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S&P à la rencontre des producteurs de laits à Strasbourg et Libramont

lundi 27 juillet 2009

Lait : déterrons la vache de guerre !

Par Simon Pouvreau, LYM Paris

Alors que la crise économique pose déjà en elle-même de graves problèmes aux producteurs de lait, notamment avec la hausse du prix du fourrage, la Commission européenne prévoit la suppression des quotas laitiers d’ici à 2015, lesquels sont pourtant un bon instrument de régulation. C’est la phase ultime du démantèlement progressif de la Politique agricole commune (PAC), établie à l’origine pour garantir la sécurité alimentaire, dans la logique actuelle d’élimination des producteurs « les moins compétitifs ». En France, les négociations ont abouti à l’accord du 4 juin 2009 entre industriels et producteurs, définissant un prix moyen annuel du lait compris entre 26 et 28 centimes le litre, alors que les producteurs en demandent au moins 35 pour couvrir leurs coûts de production.

Dans ce contexte, l’European Milk Board (EMB) et Via Campesina avaient organisé le 14 juillet une manifestation à Strasbourg, où environ 2000 producteurs laitiers venus d’Allemagne, du Benelux, de France, d’Italie, d’Espagne et d’Autriche ont défilé avec vaches et tracteurs devant le Parlement européen, pour exiger une juste rémunération et le maintien des quotas. Des militants larouchistes étaient venus des deux côtés du Rhin pour y distribuer notamment la déclaration de Jacques Cheminade du 25 février 2008, « Vivre au pays avec une PAC pour alimenter le monde ».

Par ailleurs, les 24 et 25 juillet, une brigade franco-belge de Solidarité & Progrès a distribué 3500 de ces tracts à la foire agricole annuelle de Libramont, en Belgique, où les producteurs laitiers ont manifesté leur colère en brûlant notamment une effigie géante de la commissaire européenne à l’Agriculture, Mariann Fischer Boel, ainsi que le drapeau européen à douze étoiles.

Malheureusement, derrière cette colère se cache une certaine résignation, du genre « les petits seront toujours petits ». Pour vaincre ce fatalisme, il faut étendre le combat à l’ensemble de l’économie, au-delà du lait ou de l’agriculture en tant que tels, et substituer à l’approche défensive habituelle – négocier un bout de la peau de chagrin – une approche offensive. Ainsi, un de nos militants interloqua plus d’un agriculteur belge en lui disant que nous assistons à une campagne politique visant à détruire son métier, comme il en existe une pour faire éclater la Belgique. Nous devons au contraire montrer que l’agriculture est un métier d’avenir, car nous devons doubler la production alimentaire mondiale si nous voulons nourrir 9 milliards d’individus d’ici à 2050. C’est le sens de notre Nouveau Bretton Woods. Les discussions que nous avons eues montrent que le monde agricole en saisit l’importance. Reste à voir s’il se battra pour ce projet.