Brèves

La capitale financière suisse débat de la mise en banqueroute organisée des banques ; LaRouche répond

dimanche 20 septembre 2009, par Lyndon LaRouche

20 septembre 2009 (Nouvelle Solidarité) – Le quotidien suisse Neue Zürcher Zeitung, porte-voix des milieux bancaires helvétiques, affichait samedi à sa Une, la proposition de mise en banqueroute organisée du système financier international. Lyndon LaRouche, qui a avancé cette politique en 1995 et plus particulièrement depuis l’été 2007, a toutefois qualifié d’« insuffisante » la proposition suisse.

Sous le titre « La régulation bancaire a ses pièges ; une procédure de banqueroute globale en débat », le NZZ relate les discussions qui ont eu lieu la veille, lors d’une conférence de haut niveau organisée dans la capitale financière suisse par l’Europa Institut de l’Université de Zürich. Il s’agit surtout des propos tenus par une membre de la Commission fédérale des banques, Eva Hüpkes, également membre du Conseil de stabilité financière (FSB), organisme multilatéral rattaché à la Banque des règlements internationaux et chargé de prévenir tous risques systémiques.

« Une procédure globale de faillite bancaire destinée aux grandes banques réduirait grandement les risques systémiques. Mais une telle procédure de faillite n’est pas réalisable dans le court terme. C’est ce qui a été dit clairement lors d’un séminaire à l’Université de Zurich », lit-on dans les colonnes du NZZ. Mais la procédure de mise en faillite n’est pas politiquement faisable, explique Mme Hüpkes, car les gouvernements y sont opposés. Sur son intervention, le NZZ écrit : « Commençons par le pire des problèmes : au niveau mondial, plusieurs banques sont considérées comme trop grande pour disparaître ; donc elles bénéficient de facto d’une garantie d’Etat. La « solution » de principe est à portée de main : un accord global pour la liquidation ordonnée des grandes banques internationales, afin d’éviter que chaque nouvelle faillite ne menace de déclencher une crise systémique. Cela rendrait superflues les garanties pour les grandes banques. Mais un tel accord global demeure irréaliste à court terme, à cause du manque de volonté des gouvernements nationaux. »

« D’après le dernier rapport du FSB, qu’on le veuille ou pas, les solutions nationales seront appliquées en cas de faillite. D’après Hüpkes, l’on devrait faciliter le démêlement des grandes banques par rapport à ce qui est le cas actuellement : d’un point de vue national, il devrait être possible, d’une manière ou d’une autre, de séparer les activités utiles au niveau systémique – c’est-à-dire le système de paiement ainsi que l’épargne et le crédit – du reste des institutions frappées par la crise. Les points de vues exprimés hier montrent néanmoins que la concrétisation de ce « d’une manière ou d’une autre » va se confronter à des obstacles légaux, politiques et économiques. Un des modèles proposés voudrait que les banques en difficulté commencent par vendre leurs activités utiles au niveau systémique, soit au privé soit aux Etats. »

« Toutefois, avant que de tels modèles ne deviennent réalité, le principal fardeau de la régulation bureaucratique des banques se situe sur les liquidités et les provisions de capitaux (…) Les représentants des banques et des secteurs de recherche ont cependant mis en garde contre des attentes excessives sur les provisions de capitaux ( si la crise est d’assez grande ampleur, même des provisions plus conséquentes n’y feront rien) et du danger de nouvelles incitations néfastes (si le quota de capitaux est trop élevé, les banques pourraient être amenées à prendre plus de risque). »

Notons que lors de cette conférence, se tenant une semaine avant le G20 de Pittsburgh, la question des bonus a été qualifiée de « secondaire ».

Si l’on peut s’étonner de l’émergence d’une telle proposition au cœur même de la finance suisse, Lyndon LaRouche y a répondu que la mise en banqueroute organisée ne pourra se faire que dans le cadre d’un changement de système : « Les politiques de renflouement mises en œuvre depuis septembre 2007, à hauteur de plusieurs dizaines de milliers de milliards de dollars rien qu’aux Etats-Unis, ont rendu impossible toute réforme du système international. Le seul remède efficace consiste à remplacer entièrement le système monétariste. En se basant sur les standards de la loi Glass-Steagall, [*] les gouvernements doivent placer les banques sous protection de la loi des faillites et alimenter l’économie en crédit garanti par l’Etat. C’est-à-dire que l’on remplace le système monétaire par un système de crédit. Les Etats devront ainsi détruire toute forme douteuse de spéculation monétariste. Cette conception inclue de faire marche arrière sur « l’avancée » de l’Euro. »

« Le but doit donc être d’établir un système international de taux de change fixes entre les différentes nations et leurs systèmes bancaires ainsi viabilisés. Tous les vestiges du système de taux de change flottants doivent être éradiqués, et les modèles keynésiens et monétaristes rejetés. Si elle est soutenue par un consortium de grandes puissances, cette politique permettra un redéveloppement de l’économie mondiale et devra ensuite être étendue aux autres nations. »


[*Votée le 16 juin 1933 sous l’impulsion du Président Franklin Roosevelt pour assainir et affaiblir, la loi Glass-Steagall établit une incompatibilité rigoureuse entre les métiers de banque de dépôts et de banque d’affaires. Elle interdit à toute banque de dépôts de posséder une banque d’affaires ou d’acheter, de vendre ou de souscrire à des titres financiers, domaine réservé aux banques d’affaires. Elle a été définitivement abandonnée en 1999, sous l’impulsion du secrétaire au Trésor de l’époque, Larry Summers, aujourd’hui conseiller économique en chef de Barack Obama.