Les interventions de Lyndon LaRouche

LaRouche : « Nous mettrons les restes de la Fed dans la cave de la Banque nationale »

mercredi 5 août 2009, par Lyndon LaRouche

5 août 2009 (Nouvelle Solidarité) – Le contraste entre la crise économique et sociale que vivent les Américains et le dispendieux renflouement de Wall Street, révèle au grand jour les pratiques d’affranchis de la Réserve fédérale, à tel point que le pouvoir monétariste de la Fed commence à être ouvertement remis en question. Après avoir lancé il y a deux mois la campagne pour stopper la réforme meurtrière de la Santé intentée par Obama et son équipe comportementaliste, Lyndon LaRouche a lancé, lors de sa conférence internet du 1er août, la grande offensive pour liquider la Réserve fédérale et établir une Banque nationale.

Voici une question posée par plusieurs membres du « groupe de Stanford », un groupe d’économistes chargé d’établir une politique économique alternative pour l’administration Obama, et travaillant sur les concepts et les propositions mises en avant par LaRouche (cf. leurs questions et interventions dans les précédents webcasts).

Question : M. LaRouche, comme vous le savez, le 9 juillet dernier, le professeur James Galbraith a témoigné au Congrès dans le cadre du projet de loi sur l’audit de la Fed. Il y a notamment parlé du recours lancé dans les années 1970 par le député Henry Reuss, remettant en cause la constitutionnalité de la Réserve fédérale. Cette plainte mettait en cause le droit de vote des présidents de la Fed au Comité de la politique monétaire, pour non-conformité à la clause de nomination de la Constitution. Hélas, ils n’ont jamais pu établir le cas. Plus tard, le sénateur Baucus l’a fait, mais la Cour Suprême a rejeté son recours. La question n’a donc jamais été examinée par un tribunal. Toutefois, le professeur Galbraith a affirmé que Reuss avait raison et qu’il y a bien une anomalie constitutionnelle.

Pendant ce temps, la Fed a émis de l’argent à tout va, accordant des milliers de milliards aux banques et aux marchés financiers, soi-disant pour débloquer le crédit et relancer l’économie. Mais son véritable rôle se retrouve ainsi, pour la première fois, exposé aux yeux des citoyens américains. A tel point que mêmes les responsables politiques sont choqués et commencent à poser des questions dont les réponses laissent rêveurs : « D’où est-ce que la Fed sort tout cet argent ? - Ils l’impriment à partir de rien », ou encore « Qui les a autorisés à le faire ? – Personne ». La Fed est la seule agence gouvernementale dont le budget ne soit pas présenté au Congrès pour approbation.
En examinant tout cela, nous en avons conclu qu’il était temps de démanteler la Fed ! Quelle qu’en soit la manière, une Banque nationale doit lui succéder ; une banque qui doive rendre des comptes aux autorités élues et qui soit subordonnée à l’intérêt général. Certes, les obstacles à cette remise en question sont innombrables, mais avec la crise, on voit clairement que les arrangements de la Fed n’ont jamais servit l’intérêt public.

Nous voulons remettre l’autorité monétaire entre les mains du Congrès. Si beaucoup s’opposent à cela et crient à l’inflation, c’est pourtant ce que prescrit notre Constitution : « Le Congrès doit pouvoir battre monnaie et ainsi réguler sa valeur. » Clairement, elle ne donne pas ce pouvoir au Président ou au secrétaire au Trésor, et encore moins à une banque centrale.

Si le Congrès décide d’assumer son devoir constitutionnel, il pourra, comme Lincoln l’a fait avec les Greenbacks, financer de grands projets nationaux d’infrastructures bénéficiant à tous.
Pouvez vous nous apporter votre avis et vos éventuelles contributions sur cette proposition ?

LaRouche : Nous devons tout d’abord reconnaître que la Réserve fédérale est irrémédiablement en banqueroute. La Fed est une société privée créée sous la Présidence Wilson et il faut bien voir que la monnaie qu’elle émet est une dette. Qui va payer cette dette ? Comme l’Allemagne de 1923, la Fed masque sa faillite en émettant de la monnaie. Les Etats-Unis doivent avoir le courage de déclarer la Fed en faillite. Pourrait-elle prouver qu’elle a les actifs nécessaires pour couvrir cette dette ? Si elle ne le peut pas, débarrassons-nous d’elle par une simple procédure de mise en faillite.

Ensuite, nous devons créer ce qui sera la troisième Banque nationale de l’histoire des Etats-Unis, conformément à la première Banque nationale d’Alexander Hamilton. Dans la cave de cette nouvelle banque, nous confinerons un espace réservé aux restes de la Fed, mais seulement à des fins d’audit.

Cette Banque nationale devra gérer les dégâts issus des relations entre la Fed, les banques agréées et les banques du pays. Nous ferons donc le nettoyage à l’aide d’une nouvelle loi Glass-Steagall et nous émettrons le crédit nécessaire au sauvetage de ces nombreuses banques utiles à l’économie, mais actuellement en situation de faillite. Ces banques serviront ensuite à organiser la distribution du crédit nécessaire à une reprise économique.

Nous devrons alors lancer de grands projets d’infrastructures à l’image de la Tennesse Valley Authority, qui était plus qu’une simple série de barrages [routes, production agricole, agro-industrie, urbanisation - ndlr]. Il nous faut construire un système national de transport ferroviaire incluant tout un développement attenant, car un tel système joue un rôle clé dans le développement agricole et industriel du pays. Nous devons distribuer le développement sur tout le territoire et arrêter d’engendrer des géants industriels. L’emploi ne doit pas être concentré sur quelques zones, comme aujourd’hui, d’autant plus que cela accroît lourdement le temps de trajet des travailleurs. Lorsque l’économie américaine se développait, le temps de trajet domicile-travail était de 15 à 30 minutes maximum. Aujourd’hui il peut atteindre 4 à 5 heures par jour, avec un effet destructeur sur la vie de famille. Dans ces conditions, il est extrêmement difficile d’avoir une vie humaine lorsque vous avez des enfants et que les deux parents travaillent. L’erreur a été d’abandonner le développement de l’ouest américain et de concentrer l’emploi dans quelques zones, tout en promouvant la voiture plutôt qu’un système de transports collectifs. Il fallait décentraliser le développement et ne pas laisser se développer des entreprises géantes. Mieux vaut une multitude d’entreprises de taille plus réduites et distribuées sur tout le territoire.

L’autre priorité sera l’infrastructure de gestion de l’eau, comme le projet NAWAPA par exemple [ensemble de barrages, canaux, tunnels et pompes, permettant d’acheminer les gigantesques ressources en eau douce d’Alaska et du grand nord canadien vers les Etats arides de l’ouest américain et jusqu’au nord du Mexique - ndlr], car nous avons un réel problème avec l’alimentation en eau des Etats de l’ouest, qui provoque déjà la destruction des capacités agricoles.

Nous entrons dans une période où seule une mobilisation à la Roosevelt peut fonctionner. Ce type d’approche conçoit la nation comme une économie vivante où les gens vivent, travaillent, se logent, vont à l’école, ont besoin de se soigner, etc.

Notre territoire est vaste et nous devrions à nouveau penser à son développement : un réseau de transports couplé à un programme de gestion de l’eau afin de reconstituer les aquifères. Nous devons aussi procéder à une afforestation : un arbre est bien plus efficient que de l’herbe ; il intègre jusqu’à 10% des radiations solaires captées, alors que l’herbe ne le fait qu’à hauteur de 1 ou 2%.

Le développement du territoire, y compris la reforestation de certaines zones, se fera dans l’élan d’un programme national de transport et même d’un programme spatial international, car ces projets, intrinsèquement tournés vers l’avenir, nous tirerons de l’avant. Nous devons penser deux générations à l’avance.