Une semaine dans le Sud-Ouest : promesses d’un nouveau front

samedi 11 avril 2009

Par Jacques Cheminade

Répondant à l’invitation du Club des managers de Bayonne, dont certains membres nous connaissent depuis longtemps, et désireux de rencontrer notre noyau de militants toulousains, nous avons passé une semaine dans le Sud-Ouest, région où notre présence n’avait jamais pu être à la hauteur de nos ambitions. Cette fois, c’est avec un grand bonheur que nous avons participé aux différentes réunions auxquelles nous étions invités, et que deux de nos jeunes, Christophe et Cyprien, ont agité les rues de la ville des capitouls. En chemin, nous avons rencontré, Odile et moi, de nombreux signataires de notre appel pour une commission Pecora d’enquête parlementaire.

Notre impression d’ensemble ? Partout se manifeste une volonté non seulement de mieux comprendre ce qui arrive, mais aussi et surtout d’agir. Ainsi, un professeur de guitare rencontré dans les environs de Tours, à l’aller, suit de près notre site. Au-delà de son intuition politique, il s’efforce de mieux comprendre les enjeux et de s’équiper pour intervenir dans le monde. Il avait auparavant entamé cette démarche par lui-même, en étudiant un rapport de la Banque de France où il est reconnu que les banques et les sociétés d’assurance sont émettrices de monnaie, ce que son entourage ne parvenait pas à comprendre. Au sud de Mont-de-Marsan, une institutrice en retraite, vieille militante communiste s’intéressant profondément à nos idées, prolongea une discussion accompagnée d’un floc de Gascogne en nous invitant tous les quatre à un déjeuner improvisé autour d’un cassoulet. Elle reconnaît dans nos publications une analyse économique qui correspond à ses convictions, fondée sur la création humaine et ses applications technologiques, et non sur la rentabilité financière à court terme. Institutrice, son mari était professeur de mathématiques et préhistorien amateur. C’est ainsi une curiosité d’esprit engagée que nous avons partagée durant quelques heures, conscients de la nécessité de prendre parti dans un univers qui se disloque. Nos deux nouveaux amis ont prévu de nous inviter bientôt pour nous présenter les leurs, et étendre ainsi le cercle. Un habitant de Pau, activiste d’Attac, et un entrepreneur indépendant de Montauban ayant l’expérience du tiers monde, vont également prendre le taureau de l’engagement par les cornes.

A Toulouse, Christophe et Cyprien furent frappés par le degré de reconnaissance qui se manifestait autour de leur table de militants, à travers notre site internet. C’était l’occasion rêvée d’aller plus loin dans les idées et les engagements, ce qui se réalisa précisément au cours de notre réunion, le 3 avril au soir, en présence de sympathisants et de militants, certains venant juste de nous rencontrer dans la rue. La discussion, très animée, dura plus de deux heures, sur tous les sujets, depuis la crise de l’industrie aéronautique jusqu’à l’analyse du bourrage de crâne par la société des écrans, en particulier par les jeux vidéo violents. Là aussi, on assiste à une prise de conscience que l’activité destructrice dans l’économie s’accompagne d’une attaque culturelle contre les capacités créatrices de l’homme.

Un sympathisant était même venu de Bordeaux avec un ami, et se prépare à organiser quelque chose là-bas. Le dimanche matin, à Toulouse, après notre départ, cinq de nos militants et sympathisants ont organisé d’eux-mêmes une intervention devant un marché, avec vente de documents et distribution de tracts « Pecora ». Leur courage, face aux développements de la crise, rend optimiste : un grand mal suscite toujours le meilleur chez ceux qui relèvent le défi politique.

Le jeudi 2 avril au soir nous étions à Bayonne, invités par le Club des managers, également entourés de nombreux sympathisants qui nous connaissaient par internet. Après un exposé d’une heure et demie sur les causes de la crise et les pistes pour en sortir, plus de deux heures de discussions, là aussi, s’ensuivirent. Les quelque 90 personnes présentes posèrent toutes sortes de questions. Le moment le plus remarquable fut lorsque l’un des participants demanda : « Quels sont, selon vous, les hommes politiques de caractère qui, en France, pourraient appliquer vos idées ? » Lorsque je répondis : « Je vais vous dire un secret. C’est vous, chacun d’entre vous », la glace se rompit et beaucoup se mirent à réfléchir davantage sur leurs propres responsabilités.

Des entretiens avec des journalistes de Sud-Ouest et du Populaire, à Limoges, ainsi que la rencontre de deux maires, vinrent enrichir ce voyage déjà très fructueux.

Notre conception d’un « front » de résistance au mondialisme financier, rassemblant communistes patriotes, socialistes jaurèsiens, chrétiens de la tradition des abbés démocrates bretons et du Sillon, radicaux de gauche inspirés par Jean Zay et Mendès-France et gaullistes de vraie conviction, suscita beaucoup d’intérêt face à une situation qui, en s’aggravant, verra apparaître des provocateurs visant à créer le chaos et la confusion.

Un beau voyage donc, beau et prometteur, où nous avons pu voir au passage la cathédrale de Bayonne, le village fortifié de Larressingle et la bastide de Fourcès, ces lieux dont l’histoire nous encourage à l’engagement, car ceux qui les bâtirent n’étaient pas des contemplateurs. A Toulouse, nous regrettons d’avoir été trop pris dans l’action pour y revoir Saint-Sernin et la place du Capitole. Mais ce sera pour une prochaine fois !

Je garderai surtout au cœur l’image des 120 ouvriers d’Arudy, dans le Bas-Ossau, menacés de perdre leur emploi, du maire et de leur député, luttant pour conserver une vie et un acquis technologique que la crise menace de dévaster. Ils nous rappellent notre devoir d’être là, auprès de leur lutte et de leurs beaux chants.