voyageur prend le tract, s’arrête net et le rend de suite : « Je l’ai déjà eu, merci. Ce tract est grandiose. La rhétorique, surtout : je n’avais jamais lu un truc pareil. Je fais partie d’ATTAC. Ils ne vous arrivent pas à la cheville. On se reverra. » Et de repartir avec un paquet de tracts.

Dans la rue, un homme s’appuie sur le boîtier d’un transfo pour lire le tract collé dessus. Il est 21h30, il fait sombre, nous lui tendons un tract : « Tenez, ça sera plus agréable à lire à la maison... » Il repart, absorbé dans sa lecture.

Toulouse, Montauban, Grenade, CNRS, CNES, SupAéro, Conseil général, métro, usines, gare… « Tenez, c’est pour Ferdinand !Hein ? Ferdinand ?Ben… Ferdinand Pecora ! Oh ! Ne me dites pas que vous ne connaissez pas !!? » Le citoyen fait une découverte. Le contraste avec le vide politique actuel est saisissant. Exemple à la manif des agriculteurs : 3500 manifestants, aucun parti politique ni syndicat. Un comble. Ou plutôt un aveu. Bilan : 800 tracts en trois quarts d’heure. Cela nous inspire un des articles que nous publions depuis août dans Le Petit Journal, un hebdo diffusé à 47000 exemplaires sur 11 départements. Le titre : « Serions-nous les seuls à avoir des idées ? »

Centenaire de SupAéro. Le thème : « La conquête spatiale pour sauver la planète ». Un ponte n’en revient pas qu’on veuille aller sur Mars pour sortir de la crise. « Voilà du sérieux !Car si aujourd’hui nous décidions d’aller sur la Lune, nous en serions incapables : en 40 ans, nous avons perdu tout le savoir-faire d’ingénierie nécessaire. » Au même moment, un étudiant d’HEC Toulouse affirmait à un militant : « Roosevelt ou Keynes ? Mais c’est la même chose !Ah, et sur quoi vous basez-vous pour affirmer cela ?Bah, sur nos livres d’histoires !Mais dites-moi, en tant qu’étudiant en économie, n’avez-vous jamais pensé à lire les écrits originaux de Roosevelt et de Keynes, pour savoir ce qu’ils pensaient vraiment ? » Et l’étudiant d’emporter en lui une discontinuité.


Le tract : « A la colère qui vient »