Editoriaux de Jacques Cheminade

Bunker

lundi 7 septembre 2009, par Jacques Cheminade


Les éditoriaux de Jacques Cheminade sont publiés tous les quinze jours dans le journal Nouvelle Solidarité, sur www.solidariteetprogres.org ainsi que www.cheminade-le-sursaut.org.


Barack Obama se retranche dans son bunker avant son discours sur la santé publique du 9 septembre. Chez nous, le Medef se regroupe autour d’une garde rapprochée vite surnommée le « bunker ». Tous seront cependant frappés de plein fouet par le choc de la réalité.

Ceux qui n’ont pas vu venir la crise et en annoncent déjà la fin vont se trouver au premier rang. Ils parlent d’une « sortie » en U, V, W, mais leurs pirouettes alphabétiques ne tiennent pas compte du dilemme. La consommation, avec le chômage toujours croissant et la propension à épargner de ceux qui ont peur, ne pourra pas être un levier. Les investissements des entreprises non plus : leurs résultats relativement bons financièrement sont dus aux licenciements et au déstockage. Quant aux Etats, ils ne pourront émettre indéfiniment de la monnaie de singe. La vérité est que l’univers financier est devenu un lieu de piraterie. De paradis fiscaux en bourses alternatives qui prolifèrent (les dark pools ne laissent plus au New York Stock Exchange que 28 % des transactions boursières), l’argent que fournit l’Etat va à l’argent sans jamais passer par l’économie réelle.

Harry Markopolos, qui avait dénoncé les agissements de Madoff depuis plus de dix ans, a déclaré le 12 août que les marchés des dérivés sur risque de crédit (les fameux CDS, qui pèsent 60 000 milliards de dollars) seront source de scandales qui relègueront les agissements de Bernie à une aimable partie de campagne. Francis Fukuyama, de l’intérieur du système lui aussi, accuse : « De nombreux économistes et professeurs de finances de business schools travaillent pour les banques d’investissement et les hedge funds (...) Par là même, ils ont un intérêt dans le succès du secteur financier qui n’est compensé par aucune incitation à penser que le secteur, dans son ensemble, détruisait davantage de valeur qu’il n’en créait. »

Quant au G20, la réunion des ministres des Finances qui s’est tenue à Londres n’a abouti à rien : l’on cherche à ranimer un cadavre et à réguler ce qui ne peut l’être, car la dérégulation est inhérente au système et à l’interconnexion générale des marchés financiers.

C’est dans ce contexte que, sorti de son bunker, Obama se trouve à la croisée des chemins. Soit il continue comme Cheney et Bush, exécutant au service de Wall Street et de la City, soit il devient un président des Etats-Unis dans un système de poids et de contrepoids.

Lyndon LaRouche, sans illusion sur le personnage, définit la voie à suivre pour la présidence. Sur la Radio nationale publique américaine (NPR), Jonathan Weisman, reporter du Wall Street Journal auprès de la Maison Blanche, reconnaît avec dépit que « le plus grand vainqueur, en août, aura été Lyndon LaRouche ». Il s’est en effet, avec ses partisans, imposé au cœur du débat, animant le ferment légitime de révolte.

Les Européens, largués parce qu’ils acceptent la version officielle des choses, ne mesurent pas le changement outre-Atlantique. Ainsi, le Parti socialiste européen en reste à un contact avec Barney Franck, l’un des pires partisans de la politique américaine d’austérité sociale.

Nous sommes intervenus dans toutes les universités d’été des partis de progrès pour remettre les choses en place. S’ils ne considèrent pas nos pistes, la France ne sera même plus la Suède, mais quelque chose comme la Lituanie ou les îles Feroé, semblable en politique à ce qu’elle est devenue sur les terrains de football.