Editoriaux de Jacques Cheminade

Europe et insécurité

lundi 25 mai 2009, par Jacques Cheminade

Les éditoriaux de Jacques Cheminade sont publiés tous les quinze jours dans le journal Nouvelle Solidarité, sur www.solidariteetprogres.org ainsi que www.cheminade-le-sursaut.org.



La campagne des élections européennes est étouffée par les principaux partis. Jamais les questions fondamentales de l’époque n’auront été si peu abordées. Les électeurs voteront donc avec leurs pieds.

Alors que la désintégration financière, économique, sociale et culturelle s’étend, les gouvernements en place administrent aux malades les mêmes poisons qui les ont envoyés à l’hôpital. Trop de dettes et des taux d’intérêt trop bas ont permis des spéculations effrénées au profit d’une oligarchie financière prédatrice. Et maintenant la réponse est : encore plus de dettes et des taux d’intérêt encore plus bas, en détruisant les conditions sociales d’existence du plus grand nombre et en sacrifiant les générations à naître. Le Journal du Dimanche du 17 mai titre sans pudeur que « le tabou des baisses de salaires tombe », on laisse entendre que le versement des retraites ne pourra plus être assuré à l’avenir, mises en chômage technique et licenciements se multiplient partout, alors que la vie humaine devient assimilée à un coût qu’il faut réduire. La débâcle devant nous est pire que celle des années trente, si l’on ne change pas de système.

Comme le dit un lecteur de Marianne, « le noyau actif de la société est en train de couler et le chef de l’Etat ne le voit même pas ». Au contraire, lui et son parti jouent la vieille carte de l’insécurité, agitant le délit de « participation à une bande violente » ou la fouille des cartables à l’école par des « agents assermentés ». Ce n’est que la vieille méthode de la droite, faire semblant de combattre une insécurité qu’elle-même a créée, au risque de provoquer de pires violences. François Bayrou, qui se pose en ennemi absolu de Nicolas Sarkozy, a signé le « manifeste de Stockholm », un manifeste libéral de casse sociale. Le PS ne propose qu’un plan de relance bis, plus social que celui du gouvernement mais prisonnier des mêmes paramètres financiers. Les écologistes se gargarisent de justice sans se donner les moyens technologiques et humains de l’assurer. Le Pen et de Villiers remâchent leur chauvinisme sectaire.

Restent le Front de Gauche et Debout la République. Les dirigeants de tous deux ont participé à l’ordre social-libéral ou libéral-conservateur qui nous a conduits où nous en sommes. On doit cependant saluer leur nouvelle dissidence. Le Front de Gauche, dont l’ambition nous paraissait a priori juste, a cependant refusé, dans ses négociations avec le MRC de Jean-Pierre Chevènement, d’inclure dans son programme la « souveraineté nationale » et l’idée même de « croissance ». Il défend une monnaie mondiale et une « sortie progressive du nucléaire », sacrifiant à une mode anti-technologique et mondialiste qui sape ses propres fondements. Nicolas Dupont-Aignan a fait preuve de beaucoup de courage en rompant avec ceux qui ont fait sa carrière. Son Petit Livre mauve révèle de nombreuses correspondances avec ce que nous défendons ici. Cependant, nous ne donnerons aucune consigne. Des évènements décisifs sont devant nous. Ils dépassent de loin les enjeux avancés pour ces élections. C’est à ces évènements que nous nous préparons. Les militants et la base des électeurs de DLR, du Front de Gauche, du PS, du Modem et même ceux qui se sont égarés ailleurs ou dans l’abstentionnisme représentent un ferment de justice et donc les consciences à éveiller.